Essayant de surfer sur le succès de 300, Les Immortels se veut aussi graphiquement foisonnant et aussi virilement bourré de testostérone. Mais cela suffit-il à faire un film brut et violent, qui emporte le spectateur ?
Les ImmortelsTitre original : Immortals
USA, 2011
Réalisateur : Tarsem Singh
Acteurs : Henry Cavill, Mickey Rourke, Luke Evans, Freida Pinto, Stephen Dorff, John Hurt
Durée : 1h50
L’histoireLe roi Hypérion est bien décidé à mettre la main sur un arc magique pour libérer les Titans. Mais il a contrarié le gars qu’il fallait pas, en la personne de Thésée, doué au combat et décidé à mettre des lances dans les roues d’Hypérion…
La critiqueLes Immortels ont de la gueule. Enfin, pas les immortels eux-mêmes (quoi que, leur style peut plaire, si vous accrochez à leur look Chevaliers du Zodiaque, Saint Seya pour les connaisseurs), mais le film. On l’espérait depuis la bande-annonce, mais c’est confirmé : beaucoup de plans du film ont sacrément de la gueule. On peut comprendre ceux qui trouvent ça toc, mais on peut aussi apprécier des images superbement composées, des décors énormes (la ville à flanc de falaise, par exemple), les horizons somptueux… C’est sûr, les mirettes sont à la fête. Oubliez par contre la 3D (si vous arrivez à trouver une séance sans), on sent parfaitement qu’il s’agit d’une post-conversion, et faite sans grande conviction. Mais l’esthétique n’est pas tout ce qui est cool dans ce film. Vous vouliez de la baston épique ? Vous allez être servi. Ou plutôt, vous en aurez plein, même un peu, trop à la fin, et sporadiquement pendant le reste du film. Petit souci de rythme et d’équilibrage, mais bon, on n’en mourra pas (on est immortel, ah ah). Surtout que les scènes d’action sont assez réussies et variées (sans avoir la virtuosité de ceux de 300), surtout les combats entre immortels (qui semblent mourir assez facilement, finalement, tout se perd, ma bonne dame). Certaines scènes sont un peu trop too much et tombent dans le ridicule (les combats dans les cieux, par exemple, et surtout le grand speech de motivation de Thésée aux troupes), mais ça reste limité. Et vous savez quoi d’autre est cool ? Un arc magique, qui fait apparaître une flèche magique dès qu’on tend la corde. Vraiment cool. Complètement sous-exploité dans le film, mais vraiment cool.
Et vous savez ce qui n’est pas cool ? Tout le reste. On pourrait d’abord se désoler que l’histoire du film ressemble autant à la vraie mythologie que le lapin de Pâques au Cheval de Troie, mais je pense qu’on a tous abandonné depuis longtemps l’espoir qu’Hollywood respecte la mythologie. Cependant, l’histoire reste quand même très restreinte, tourne pas mal en rond, entre trois discussions sur les dieux et deux jets de lance. Les dieux sont tout de même présents, mais c’est à nouveau une espèce de sélection rapide des dieux qui devaient plaire aux scénaristes, donc c’est Zeus, Athéna, Poséidon et Arès, c’est tout, le budget dieux est déjà dépensé. Et justement, en parlant des dieux, laissez-moi passer au talon d’Achille du film, qui lui enlève la plupart de sa crédibilité et de son intérêt : son casting. À part Freida Pinto, en oracle fataliste, qui s’en sort carrément bien, pour le reste, non. Mickey Rourke fait ce qu’il peut mais son personnage ne ressemble pas à grand-chose, sans toutefois être une catastrophe. Et pourtant, de la catastrophe, on a en dans ce film. Les dieux, interprétés par des petits jeunes qu’on dirait sortis de « High School Musical, 5 ans après », ont autant de prestance et d’autorité qu’un petit suisse, et croyez-moi ça vient pas des costumes. Et pour finir le massacre, le pauvre Henry Cavill, qui allie l’expression d’un bœuf insomniaque et le charisme d’une saucisse cocktail, fait de Thésée le héros le moins intéressant du monde. Alors vu que l’emballage faisait un peu toc et too much, il fallait que le film soit sacrément habité (comme 300) pour s’en sortir. Mais là, cent fois non, et si on ne s’ennuie pas totalement, on ne s’intéresse pas une seconde à tout ce qui peut leur arriver. Restent quelques images et quelques combats, mais pas un film.
A voir : pour les belles images, en oubliant l’impression de légumes que font les acteurs
Le score presque objectif : 6,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -/+ 0, à vous de voir si vous privilégiez images et actions aux héros
Sébastien Keromen