Les Petits mouchoirs

par: Sebastien Keromen

Guillaume Canet est un golden boy du XXIe siècle : il sort avec Marion Cotillard, fait tourner certains des meilleurs acteurs français, qui d’ailleurs sont ses potes, récolte des bonnes critiques de la presse, et aussi du public. Et si moi j’ai pas aimé son film ? J’ai le droit ?

Les Petits mouchoirs
France, 2010
Réalisateur
 : Guillaume Canet
Acteurs : Benoît Magimel, François Cluzet, Marion Cotillard, Gilles Lellouche, Jean Dujardin, Laurent Lafitte, Valérie Bonneton, Pascale Arbillot, Anne Marivin
Durée : 2h35

L’histoire
Une bande de copains en vacances, comme les années passées (mais avec un absent). L’amour, l’amitié, la rigolade, les engueulades, les secrets, les mensonges, tout ce que vous avez toujours rêvé de savoir sur ces gens qui n’existent pas en vrai.




La critique

Le film de copains est un genre à lui tout seul. Avec ses deux déclinaisons : film de copains délire ou film de copains prise de tête. Ici c’est un mixte des deux, un quart délire et trois quarts prises de tête et de bec. Dans ces cas-là, il faut que la bande de copains soit attachante, qu’on se sente émotionnellement lié à eux pour suivre leurs aventures et se passionner pour ce qui leur arrive. Et qu’il leur arrive des trucs. Mais là non. Pas la faute des comédiens, qui font ce qu’ils peuvent, mais plutôt à des personnages survolés dont on ne connaîtra que quelques traits un peu exagérés, mais sans leur donner d’épaisseur et d’existence. Du coup, difficile de s’intéresser à des gens qui semble tellement gavants qu’ils nous donneraient envie de changer de trottoir si on les croisait en vrai. Difficile de prendre fait et cause pour des personnages qui semblent au mieux plats et au pire casse-couilles, on a surtout envie que tout ça se termine vite. Et là, c’est pas le bon film. Car dans les Petits mouchoirs, il n’y a pas grand-chose qui arrive à des gens pas très intéressants, mais pendant longtemps. Déjà 1h30 ça aurait été long, mais là on nous en remet pour 1h de plus, et vraiment on cherche le sommeil ou la sortie avant la fin du film.




Côté réalisation, c’est assez punchy, parfois un peu trop alors qu’il ne se passe rien. La musique est bien choisie et variée, mais un peu envahissante, et souvent plus active que l’histoire. On peut apprécier la présence de tous ces beaux comédiens, mais leurs performances réussies permettent juste qu’on leur pardonne leur participation à cette interminable néant. L’histoire se traîne et on a toujours un coup d’avance sur ce qui va se passer, à tel point que parfois on s’impatiente que ce qu’on a prévu arrive (comme pendant la première séquence, même si dans la salle certains ont réussi à être surpris, faut être un peu plus perspicace, les gars). Certaines répliques ou situations sont plutôt drôles, et d’ailleurs on rit, mais c’est loin d’occuper tout le film. Malgré du tire-larmes de gros calibre (surtout à la fin), l’émotion ne point pas, tant on s’est enfoncé dans un ennui profond duquel seul le générique de fin pourra nous sortir. Bon, bien sûr, c’est la façon dont moi j’ai ressenti le film. Et comme dans la salle on pouvait entendre, à la fin, des mouchages de nez, et des applaudissements, certains ont bien dû apprécier. Alors peut-être suis-je trop insensible. Ou peut-être tous ces gens devraient sortir plus et voir d’autres films et d’autres personnes. Allez savoir.




En tout cas, je sais toujours pas à quoi correspondent ces « petits mouchoirs ». Pour ma part, j’inclinerais à penser que le scénario était écrit sur des petits mouchoirs, et qu’il y a eu un grand coup de vent juste avant de tourner. Mais c’est juste moi. C’est peut-être ma mauvaise foi. Qui n’atteindra jamais mon ennui pendant la vision de ce film.

A voir : pour s’apercevoir que ses amis sont plus inventifs et drôles que ceux du film ?
Le score presque objectif : 5,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -1, si d’autres vous le conseillent, faites comme vous voulez, mais venez pas vous plaindre à moi si vous vous êtes ennuyé

Sébastien Keromen