Sherlock Holmes : jeu d’ombres
Sherlock Holmes: a game of shadows
Sortie:
25/01/2012
Pays:
USA
Genre:
Durée:
2h05 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Sherlock Holmes : jeu d’ombres

par: Sebastien Keromen



Le premier Sherlock Holmes avait créé la surprise en réunissant les fans du détectives et les fans de divertissements hollywoodiens. Le second se devait d’aller plus loin. Mais plus loin ne risque-t-il pas de l’éloigner des premiers ? (réponse : si !)

Sherlock Holmes : jeu d’ombres
Titre original : Sherlock Holmes: a game of shadows
USA, 2011
Réalisateur
 : Guy Ritchie
Acteurs : Robert Downey Jr., Jude Law, Noomi Rapace, Rachel McAdams, Jared Harris, Stephen Fry, Kelly Reilly
Musique de : Hans Zimmer
Adapté très librement des romans de Arthur Conan Doyle
Durée : 2h05

L’histoire
Le professeur Moriarty… Il manigance un mauvais coup d’ampleur mondiale, mais lequel ? Sherlock Holmes et Watson vont devoir suivre les indices à travers l’Europe pour l’arrêter.




La critique

Le premier Sherlock Holmes avait été une bonne surprise. Une relecture moderne des livres, les respectant tout en actualisant les aventures du détective. Malgré le côté très orienté action du film, on y retrouvait tout ce qui caractérisait Holmes dans le livre, sa relation avec Watson, et les fans comme les novices pouvaient apprécier le personnage. Et j’espère que vous en avez bien profité, car dans ce deuxième opus, il ne reste presque plus rien du Holmes des romans. Comme si le premier film avait été une transition vers un Holmes plus proche d’Indiana Jones ou James Bond que du détective original. C’est tout juste s’il daigne faire quelques déductions, il est trop occupé à se battre, ou dans des fusillades, ou dans des poursuites. Bien sûr, l’adaptation fidèle des romans serait trop plate pour du cinéma, mais il y a un juste équilibre à trouver, que le premier opus avait frôlé, et qui n’est plus ici qu’un lointain souvenir.




Le premier Sherlock Holmes avait réussi à rendre crédible un casting improbable. Pas de souci pour les acteurs déjà présents dans le précédent film, ils reprennent avec brio leurs rôles. Mais que dire des nouveaux ? Quelle paresse ! Un casting sans aucune surprise, aucune audace, qu’on aurait choisi à l’identique dans une adaptation toute poussiéreuse. Le professeur Moriarty ressemble exactement à ce qu’on pouvait en attendre, sans surprise, sans panache, sans même faire vraiment peur. Stephen Fry est parfait en Mycroft, mais encore une fois trop évident comme choix. Et que dire du bras droit de Moriarty, tout poussiéreux aussi et absolument insignifiant ? Il y avait tant d’idées originales à avoir pour tout ça ! Pourquoi pas un Moriarty jeune ? Ou femme ? Ou confondu avec Mycroft ? Sérieux, je viens déjà d’avoir 3 idées meilleures que toutes celles du film. On ne peut qu’être déçu que la prise de risque faite sur le premier film soit déjà finie…




Le premier Sherlock Holmes avait reconstitué Londres avec soin. Là on va voyager un peu, y compris à Paris, mais la reconstitution est toujours parfaite, l’ambiance crédible (si la mise en scène avec ralentis ne vous semble pas trop anachronique), la musique à l’unisson. Y a pas à dire, côté emballage, le film assure.
Le premier Sherlock Holmes avait un scénario tout moisi. Pour éviter ce problème, le deuxième a trouvé la solution : ne pas avoir de scénario du tout. L’histoire est absolument pitoyable, sans bonne idée, sans vrai fil conducteur, sans rebondissement notable, avec des flash-back pour nous expliquer des trucs qu’on avait déjà compris avec notre cerveau à nous, et avec un fil d’enquête mince comme une question Trivial Pursuit dans un Apéricube. Les énigmes à résoudre sont aussi basiques qu’inintéressantes, et on se contente d’enchaîner les scènes d’action sans savoir à quoi elles servent. Sans oublier les mauvaises idées, comme une grande fusillade à coup de fusil mitrailleur et de canon (un Sherlock Holmes, vraiment ?), ou une attaque dans le train qui rappelle plus Bons baisers de Russie que le détective londonien. Alors, au final, on ne peut que s’ennuyer devant cette suite sans queue ni tête qui ne va nulle part, en espérant que ça sera bientôt fini, parce qu’en plus c’est trop bruyant pour pouvoir dormir.




Le premier Sherlock Holmes était précurseur. Mais depuis, est arrivé – peut-être grâce au succès du film, il est vrai – la série diffusée en Angleterre sur la BBC, et qui revisite le mythe Sherlock Holmes avec brio en le transposant de nos jours, tout en gardant toute l’essence et l’esprit des romans. Et quand on voit ce que cette série a su faire de Moriarty et de son affrontement avec Sherlock dans l’adaptation du « Dernier problème » (dont le film ici est également très lointainement adapté, et qui est à la base loin d’être l’épisode le plus intéressant dans les romans), ça fait très mal pour le film.




Le premier Sherlock Holmes était un film honnête. Ce nouveau film est… Voyons. Ce n’est pas vraiment un film policier, car l’enquête est vraiment trop ridicule. Ça pourrait être une comédie, mais le trait est un peu gros pour être vraiment drôle (même si parfois on rit bien). Ça pourrait être un film d’action, mais on en attendait autre chose, et de toute façon les scènes d’action sont plutôt moyennes, montées trop cut pour être lisibles, et plutôt fatigantes. Ce n’est pas une comédie musicale, ça c’est sûr, personne ne chante, quoiqu’il y ait un peu de danse. Ça n’est pas un film historique puisque tout est inventé. Alors qu’est-ce que c’est ? Comme disait le vrai Sherlock Holmes : « Quand toutes les autres possibilités ont été écartées, la solution qui reste, aussi improbable qu’elle soit, doit être la vérité ». Voilà. Le film est donc une daube.

A voir : mieux vaut encore revoir le premier. Ou pas.
Le score presque objectif : 5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -2, non vraiment, Sherlock Holmes c’est plus au ciné qu’il faut aller le voir

Sébastien Keromen