La Clé des champs
Sortie:
21/12/2011
Pays:
France
Genre:
Durée:
1h20 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

La Clé des champs

par: Sebastien Keromen

Microcosmos avait été un événement. Mais cela fait déjà 15 ans. Le nouveau film de ses réalisateurs laisse une place à l’humain. Mais était-ce vraiment une bonne idée ?

La Clé des champs
France, 2011
Réalisateur
 : Claude Nuridsany & Marie Perennou
Acteurs : Denis Podalydès
Musique de : Bruno Coulais
Durée : 1h20

L’histoire
Un petit garçon en vacances en famille. Personne de son âge. Mais il découvre une mare qui abrite de nombreux animaux, et tombe sous le charme de la nature…




La critique

Je pourrais être lapidaire, et dire que La Clé des champs c’est Microcosmos avec deux mômes et une histoire. Je pourrais être méchant et dire que tout ce qu’il y a en plus de Microcosmos, c’est de trop. Et à vrai dire, je ne vois pas trop de raison de n’être ni lapidaire ni méchant. Car si on retrouve des belles images de nature, insectes et grenouilles, le reste n’a que peu d’intérêt. C’est même plutôt une régression depuis Microcosmos. Car il faut se farcir en plus une voix off trop écrite et ampoulée, récitée par un Denis Podalydès beaucoup trop monocorde, aucune émotion de ce côté-là, aucune impression que le gars revoit des éléments de son enfance, aucun enfant ne penserait comme ça. Après, on a cette histoire de ce petit garçon qui va voir la mare et regarde les animaux. Une petite fille vient aussi voir la mare, mais ils se croisent à peine, et c’est fini. Si le scénariste a vendu une « histoire », je pense que le producteur peut lui faire un procès en tromperie sur la marchandise, et ensuite lui casser les rotules en représailles. Car il ne se passe rien de plus, et dans le peu que je viens d’évoquer, il ne se passe rien non plus, le petit gars regarde la mare, la petite regarde la mare, et c’est tout.




Et dans la mare, il y a des bestiaux, des insectes de tous genres, des grenouilles et autres batraciens, quelques oiseaux de passage, et un moment un sanglier qui passe en guest-star. Les images sont belles, les animaux expressifs et pris sur le vif, ça c’est bien. Sauf le son. Si la musique de Bruno Coulais est honnête (même si un peu trop ressemblante avec ses autres travaux), quelqu’un, les réalisateurs, ou un stagiaire geek, a trouvé rigolo de rajouter des bruitages. Peut-être pour meubler, peut-être pour nous faire partager l’imaginaire du petit garçon, mais en tout cas pour plomber le film, qui sombre parfois dans le ridicule à cause de cela. Sans oublier que la partie animalière est très mal imbriquée avec les enfants. Même si c’est censé être la même mare, on a l’impression d’une mare pour le môme, et d’images prises ou non sur la mare pour les animaux. Et en plus, selon le passage, la mare est recouverte d’un seul type d’animal (libellule, têtard, araignée d’eau, dytique,…), et on n’en voit aucun autre, avant de passer à la séquence suivante où on aura l’impression que la mare a été envahie par un autre bestiau. Sans compter qu’on ne voit jamais en même temps l’enfant et les animaux, que du champ/contrechamp, comme si tout avait été (et c’est sans doute le cas) tourné séparément. Mais le montage est tellement peu convaincant qu’on a un peu l’impression d’un documentaire enchaînant des séquences sur différents animaux, et le garçon pour assurer les transitions. Et n’espérez même pas qu’il présente ces différents animaux, que dalle, il vous faudra attendre le générique (comme dans Microcosmos) pour avoir le nom des animaux, dans l’ordre, pour ceux qui ont une excellente mémoire et se rappellent de tout ce qu’ils ont vu dans l’ordre.




Au final, c’est comme un Microcosmos dans lequel on aurait enlevé la moitié des plans sur les animaux pour les remplacer par un petit garçon qui regarde dans le vide ou une petite fille en robe rouge. Les séquences font catalogue, il n’y a aucun échange entre les animaux et les enfants, ils pourraient aussi bien regarder les étoiles ou un concours d’athlétisme, ça ne changerait rien à l’histoire, aussi dramatiquement réduite que naïve. Alors, à moins d’être inconditionnel d’animaux des marais (ça faisait longtemps que j’avais pas vu de triton), vous risquez de vous ennuyer assez sévère devant l’indigence de l’histoire, et l’absence totale de lien entre cette histoire rachitique et les scènes animalières. Et même si vous êtes un enfant, pas sûr que vous accrochiez, d’abord parce qu’il ne se passe quasiment rien, et aussi parce qu’un môme au rang derrière a demandé trois fois, pendant la dernière demi-heure, si c’était bientôt fini. Sans doute il s’ennuyait autant que moi…

A voir : pour les animaux, ou allez voir un autre documentaire
Le score presque objectif : 5,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -2, la moitié est à jeter, et l’autre n’est plus très vivace non plus

Sébastien Keromen