Synopsis Impliquée dans l'attentat terroriste du Kremlin, l'agence Mission Impossible (IMF) est totalement discréditée. Tandis que le président lance l'opération "Protocole Fantôme", Ethan Hunt, privé de ressources et de renfort, doit trouver le moyen de blanchir l'agence et de déjouer toute nouvelle tentative d'attentat. Mais pour compliquer encore la situation, l'agent doit s'engager dans cette mission avec une équipe de fugitifs d'IMF dont il n'a pas bien cerné les motivations…
Critique artistique
1996. 2000. 2006. Une décennie et demie a passé depuis le premier
Mission : Impossible. Pendant toutes ces années, le siège du metteur en scène aura vu défiler plusieurs noms - Brian de Palma, John Woo, J.J. Abrams - avec, à chaque fois, un résultat différent. Ainsi, dans l'épisode initial, c'est l'intrigue complexe qui prévalait. Chez le Coréen, le tape-à-l'oeil avait eu raison de tout le reste. Pour le créateur de Lost, l'ingéniosité et l'affectif étaient les fers de lance. Néanmoins, il y avait un dénominateur commun à tous : Ethan Hunt, le super agent incarné par Tom Cruise. Pour
Mission : Impossible - Protocole Fantôme, Paramount Pictures a pris une décision osée : ne plus miser uniquement sur la côte - soi-disant en baisse - de la star. A l'écran, cela se traduit par un aspect collectif bienvenu et directement hérité de la série - désormais, Ethan Hunt n'agit plus seul sur le terrain. Et cela a également des conséquences sur Tom Cruise : il est archi déterminé, s'offre la meilleure scène de la saga (l'ascension de Burj Khalifa, faite sans doublure) et prouve qu'il en a toujours sous le coude, à bientôt 50 ans. Mais en fait, cet esprit d'équipe était déjà présent dans les réalisations de Brad Bird, l'homme (le génie ?) derrière
Les Indestructibles et
Ratatouille. Deux films d'animation où c'est l'association de superpouvoirs de l'un et la collaboration entre un rat et un commis de l'autre qui permettaient l'atteinte d'objectif(s). En ce sens,
Mission : Impossible - Protocole Fantôme signe la fin de l'ère Ethan Hunt solo, sans réduire pour autant Tom Cruise au rang des anciennes gloires. Chapeau.
Au-delà de cette nouvelle direction artistique, il convient de souligner l'excellent travail technique de Brad Bird. En effet, les plus pessimistes auraient pu craindre un manque d'expérience, aussi bien en termes de direction d'acteurs que, forcément, de prises de vue réelle. Qu'à cela ne tienne. Brad Bird n'a besoin que d'un seul film live pour mettre en exergue sa maîtrise, sa virtuosité et son sens du cadre (l'ouverture avec les plans se succédant au gré de la musique fait d'ores et déjà figure d'exemple). Bien sûr, on pourrait pester sur les scènes de combats rapprochés (même Nolan s'y est cassé les dents), cependant, cela occulterait tout le reste. Car les ingrédients du bon blockbuster des fêtes hivernales y sont tous, à commencer par un parfait enchainement de scènes d'actions sans cesse renouvelées (preuve qu'il reste encore des choses à faire en la matière) et une absence de fausse note (l'humour est parfaitement dosé, merci Simon Pegg). Enfin et c'était encore inédit dans
Mission : Impossible, il existe un lien scénaristique avec le précédent volet. Il a pour but d'enrichir le background général et d'enrober le tout dans une cohérence exceptionnelle. Brad Bird est donc parvenu à apporter une pierre à l'édifice
Mission : Impossible. Et Dieu sait que ce n'était pas aisé après un troisième opus admirable. Chapeau bis.
Maxime CLAUDEL