La nouvelle guerre des Boutons
Sortie:
14/09/2011
Pays:
France
Genre:
Durée:
100 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

La nouvelle guerre des Boutons

par: Emmanuel Galais

Mars 1944. Alors que la planète est secouée par les soubresauts de la deuxième guerre mondiale, dans un petit coin d’une campagne française se joue une guerre de gosses, car depuis toujours, les gamins des villages voisins de Longeverne et Velrans s’affrontent sans merci.

Ainsi donc voici la deuxième adaptation du roman de Louis Pergaud, cette fois-ci sous la direction de Christophe Barratier déjà responsable du très fameux et très bon « Les Choristes » et du moins bon mais tout aussi remarquable et soigné : « Faubourg 36 ». Une adaptation libre et déplacée dans le temps afin de renforcer l’aspect émotif de la narration. Pour cela le réalisateur a donc décidé de situer l’action durant la seconde mondiale et non pas à la fin du XIXème siècle comme cela était le cas dans le livre.

Et pour commencer par les bonnes choses, on peux d’ores et déjà remarquer que le réalisateur impose son style en soignant ses plans, avec des images très travaillées, des travelling plongeants qui donnent une véritable perspective à l’œuvre. D’ailleurs certaines scènes sont remarquablement filmées, à l’instar des petites batailles qui sont ici, mises en lumière par une photo particulièrement soignée, faisant d’ailleurs référence aux grands films de batailles qui jalonnent le cinéma international. Christophe Barratier n’hésite pas à filmer au cœur des enfants pour mieux rendre onirique les combats.

Puis, toujours dans l’esprit de l’auteur des « Choristes », le film oppose l’esprit des enfants à celui des adultes, entre intuitivité permanente de l’enfance et responsabilités assommantes des parents, ces deux mondes s’opposent comme dans le livre de Pergaud. Mais le réalisateur a un besoin permanent de faire référence au passé, de renforcer la narration pour la rendre plus émotive et ainsi mettre en opposition deux conflits, celui des enfants et celui des adultes. L’inconscience du jeu et la mort de l’inconscience. Grâce à cela le réalisateur parvient à réussir une fin de film où l’amour innocent et le courage surgissent et provoque l’émotion pure, si chère au metteur en scène?

Mais le problème, c’est que la compétition a certainement faussé le résultat, car la mise en scène est particulièrement loin d’être convaincante, notamment en ce qui concerne la direction des enfants, qui n’est jamais convaincante et dont on regrette dès le départ le manque de justesse. Le personnage de « Petit Gibus » s’avère très vite irritant, presque insupportable, avec des airs de Mireille Mathieu retombée en enfance. Ses interventions sont ridicules et malgré tout le talent de son interprète, la pauvreté des dialogues le rend encore plus pesant. Le problème c’est que l’ensemble des enfants joue sur cette corde, avec des répliques trop appuyées, des manques de justesses récurrents et des dialogues très rapidement oubliables. Certaines scènes sont à la limite du ridicule comme la rencontre entre « Petit Gibus » et le père L’aztek joué par un Gérard Jugnot absent. Au lieu de rendre un film posé, drôle et tendre, avec une conclusion forte en émotion, Christophe Barratier ne nous présente finalement qu’un film décousu, déserté de sens et parfois de cohérence.

Car même si l’on comprend la tentation d’avoir transposé l’action durant la deuxième guerre mondiale afin de renforcer le balancier narratif, on commence à être exaspéré de ce recours systématique à la facilité, en utilisant l’une des heures les plus sombres de notre histoire, juste pour s’assurer des larmes à la fin, encore plus lorsque cela est parfaitement inutile et ne sert qu’à gagner péniblement l’adhésion du public, qui ne peut être dupe d’une telle supercherie. Ici, le scénario est écrit à la va-vite et, à la différence de son concurrent direct, manque terriblement de légèreté. Christophe Barratier ne cesse d’accumuler les caricatures ou les facilités : Le jeu des enfants, « Petits Gibus » semble prêt à jouer une caricature de Coluche dans le sketch « Gérard », avec le doigt sur la bouche, Laetitia Casta porte bien la robe des années 40 et fait très bien du vélo et Guillaume Canet sait, comme personne, laisser la colère l’envahir.

En conclusion, « La nouvelle guerre des Boutons » est très loin de nous convaincre et sent beaucoup trop le travail bâclé pour nous emballer. Le film manque de fraicheur, la direction d’acteur est à la limite de l’amateurisme et n’offre guère de possibilité aux enfants de faire preuve de leur talent. On s’ennuie dès les premières secondes et l’on sort de la salle en se disant qu’il aurait mieux value commencer par la fin. Un véritable drame, que l’on aurait pu éviter, si chacun avait su mettre son égo de côté.