Le Nom des gens
Sortie:
24/11/2010
Pays:
France
Genre:
Durée:
1h45 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Le Nom des gens

par: Sebastien Keromen

Des films français, on n’en a en-veux-tu-en-voilà, et même plus. Alors pour sortir du lot, il faut toute l’intelligence d’un scénario politisé, tout le charme de deux acteurs qu’on n’attendait pas obligatoirement là, et tout l’humour contemporain qui nous touche. Et ça marche !

Le Nom des gens
France, 2010
Réalisateur
 : Michel Leclerc
Acteurs : Jacques Gamblin, Sara Forestier, Zinedine Soualem, Jacques Boudet, Lionel Jospin
Durée : 1h45

L’histoire
Arthur Martin travaille au service de prévention d’épizootie. Il a la quarantaine. Il est jospiniste. Bahia Benmahmoud couche avec les hommes de droite pour les convertir à des idées plus de gauche. Elle a la vingtaine. Qu’est-ce que ces deux-là peuvent se trouver ?




La critique

C’est pas souvent qu’on a un film français qui ne ressemble pas à un film français. Pour commencer, le film est très politisé, à défaut d’être vraiment politique. Et des films français qui parlent de politique, s’il en sort deux la même année, on sort le Champomy pour fêter l’événement. Et quand en plus le film raconte une histoire plutôt originale, d’une façon originale, on ne peut qu’être intéressé. Car Le Nom des gens véhicule l’énergie et les idées un peu tordues d’un premier film, et d’ailleurs c’est un deuxième film, j’étais pas loin. Le film commence sur une très longue narration en voix off (alternée entre lui et elle) sur les origines de chaque personnage. C’est bien sympathique, ça permet les habituels écarts entre ce que raconte la voix off (version officielle) et ce qu’on voit à l’écran (version officieuse), mais sans en abuser. Ça dure tout de même juste un peu longtemps, surtout que le procédé sera repris à plusieurs reprises dans le film. À bon escient, mais trop de voix off c’est toujours un peu gavant. Mais c’est presque le seul reproche à faire au film. Car ce passé a beaucoup d’importance, à tel point que le personnage de Gamblin va souvent discuter, dans le film, avec… lui-même jeune, une idée aussi originale que bien vue.




Le Nom des gens réserve bien des surprises, des scènes assez surréalistes, de l’actualité dont on se souviens encore, et un couple aussi improbable qu’attachant. On retrouve avec plaisir Jacques Gamblin qu’on ne voit pas si souvent sur nos écrans, toujours aussi charismatique, hésitant et charmeur. De l’autre côté, Sara Forestier emporte tout par son enthousiasme impudique et sans trêve, et ne fait qu’un avec son personnage qui va toujours jusqu’au bout. Contre tout attente, leur couple semble naturel, et même la traditionnelle rencontre des parents (les uns conservateurs travaillant dans le nucléaire, les autres mi-immigré mi-hippie) ne dépareillera pas dans leur histoire. Car l’histoire du film, c’est aussi celle de petites histoires, de petits détails, sans importance ou au contraire vitaux, qui vont toucher autant les personnages que le spectateur. C’est aussi des personnages secondaires, la famille des deux héros, plus tristes et tragiques mais tout aussi réussis et incarnés. On peut regretter par moments un léger manque de spontanéité, en sentant que le réalisateur se force un peu trop sur certains points d’histoire ou de mise en scène (trop d’utilisation de grains de pellicules différentes pour donner un aspect différent). Mais l’ensemble est charmant et pertinent, à défaut d’ouvrir un vrai débat politique, mais sans oublier d’être intelligent et enlevé, et on passe un très bon moment. Et vous saviez que Jospin avait le sens de l’humour ?

A voir : pour un film français frais, différent, intelligent et drôle, qui dit mieux ?
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, à découvrir !

Sébastien Keromen