Black swan
Black swan
Sortie:
09/02/2011
Pays:
USA
Genre:
Durée:
1h45 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Black swan

par: Sebastien Keromen

En seulement 4 films, Darren Aronofsky s’est fait un nom, que ce soit pour la profession ou le grand public. Chacun de ses films est attendu impatiemment, et accueilli quasiment avec des cris de liesse. Car, encore une fois, il s’agit d’un grand film.

Black swan
Titre original : Black swan
USA, 2010
Réalisateur
 : Darren Aronokfsky
Acteurs : Natalie Portman, Mila Kunis, Vincent Cassel, Barbara Hershey, Winona Ryder
Musique de : Clint Mansell
Durée : 1h45

L’histoire
Nina est danseuse de ballet, l’une des plus douées et les plus travailleuses de la troupe. Elle ferait tout pour devenir danseuse étoile. Pour cela elle doit danser le cygne noir aussi bien qu’elle danse le cygne blanc. Mais saura-t-elle libérer son côté obscur ?




La critique

Darren Aronofsky est un génie. Obligé, c’est la seule explication. En quatre films, on est déjà convaincu. Après Requiem for a dream, film viscéral qui vous emmenait jusqu’à la nausée et au désespoir. Après The Fountain, aussi puissant que lacrimalement émouvant et éprouvant. Après The Wrestler, qui arrivait à nous accrocher et à nous émouvoir avec une histoire pourtant basique. Voici Black swan, que je résumerai sans doute dans la critique du prochain chef d’œuvre du cinéaste en « un vertige poignant où on perd pied et où Natalie Portman est sublime ». Au moins. Et qui en tout cas partage avec les autres films le génie visuel et de mise en scène du réalisateur. Alors développons.




Natalie Portman est un génie. Ou une génie, mais je ne suis pas sûr que ça se dise. On savait déjà tout son talent d’actrice. Ici, non seulement son personnage est poignant, mais la performance physique est inimaginable. Vraiment, je n’arrive pas à croire qu’elle ait tourné toutes ces scènes de danse classique, sans doublure, sans trucage, et pourtant c’est le cas. Elle raconte que ça a été très dur, on veut bien la croire mais on ne peut que s’incliner jusqu’à terre devant le résultat. Et grâce à cet incroyable travail, elle n’a aucun mal à nous convaincre qu’elle est une danseuse de talent, et à nous faire plonger dans ce monde si dur du ballet. On s’identifie aussitôt à elle, et vit avec elle les affres de l’attente de la nomination de la nouvelle danseuse étoile, le stress de la qualité de sa dance. Et en plus, comme on est spectateur, on ne peut pas s’empêcher de craindre qu’elle tombe, rate, se fasse mal, ou que sais-je encore qui compromette ses efforts. Ah oui, tout de suite, on est dedans, et on stresse. Et ça ne va aller que croissant. Car l’ambiance développée, entre rivalités réelles, pressions (notamment d’une mère hyper possessive) et paranoïa, oppresse rapidement le spectateur qui se met à craindre tout et n’importe quoi, une ambiance qui m’a un peu rappelé Dario Argento (notamment Suspiria). Et qui ne nous laissera pas une seconde de répit.




Le film est un génie. Euh, plutôt, le film est génial. D’abord il dépeint de façon ultra crédible le monde du ballet, les rivalités, la difficulté de la danse, l’art et le sentiment qui doivent compléter la technique… Avec l’incontournable chorégraphe génial mais tyrannique et imbuvable, joué ici par Vincent Cassel. Autre prouesse du film, d’ailleurs : alors que je ne supporte plus Vincent Cassel au cinéma, qui nous rejoue jusqu’à la nausée le même rôle d’énervé (y compris quand il ne fait qu’une voix dans un film d’animation), ici il est parfait, réservé, du beau boulot. Mais revenons à ce ballet. Ce qui est génial, aussi, c’est la façon dont il est filmé. Plans larges, plans virevoltant au milieu des danseurs, gros plans sur les pieds ou le visage, c’est superbe, jamais répétitif, toujours lisible, et toujours touchant. Pour nous plonger de façon générale dans ce milieu, la caméra est d’ailleurs (un peu trop) souvent à l’épaule, tremblante, mais suivant les personnages. Parlons aussi de la musique, assez étrange à l’oreille avant qu’on s’habitue, assez atypique de son compositeur de génie, Clint Mansell (déjà auteur des bandes originales de génie de Requiem for a dream et The Fountain), mais dont on finit par s’apercevoir (et ce que le générique confirme) qu’elle contient des morceaux du Lac des cygnes (le ballet monté dans le film), ce qui permet de lui conférer une homogénéité avec la musique des scènes de danse. Et si au début la musique déroute, à la fin elle participe au maelstrom qui ne nous laissera pas indemnes.




La fin du film est plus que géniale. Et par fin, je ne veux pas parler des 5 dernières minutes, mais au moins de la dernière demi-heure, si ce n’est de la deuxième moitié en entier, désolé, j’étais occupé à regarder beaucoup plus le film que ma montre. Si le début reste assez réel, la deuxième partie du film commence à basculer dans l’inexplicable. Pour continuer en crescendo qui n’en finit plus à mélanger réalité, allégories, rêves, hallucinations, imagination, schizophrénie, on ne sait plus, mais il n’est pas nécessaire de comprendre pour suivre, ressentir, vivre et souffrir ou triompher avec Natalie Portman, totalement transportée, avec le spectateur, dans une spirale dont on ne sait si elle nous entraîne vers la lumière ou les ténèbres ou les deux. Un final totalement soufflant, pendant lequel on oublie presque de respirer, et qui vous laissera chancelant au générique. Un énorme morceau de bravoure, de talent et de génie, visuellement superbe, musicalement soufflant, et qui tiendra vos nerfs, votre cerveau et votre cœur en haleine sans le moindre instant de répit. Si la première moitié du film ne dépareille pas, c’est bien toute cette fin qui le fait passer dans la catégorie supérieure, et ne me laisse qu’une seule conclusion possible : Darren Aronofsky est bien un génie.

A voir : parce que c’est un tourbillon qui emportera tout le monde
Le score presque objectif : 9/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, ne le ratez pas, vous en sortirez le souffle coupé

Sébastien Keromen