RANGO
Sortie:
23/03/2011
Pays:
USA
Genre:
Durée:
100 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

RANGO

par: Emmanuel Galais

CRITIQUE EMMANUEL GALAIS :

Depuis un certain temps, le film d’animation s’ouvre à de nouvelles expériences et tente chaque fois de réunir parent et enfants. Ce fut le cas il y a quelques mois avec « Le monde de Ga’Hoole » de Zack Snyder, c’est maintenant le réalisateur de « Pirates des Caraïbes », Gore Verbinski qui s’attaque à ce type d’exercice. Et le résultat est saisissant de maitrise.

D’abord par le soin apporté à l’animation et plus principalement aux graphismes. Les textures sont superbement souples, au point que l’on peut aisément imaginer que Pixar soit un peu jaloux. Car le studio Nickelodéon ne sait pas simplement limiter à demander aux dessinateurs de créer de nouveaux personnages sur la base d’une histoire solide, ils ont décidé de créer une nouvelle expérience visuelle, qui montre que les effets de perspectives ne sont pas obligatoirement similaire de 3D. Ici les mouvements de caméras sont précis, les lumières sont incroyablement vivantes, au point que l’on ressent presque la chaleur étouffante de ce désert. Les animateurs sous l’impulsion du réalisateur parviennent à donner des sensations inconnues aux spectateurs à la limite du réel.

Mais il faut bien le reconnaitre, au-delà de l’animation, la mise en scène du réalisateur est toujours aussi inventive. Porté par un scénario écrit au cordeau par John Logan (Aviator), James Ward Byrkit et Gore Verbinski lui-même, le film d’animation « Rango » est avant tout une surprise dans sa narration. Car le film est très inspiré des classique du western (Mon nom est personne par exemple), avec un passage drôlement réussit dont on se gardera de dévoiler les principaux traits, tant la surprise doit être totale, mais aussi d’Arizona Dream (La scène d’ouverture) ou de la propre filmographie du réalisateur (Pirates des caraïbes 3, notamment). Un choix qui peut dérouter le plus jeune public, avec des ralentis soignés, et une narration un peu lynchienne. Puis le film reprend le cours d’une narration plus grand public dès lors que Rango se retrouve dans le désert face au rapace. Le scénario n’hésite d’ailleurs pas quelques écarts de langages repoussant les limites parfois du politiquement correcte, mais se rapprochant un peu plus de la réalité d’un langage de cour de récréation.

Dans l’ensemble le film est une véritable bonne surprise, notamment grâce à l’énergie débordante qui en ressort, et particulièrement à l’alchimie qui existe entre le réalisateur et Johnny Depp qui, une fois encore, transcende son personnage et lui insuffle toute la folie qui lui est nécessaire. Quand en plus la distribution compte des acteurs aussi inspirés que Bill Nighy (Good Morning England) ou encore Ned Beatty (Dans la brume électrique), le plaisir ne peut être que total. Un seul bémol pourtant est à noter, cette habitude quasi systématique de n’utiliser que des acteurs de doublage pour la version française.

En conclusion, « Rango » est une très bonne surprise dans l’univers de l’animation, certainement La meilleure de ce début d’année, même si l’on peut justement émettre des réserves sur la capacité des petits à s’identifier aux personnages tant ils sont tournés vers une culture qui ne concernera certainement que les adultes. Pour le reste Johnny Depp est toujours au top et son association avec Gore Verbinski est une nouvelle fois payante.

CRITIQUE DE BRUNO ORRU :

Difficile de ne pas avoir en tête que le réalisateur de ce film d’animation, Gore Verbinski, est aussi celui qui nous a proposé l’ambiance délirante des Pirates des caraïbes… avec un ébouriffant Johnny Depp en pirate. Difficile de pas avoir ce fait en tête car nous retrouvons en fait en grande partie cette ambiance délirante, ici transposée sur des bestioles dans le désert, et cette évidente complicité du réalisateur avec l’acteur Depp. Ce dernier est dans un rôle plus complexe car dénué de tout visuel, autre que son avatar verdâtre. Mais le spectateur animalier que nous sommes découvre rapidement que l’aspect lézard (tout comme les autres insectes de cette aventure) sied parfaitement à l’extravagance du film Rango.

Rango, lézard domestique solitaire possède dès l’introduction ce grain de folie qui façonne un personnage pas forcément des plus mentalement équilibré, mais quels sont nos repères que la question du lézard en fait ? Qu’importe, ce lézard ordinaire va devenir malgré lui un héro, dans une situation extraordinaire que le réalisateur nous fait découvrir graduellement. La première partie est franchement loufoque (on rit bien à plusieurs reprises) mais la seconde partie laisse les éclats de rire de coté (mais le sourire barre presque toujours notre visage) pour aller vers de l’aventure, au sens cinémascope avec de superbes décors parfaitement dessinés.

Le charme du film repose en grande partie donc sur l’extravagance visuelle et textuelle dont je viens de vous parler mais aussi par les nombreux repères proposés sur les westerns et certainement l’une de ses principales icones, Clint Eastwood. Ces nombreux clin d’œil nécessitent bien sur d’avoir une bonne culture western car ce sont musiques, dialogues, costumes et gestuelles qui sont offertes en pâture au cinéphile.

Le casting des bestioles est parfait, avec des caractères bien trempés et des looks à la fois improbables mais qui permettent facilement l’identification de la race animale. Le doublage (VO en ce qui concerne notre séance) est parfait ; hormis Depp, les autres sont moins star (Isla Fisher, Abigail Breslin, Alfred Molina, Bill Nighy...) mais tous aussi efficaces pour proposer des intonations américaines régionales assez fortes. Je suis curieux de voir ce que cela peut donner en VF.

En conclusion, Rango est un bon film dont l’extravagance pourra peut-être laisser de coté les plus jeunes mais intéressera d’autant plus les autres. Le scénario dans ses grandes lignes est conventionnel mais c’est sa transposition dans cette ville Poussière qui apporte tout l’intérêt du spectateur, sans oublier ce personnage Rango formidablement bien caractérisé, dont l’aventure est d’ailleurs narrée en temps réel par un succulent quatuor de chouettes.

Retrouvez Rango sur Allociné http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=139127.html