La guerre est déclarée
Sortie:
31/08/2011
Pays:
France
Genre:
Durée:
100 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

La guerre est déclarée

par: Emmanuel Galais

Un couple, Roméo et Juliette. Un enfant, Adam. Un combat, la maladie. Et surtout une grande histoire d’amour : La leur…

Il y a des sujets particulièrement difficiles à traiter, comme le deuil ou la maladie, lorsque l’on y rajoute ensuite le symbole de l’enfant afin de mieux amener le spectateur à réfléchir au combats des parents, l’affaire se complique et le ton à utiliser peut-être déterminant dans la perception que le public pourra avoir du sujet traité. A plus forte raison lorsqu’il se sent concerné par le sujet, pour l’avoir vécu. Mais il faut reconnaitre que le choix de Valérie Donzelli (Pourquoi tu pleures ?) de puiser dans les moments douloureux de son histoire force le respect, particulièrement lorsque l’on voit le résultat final. « La guerre est déclarée » ressemble un peu à une thérapie nécessaire, ce besoin d’exprimer la douleur que l’on ressent dans l’incertitude de la maladie. Les ravages de cet océan démonté qui ne laisse pas de répit aux parents pour penser, réagir ou comprendre ce qui se passe.

La mise en scène de Valérie Donzelli, se veut volontairement naturaliste pour épurer toute sorte de parasites esthétiques et ne laisser sortir que la force brute d’une expérience marquante et blessante pour un jeune couple. En jouant entre émotion pure et humour parfois décalé, la réalisatrice donne une texture plus touchante à son histoire et nous donne en retour une émotion plus contrôlée. Parfois tragique, parfois léger, tantôt violent et tantôt émouvant, « La guerre est déclarée » est un film déroutant, qui parvient à nous interpeller et à nous faire réfléchir sur la douleur de la maladie d’un enfant.

Seulement, parfois la vie ayant fait obstacle aux parents, il est possible de pouvoir se retrouver dans ces parents et dans leur drame, pour l’avoir vécu, on s’attend à une image plus en accord avec ce que l’on a pu ressentir et certaines scènes commencent une piste, mais la laisse en route, comme celle de ces diagnostiques de médecins, incompréhensibles pour le commun des mortels, ces décisions que l’on doit prendre le temps d’un déjeuner sans en avoir saisi toutes les nuances, si ce n’est celle de la vie qui peut s’accrocher au bout de l’aventure, ou encore les réactions à l’annonce que l’on peut juger excessive dans le film, car dans ces cas là, la pensée n’a plus de place, on prend la maladie comme un boulet de canon en plein visage, et l’on se retrouve comme prit dans un tambour de machine à laver, avec pour seul objectif au bout : La vie de l’enfant !

Le film de Valérie Donzelli, avec toutes les qualités que l’on peut lui attribuer, et il y en a beaucoup, manque de très peu son objectif, en éludant parfois une partie de ce combat, pour le rendre plus fluide dans sa narration. Les parents ne prennent pas la maladie de leur enfant comme une honte, ils ne la jugent pas  injuste, du moins pas pendant le combat, car ils n’ont pas le temps pour cela, ils se battent, deviennent aveugles et lorsque la maladie est vaincue, que le temps s’arrête, quelqu’en soit l’issue : la raison revient, la pensée s’installe, et l’injustice apparait dans toute son horreur, son insoutenabilité marquante.

Malgré cela, « La guerre est déclarée » reste un film émouvant, touchant et drôle sur le combat d’une vie, ou du moins pour une vie. Une lutte sans noblesse, parce qu’une bataille contre la maladie se fait sans arme, sans logique, avec une froideur désarmante. La réalisatrice aborde un sujet peu traité, de manière intelligente, finalement au cinéma de ce point de vue, mais lui donne toutefois un aspect moins romanesque, moins mercantile. On y trouve toute une sensibilité de vécue, qui manque en général à ce type de réalisation. Le film permet de réfléchir, évite le pathos inévitable et reste une belle leçon de cinéma qu’il faut voir pour pouvoir en goûter les nuances.