Cloclo

Cloclo était-il la plus grande star de la chanson française ? Peut-être. Jérémie Renier était-il né pour jouer Claude François ? Peut-être. Florent Emelio Siri était-il né pour mettre en scène ce film ? Peut-être. Et le film est-il réussi ? Peut-être pas…

Cloclo
France, 2012
Réalisateur : Florent Emilio Siri
Acteurs : Jérémie Renier, Benoît Magimel
Musique de : Alexandre Desplats
Durée : 2h30

L’histoire
Égypte, 1939, Claude François naît. Baignoire, 1978, Claude François meurt. Entre les deux, une vie incroyable mêlée de succès phénoménal, d’amour et de coups de gueule, de femmes et de fans, de musique et d’argent, sans doute trop pour un seul homme.




La critique

Le problème avec les biopics, habituellement, c’est qu’ils sont tous pareil. Et d’ailleurs, comme d’habitude (oui, ah ah), celui-ci est aussi pareil. Car comme tous les biopics récents (à part Gainsbourg), Cloclo est une reconstitution fidèle, mais aussi laborieuse et sans point de vue. Si le film évite à peu près l’enfilade de saynètes sans lien avec une continuité chronologique et logique, il se contente de raconter assez platement l’histoire de notre Claude national. J’avoue ne pas être fan du personnage, car si j’aime bien certaines chansons, sa personnalité (pour le peu que j’en connais) m’a toujours insupporté. Et d’ailleurs le film doit être honnête, car le personnage dépeint ici m’a également insupporté. Reste à voir ce qu’un fan de Cloclo pensera de cette histoire. Bien sûr, le présenter avec ses faiblesses l’humanise et peut le rendre plus attachant, mais n’est-ce pas aussi faire revenir le surhomme au niveau du commun des mortels ?




Au moins, les biopics sont une bonne occasion de grandes performances d’acteurs. À part là. Je ne vais pas dire que Jérémie Renier ne fait pas du bon boulot, mais on oublie assez peu souvent l’acteur (surtout quand il fait son sourire de benêt, qu’on imagine mal sur Cloclo). Si à quelques rare reprises on croit voir Claude François, la plupart du temps on voit un Jérémie Renier qui ne lui ressemble finalement pas tant que ça physiquement, et qui peine à avoir les mêmes expressions que l’original (encore une fois, pour le peu que j’en connais). Peut-être la faute au maquillage parfois trop discret et parfois pas discret du tout, est-ce bien raccord ? À côté, on se demande pourquoi avoir été chercher Benoît Magimel s’il ressemble aussi peu à Paul Lederman, ce qui conduit à une quantité de maquillage que la morale réprouve, pour une interprétation pas si formidable que ça. Pour le reste, des acteurs inconnus assurent les seconds rôles, mention spéciale à la petite mignonne qui joue France Gall. Mais pour un biopic, genre cinématographique par excellence propice à des interprétations mémorables, la récolte est maigre.




Pour le reste, Cloclo est un film bien – mais pas assez discrètement et humblement – mis en scène, avec plein de chansons de Claude François – jouées beaucoup trop fortes –, une musique originale très réussie d’Alexandre Desplats, et une longueur de 2h30, est-ce bien raisonnable ? Comme déjà dit, le film n’est ni laudatif ni négatif, mais difficile de dire si les fans seront comblés tant les côtés peu reluisants de la star sont présents. On appréciera les quelques éclairages (mais qu’on aurait souhaité plus nombreux) sur la genèse de certaines de ses chansons, et on se demandera si tout ce qui est raconté sur sa vie privée était vraiment nécessaire car un peu longuet (réponse à la question : oui, sans doute, c’était nécessaire puisqu’on raconte sa vie ; mais ça n’empêche pas tout cela d’être un peu longuet). Au final, un biopic de plus qui peine à sortir de la masse, et n’arrive pas non plus tout à fait à nous convaincre du pourquoi Claude François sortait de la masse. Et si on ne s’ennuie pas vraiment, le film est trop long, et on se prend à espérer, bien avant la fin, que ça soit déjà fini. Et d’ailleurs, la fin du film marque un gros raté. Sur la mort de Cloclo (n’allez pas me faire croire que je vous ai spoilé). Car on pouvait espérer une ellipse élégante, et on aura une scène explicite et qui tire incroyablement en longueur, et dont la seule tension est de savoir si, vraiment, ils vont lui faire jouer l’électricien dans sa baignoire, et la réponse horrifiée est oui. Ça n’enlève pas l’émotion suivant sa mort, mais vraiment ça ressemble à une grosse faute de goût facilement évitable, qui clôt un film tout à fait dispensable.

A voir : pour les fans de Cloclo, peut-être, si vous êtes prêt à ne pas voir tout en rose
Le score presque objectif : 6,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -1, mais d’un autre côté moi j’aime pas Cloclo (le gars)

Sébastien Keromen