Tron : L’héritage
Tron : Legacy
Sortie:
09/02/2011
Pays:
USA
Genre:
Durée:
127 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Tron : L’héritage

par: Bruno Orru



Il y aura certainement deux publics pour aller voir Tron Legaçy (Tron l’héritage) ; ceux qui, comme moi, on vécu de plein fouet l’irruption de Tron lors de sa sortie en salles (oui, je sais, cela fait un bout) et les autres, sans doute attirés d’une part par les premiers qui auront bien rappelé leur nostalgie et d’autre part par l’aspect cliquant 3D d’un mode virtuel novateur et appuyé par une bande son d’une grande efficacité. 

Années 80 contre 21ème siècle
Comme je fais parti des « jeunes » qui ont vécu avec le souvenir de Tron depuis maintenant 20 ans, je vais forcément vous proposer un avis qui associe souvenirs et découverte. La bonne nouvelle pour les croulants c’est que le monde issu de Tron : L’héritage  reste similaire 30 ans plus tard ; on retrouve les mêmes jeux (le disque, Tron), les mêmes tristes et inquiétants véhicules policiers et, bien heureusement, les mêmes motos, magnifiques icones du jeu Tron.




Alors oui, tout cela a pris un sacré coup de 21ème siècle grâce aux nouvelles technologies d’effets spéciaux (le rajeunissement de Jeff Bridges est particulièrement réussit), grâce au relooking général et notamment des motos et des pistes de jeu et grâce à une bande sonore mi symphonique, mi électronique qui décape franchement et qui s’avère parfaitement intégrée à l’histoire qui nous est contée. Il faut appuyer en effet que la bande originale proposée par Daft Punk est en totale adéquation avec l’univers propos car c’est le grand point fort de ce film, cette puissante association visuelle et sonore qui font que certains plans éblouissent les rétines tout en percutant les tympans.

 

Disney a redoublé d’effort pour que le film soit la parfaite vitrine technologique du cinéma d’aujourd’hui et il faut bien avouer, par exemple, que l’intégration des personnages réels dans ce monde totalement virtuel est plus que jamais crédible là ou le film original présentant des insertions souvent tremblotantes. Dans cette succession générationnelle on ne se pose pas une seconde de question sur les effets car nous sommes transportés avec conviction dans un autre monde et ça aussi c’est un point fort du film. Le corollaire c’est  malheureusement un visuel qui étouffe une histoire bancale.





CPU inside ?
En dehors de cette parfaite harmonie audiovisuelle j’ai en effet un peu (beaucoup) bloqué sur un point, tout simplement crucial : la grille proposée dans Tron : L’héritage  m’a trop souvent rappelée la matrice de Neo avec cette population en transe devant un charismatique leader. Je n’ai pas compris comment l’intérieur d’un jeu (car rappelez-vous c’est bien de cela dont il est question à la base) se transforme en monde souterrain avec ses habitants, ses rues, ses bars et ses discothèques animées par des Dj, certes aux relents numériques, mais qui semblent bien humains par ailleurs. Que penser de cette gigantesque arène ou les jeux semblent une attraction du temps des gladiateurs avec ces milliers de spectateurs… pardon de programmes, qui scandent le nom de leur guerrier préféré ? Et je ne vous parle pas du petit cocon douillé ou s’est réfugié depuis 20 ans notre Kevin Flynn avec ses canapés, sa bibliothèque (mais d’où viennent donc ces vénérables ouvrages en papier ?), sa table de salon et même sa chambre d’amie toute prête pour le retour du fils tant attendu. Sincèrement, j’ai bloqué sur cet univers plus du tout numérique mais si proche d’un univers humain, avec ses personnages bons ou méchants, empreints de zenitude ou totalement traitres (CPU, Castor) ; les arguments du studio pour indiquer que d’éminent spécialistes se sont penchés sur cette question n’y fait rien.

Tensions familiales
Evidemment, cela rejaillie sur le scénario global qui mélange les genres et qui, pas toujours habilement, permet de créer une tension entre le père et son fils, ce dernier étant donc venu délivrer une personne qui ne souhaite plus sortir de son monde virtuel, au risque de faire disparaître notre monde. Là aussi, j’ai eu du mal à accrocher à ce père devenu spirituel qui, après 20 ans tout de même, retrouve un fils (Garret Hedlund bien dans son rôle) et ne pense qu’à lui offrir un diner aux chandelles (ét d’où vient ce cochon servi à table ?).





Son et lumières
Pour terminer je reviens sur cette sensation omniprésente durant tout le film de cette puissance visuelle d’un univers de toute beauté, dont le charme est appuyé par une 3D toute en finesse (film vu en Digital 3D) qui ne veut jamais trop en faire mais qui offre une profondeur parfois impressionnante à ces grands espaces d’intérieur de puce informatique. A noter toutefois que le début du film, qui se situe donc dans le monde réel, est en 2D.

 

Une 3D également mise au service des séquences matérialisant les jeux (disque ou poursuite motos) qui sont parfaitement filmées, de par leur rythme et leur découpage. Un bon point également pour la destruction des programmes qui est toujours superbement filmée.

 

En conclusion

Disney prétend qu’il n’est pas besoin d’avoir connu le premier Tron pour apprécier celui-ci. C’est vrai, mais je pense que si vous connaissez la première aventure et son monde, vous serez d’autant plus accroché par ce nouvel univers créé par des artifices impressionnants et dont la mise en scène de Joseph Kosinsli est plutôt réussit, même si de nombreuses fois j’ai cru être dans une version alternative d’un épisode de Star Wars.

 

Seul grand bémol donc pour moi, je ne suis pas rentré dans cet univers numérique trop calqué sur un monde humain : au final, Tron : L’héritage matérialise plus une immense séquence de jeu vidéo (réussit !) qu’un film qui marquera par son histoire. Si, comme moi, vous appréciez la partition de Daft Punk (terriblement efficace à d’faut d’être super originale), vous serez alors facilement transporté. Je le répète c’est la grande force de ce film.