Detachment
Detachment
Sortie:
01/02/2012
Pays:
USA
Genre:
Durée:
97 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Detachment

par: Emmanuel Galais

Henry Barhes est un professeur remplaçant. Il est assigné pendant trois semaines, dans un lycée difficile de la banlieue New-Yorkaise. Lui, qui s’efforce de toujours prendre ses distances va voir sa vie bouleversée par son passage dans l’établissement.

Obscure est la société qui se dessine à nous, oscillant ses doigts squelettiques sur nos existences moribondes, dont le relief se fait miroir dans le noir obscur de nos ambitions. L’adolescence ne s’entend plus dans le raisonnement morbide de ses aïeux, et nous, piètres exemples de vies désabusées, muets au milieu de cette cacophonie de désillusions pesantes nous errons dans les méandres d'un monde sans destin. Amis, tenons nous la main, dans cette inévitable glissement vers une ultime odyssée, et acceptons ensemble de partager nos schizophréniques pathologies sentimentales, et comptons sur Tony Kaye (American History X) et Adrien Brody (Le pianiste) pour raisonner de toute notre obscurité.

Bon résumons un peu tout ça, de loin « Detachment » pourrait ressembler à « La journée de la jupe », mais en fait pas du tout ! Le réalisateur nous donne une vision aussi déprimante que désabusée d’un système éducatif américain à bout de souffle, et par la même occasion, nous laisse nous aussi à bout de souffle, à la fin d’1h37 d’un calvaire lent et obscur, où les personnages s’enfoncent, à chaque instant un peu plus vers une fin inévitable.

Sans beaucoup de surprise, bien au contraire, le scénario déroule une histoire où s’entrechoquent les caricatures des maux d’une société sur le déclin, avec un rare pessimisme, au point que le spectateur s’interroge réellement sur le but ultime de l’histoire. On y trouve pèle mêle le professeur remplaçant désabusé, la jeune fille abandonnée de foyers en prostitution, l’autre au bord de l’implosion par une solitude qui la ronge, un autre enseignant proche du gouffre, alors que son collègue a trouvé le fond du trou et ainsi de suite, pendant un temps qui nous parait interminable.

Et pour cela, le réalisateur s’appuie sur une distribution particulièrement neurasthénique, à commencer par Adrian Brody lui-même qui semble avoir définitivement adopté le style « Basset Hound ». L’acteur sait jouer sur la corde sensible, mais l’obscurantisme du film ne fait que creuser un peu plus l’écart entre les sentiments qu’il souhaite faire passer et ce que ressent le spectateur. On peut tout de même noter la prestation impressionnante de maturité de la jeune Sami Gayle qui, du haut de ses 16 ans se risque à une composition sur le fil du rasoir. Pour le reste, rien de bien exceptionnelle, sinon une certaine cohérence dans l’ennuie.

Pour finir, « Detachment » déçoit plus qu’il ne soulève l’émoi prévendu, et ce n’est pas la mise en scène faussement originale, avec l’incursion d’animation pour tenter d’alléger son propos d’un réalisateur qui semble avoir lui-aussi touché le fond d’une désillusion, au point de manquer de peu de voir les touches de couleurs qui se trouvent toujours dans les endroits les plus sombres. Un film, au final, pesant !