La guerre des Boutons
La guerre des Boutons
Sortie:
14/09/2011
Pays:
France
Genre:
Durée:
109 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

La guerre des Boutons

par: Emmanuel Galais

1960, un village dans le sud de la France. Une bande de garçons, agés de 7 à 14 ans, menée par l’intrépide Lebrac, est en guerre contre les enfants du village voisin, leurs ennemis jurés. Une guerre sans merci qui dure depuis des générations.

Le livre de Louis Pergaud n’aura jamais autant fait parler de lui que maintenant. Notamment à cause de cette guerre de productions qui est venue, en quelques sortes, plomber la fête. Deux producteurs, qui ne veulent pas lâcher, face à l’autre, deux manières de lire le roman et aucune possibilité de se revendiquer d’un quelconque remake, puisque aucune des deux versions n’aura réussit à obtenir les droits sur le film de Yves Robert qui offrit l’une des répliques les plus célèbres du cinéma français « Ah, ben si j’aurais su, j’aurais pas venu ! ». Hors donc au bout d’une guerre de dates, le premier des deux films sort cette semaine, alors que le second arrive sur les écrans la semaine prochaine. Peu importe, me direz-vous, pourvu que l’on s’y retrouve : Et effectivement ce qu’il faut craindre en premier dans ce type de conflit ce sont les dommages collatéraux artistiques liés aux moyens mises en œuvre pour que le projet arrive à son terme. Dans ce combat, chacune des versions viendra en comparaison de l’autre et celui qui aura le mieux compris l’essence du roman et qui lui aura apporté une touche personnelle à sa hauteur pourra s’estimer gagnant.

Et la version de Yann Samuel (Jeux d’enfants) ouvre donc les hostilités avec un film dont l’esprit est résolument tourné vers le point de vue des enfants. Les adultes y sont très peu présent et cela permet ainsi au spectateur de réellement plonger dans l’univers des enfants, de se nourrir des bons mots, même si certains peuvent redouter un manque de justesse et parfois de cohérence. Et c’est justement cela qui est payant dans cette version de « La guerre des boutons » : La spontanéité des enfants, ce détachement pas toujours contrôlé qui donne à leur jeux une certaine cohérence dans le paradoxe de ces enfants, qui se vouent une guerre sans merci depuis des générations, sans réellement savoir ce qui les opposent, sinon un besoin de compétition entre les uns et les autres. Une guerre candide dont le perdant se fait retirer les boutons pour ensuite être corrigé par les parents.

Yann Samuel a bien compris que le livre de Louis Pergaud, s’intéressait plus à la liberté offerte à ses enfants et de ce qu’ils en faisaient, sans jamais toutefois y perdre leur âme. Une liberté qui semble s’être effacé de générations en générations. Une peinture de ces époques où les enfants parcouraient la campagne aux rythmes de leurs jeux, sans inquiéter les parents occupés à leurs tâches journalières. Gardant une certaine liberté de ton dans sa manière de filmer, le réalisateur s’appuie sur le manque d’expérience de ces enfants-acteurs d’un instant, à qui l’on prédit une belle carrière, notamment aux jeunes Vincent Bres (Lebrac) et Tristan Vichard (Petit Gibus). Les deux jeunes comédiens portent littéralement le film sur leurs épaules et s’en sortent à merveille. Car la tâche n’était pas aisé de reprendre le rôle de Petit Gibus et de lui conserver toute la fraicheur sans trop souffrir de la comparaison avec Martin Lartigue et sa phrase fétiche. Même chose pour Lebrac qui a trouvé un jeune acteur à la hauteur de ce personnage charnière, qui fait le trait d’union entre les enfants, leur insouciance et la responsabilisation d’un ado qui va devoir entrer dans le monde des adultes.

On regrettera tout de même dans la version de Yann Samuel, une survente de son film, avec une bande annonce, qui en disait beaucoup trop et qui laisse du coup le spectateur un peu sur sa faim, sans effets de surprises particuliers. Car mis à part quelques bons mots et des situations cocasses supplémentaires, l’audience navigue en terrain connu. Une survente certainement due à la compétition que se livrent les deux films. Ajoutez à cela une fin un peu longue et quelques peu trop sentimentaliste et le tour est fait.

Yann Samuel réalise avec sa « Guerre des boutons » un film honnête, simple et assez cohérent par rapport au livre dont il est inspiré. Pour le reste, la compétition a forcé le trait, brisant du même coup les effets de surprises que l’on pouvait attendre. Pour le reste, on passe un bon moment et le choix des jeunes acteurs se révèle particulièrement payant.

La suite au prochain numéro !