Time out
In time
Sortie:
23/11/2011
Pays:
USA
Genre:
Durée:
1h40 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Time out

par: Sebastien Keromen

Film de SF avec une idée originale prometteuse et jamais vue, Time out tiendra-t-il ses promesses ? Justin Timberlake est-il un vrai acteur ? Quand le compteur sur le bras atteint zéro seconde, y a-t-il une chance qu’il devienne négatif et qu’on rajeunisse ? À ces questions, je répondrai respectivement : oui, ça va, et sans doute pas.

Time out
Titre original : In time
USA, 2011
Réalisateur
 : Andrew Niccol
Acteurs : Justin Timberlake, Amanda Seyfried, Cillian Murphy, Olivia Wilde, Johnny Galecki
Musique de : Craig Armstrong
Durée : 1h40

L’histoire
Futur indéterminé. Le temps a remplacé l’argent. C’est-à-dire qu’on paye et est payé en minutes ou heures de vie. Et quand le temps est dépensé… c’est la mort. Will Salas, né pauvre et vivant au jour le jour (et un jour, c’est son compte en banque), va avoir la possibilité d’accéder à une espérance de vie inespérée… et de tenter de changer le système




La critique

C’est tout de même assez fréquent qu’un film ait une idée de départ vraiment originale. Mais trop souvent, l’histoire ne suit pas, et déroule des péripéties qui auraient pu avoir lieu dans n’importe quel environnement, indépendamment de son univers original. Heureusement, pour une fois, voilà un film qui évite le piège. Car Time out va pousser jusqu’au bout son principe original (le temps c’est de l’argent, littéralement, avec mort immédiate dès que son compte est à zéro). Le début est d’ailleurs un beau passage de stress et paranoïa où par inadvertance ou par erreur de calcul, on peut mourir sans alerte aucune. Si on peut mettre un gros bémol sur la partie technique de ce futur (ils ont modifié génétiquement les humains pour vivre selon ce compteur, éventuellement des siècles, et malgré ça ils n’ont ni téléphone portable, ni Internet, ni en fait aucune invention récente ou future, ça fait un peu bizarre), l’ambiance de cette société où l’augmentation des prix (en minutes) peut signifier une mort proche est très bien vue et bien rendue. On se plonge dans ses codes et ses habitudes, comme de compter les années à partir de 25 ans (âge auquel on ne vieillit plus, et on peut donc avoir 26 ou 100 ans avec la même apparence), ou les échanges de temps de la main à la main. La partie sociale, avec pauvres en temps d’un côté et centenaires (plutôt que millionnaires) de l’autre, et également bien campée. Et libre à vous d’y voir toutes les symboliques et métaphores de notre société, c’est permis, c’est comme vous voulez, le film insiste même plutôt pas mal sur cette lutte des classes nouvelle version mais toujours éternelle.




Au milieu de cet univers, l’histoire va s’articuler en plusieurs pans aux tons distincts, mais qui se complètent bien. Polar parano, ascension sociale, et polar à la Bonnie & Clyde mêlé de Robin des Bois, tout ça se mêle harmonieusement. L’équilibre entre l’histoire et les scènes d’action est correct, tout se passe bien de ce côté-là. Côté acteurs, Justin Timberlake fait le job (même si on imagine que d’autres acteurs l’auraient fait aussi bien), Amanda Seyfried apporte une bonne énergie à son rôle, et Cillian Murphy est toujours aussi convaincant et troublant, pas de faute côté casting. La musique épaule bien le film, tout va bien aussi dans ce département. La mise en scène va bien… enfin, bon, vous voyez ce que je veux dire, la réalisation et la technique sont bonnes, sans être remarquables, mais assurent une base solide au film qui peut développer ses thèmes et son histoire.




Permettez-moi maintenant un paragraphe facultatif pour vous faire part d’une observation inattendue que j’ai faite concernant ce film : son histoire partage beaucoup de similitudes avec Les Misérables. Oui, celui de Totor Hugo. Ne vous inquiétez pas, je ne spoile pas le film au-delà de la bande annonce et des événements sans surprise. On a donc un héros qui vit dans la misère, sans le sou. Bon, il ne va pas au bagne, mais un inconnu lui fait généreusement un don, qu’il va faire fructifier au-delà de tout espoir (comme les couverts d’argent donnés par monseigneur Myriel qui permettront à Jean Valjean de fonder une usine). Le héros va alors sauver la jeune fille qui n’est pas heureuse chez ses parents (Cosette chez les Ténardiers) pour lui donner une vraie vie et la rendre heureuse. Et pendant qu’il y est, il va faire acte de générosité autour de lui. Tout ça pendant qu’un policier honnête mais tenace et obéissant aveuglément à sa mission le traque, et que le héros va avoir plutôt tendance à lui sauver la vie alors qu’il aurait pu le tuer, comme pour Javert. Hasard ou pas hasard ? Ça fait tout de même beaucoup de points communs…




Bon, revenons au film. Time out ne prétend pas à être le prochain classique de SF ou un chef d’œuvre, mais au rayon divertissement il offre un spectacle tout à fait agréable, original, et plutôt passionnant, car son univers finit par nous happer, et ce gimmick visuel de l’horloge qu’a chacun sur son bras finit par nous obséder autant qu’il obsède les personnages. L’univers est bien travaillé et les détails réfléchis, par exemple ceux qui vivent au jour le jour (et n’ont donc jamais plus de 24h de réserve) courent quand ceux qui ont en permanence des années sur leur compte se déplacent lentement… et n’effectuent aucune activité risquée. Au final, un divertissement sympa et original qui se laisse franchement bien regarder.

A voir : parce que le film arrive à exploiter son idée originale jusqu’au bout, pour le plaisir du spectateur
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, pas déçu et pourtant j’en espérais beaucoup, donc à voir

Sébastien Keromen