La Guerre est déclarée
Sortie:
31/08/2011
Pays:
France
Genre:
Durée:
1h40 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

La Guerre est déclarée

par: Sebastien Keromen

Fortement remarqué à Cannes, encensé par la critique, c’est rare qu’un « petit film » comme celui-ci suscite autant d’attente à sa sortie. Et pourtant, force est de constater que tous les espoirs mis en lui sont remplis, et que le film est une belle claque non pas lacrymale mais émotive, d’émotions positives, mais fortes.

La Guerre est déclarée
France, 2011
Réalisateur
 : Valérie Donzelli
Acteurs : Valérie Donzelli, Jérémie Elkaïm
Durée : 1h40

L’histoire
Roméo et Juliette ont un coup de foudre. Roméo et Juliette ont un enfant. Adam. Adam a une maladie grave. Comment faire face ? Avec toute leur énergie positive, et leur amour




La critique

J’aurais pu commencer en disant que La Guerre est déclarée n’est pas un film misérabiliste ou triste, ni une étude sociale ou un drame. Mais l’énergie et la positivité du film n’engagent pas à une définition par la négative. Car le film est tant de chose que c’est de mauvais esprit de raconter ce qu’il n’est pas. Le film est une ode à la vie, à l’énergie, à l’envie du meilleur, au courage. Tourné avec peu de moyens, dans l’urgence, au plus près des acteurs, des personnages, tout est fait pour la fluidité et l’énergie de l’action. Et on est happé dans cette histoire dès le début, aux côtés des deux héros. On n’est pas là pour craindre, on sait dès la première scène que l’enfant va s’en tirer. On n’est pas là pour pleurer (quoique à quelques moments…), on est là pour agir et réagir avec les personnages. Pas la peine de s’étendre sur la performance de Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm, ils sont instantanément des personnes réelles qu’on va supporter dans l’épreuve. Mais on peut tout de même ajouter que leurs visages, leurs voix, leurs attitudes, permettent de donner une vie évidente aux héros, et qu’on a l’impression de les connaître et de les comprendre au-delà du film. Basé sur des faits qui leur sont réellement arrivés, on sent la véracité et l’attention aux détails apportées dans cette histoire, et on y accroche de plus belle.




Tout est dépeint à hauteur d’homme (et de femme, et surtout de parents), un couple soudé qui refuse de ne pas y croire, de ne pas faire tout pour s’en sortir, de laisser le moindre doute les envahir. Cette force et cette absence totale de pathos nous entraîne dans leur histoire encore plus fortement. Rarement un titre de film aura été aussi adapté, et aussi complémentaire au film lui-même, car il s’agit bien d’une histoire où les héros ne capituleront pas une seule seconde face à l’adversité. Et pourtant le chemin est dur, et long, et demande tant d’investissement. Notamment face au milieu hospitalier, remarquablement présenté, avec un portrait des médecins et de l’hôpital, qui sauvent les vies tout en les regardant de haut, avec désinvolture ou compassion, c’est selon, le tout sans caricature Mais ce sont nos héros, on sait qu’ils vont réussir, on sait que le destin ne peut plus leur faire de mal, on sait que ce sont de vrais héros. Plongés dans leur quotidien, tout près d’eux par des gros plans, dans l’action (mais sans donner mal au cœur et en restant lisible), on apprécie la mise en scène, parfaitement en accord avec le film, et qui permet à l’intensité et à l’émotion de monter tout au long du film, avec l’histoire. Quant à la musique, faite de bric et de broc et de musique classique et de techno et de variétés et même d’une chanson interprétée par les héros, elle est parfois un peu bizarre, parfois pas très heureuse, mais toujours surprenante, et apporte à ce côté immédiat et quotidien qui baigne le film. À part peut-être quelques plans un peu longs et qui n’apportent rien, des voix off parfois un peu lourdes, et une ellipse un peu brusque juste avant la conclusion (sans doute une partie de l’histoire qu’ils ne souhaitaient pas raconter en détails, mais ça fait quand même un peu précipité, ces dernières années narrées en 10 secondes), tout est parfait dans ce film enflammé.




Et parfait n’est d’ailleurs pas le mot adapté, car on ne parle pas d’un film réfléchi et raisonné, mais plutôt d’un coup d’éclat, d’une fulgurance, d’un film brûlant, passionné, sincère. Et qui emporte le spectateur avec lui. Si, à la fin, on a seulement observé la peine physique et quotidienne des héros pour s’occuper de leur enfant, on a l’impression d’avoir presque vécu leur état d’esprit, leur douleur et leur rébellion morale, et on en sort plus fort de connaître des gens si forts. Ou en tout cas qui font des films si forts.

A voir : sans faute
Le score presque objectif : 8,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, un choc, mais un bon choc

Sébastien Keromen