John Carter
John Carter
Sortie:
07/03/2012
Pays:
USA
Genre:
Durée:
2h20 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

John Carter

par: Sebastien Keromen

Connaissez-vous John Carter ? Non ? Normal, car il doit bien s’agir du film avec la pire promotion depuis longtemps. Titre sans éclat, affiche moche, personne n’en parle. Mais passons, et entrons dans la salle…

John Carter
Titre original : John Carter
USA, 2012
Réalisateur
 : Andrew Stanton
Acteurs : Taylor Kitsch, Lynn Collins, Dominic West, Mark Strong, voix de Samantha Morton, Willem Dafoe, Thomas Haden Church
Musique de : Michael Giacchino
Adapté du roman d’Edgar Rice Burroughs
Durée : 2h20

L’histoire
John Carter ne veut pas être enrôlé dans la cavalerie. Il veut juste faire fortune et ne déranger personne. Mais sa quête va l’amener soudainement sur Mars, où on a bien besoin d’un héros…




La critique

C’est pas souvent qu’on voit un film qui rate autant de trucs. Grosso modo, scénario, casting, dialogues, 3D, design, musique, rien n’est à sauver. Le pire est bien le casting, qui a retenu quelques noms connus mais juste pour les voix, et a choisi des inconnus, qui sans doute le resteront longtemps, pour les rôles principaux. Sérieux, pour John Carter, vous aviez rien d’autre ? On croirait un croisement entre un épagneul et un Playmobil, avec une coiffure impossible. Et en plus il s’appelle Kitsch, au moins il annonçait la couleur. Quant à la princesse, réussir à trouver une fille ni vraiment belle, ni vraiment séduisante, et sans caractère ni charisme, c’est presque un exploit. Le reste du casting est à l’avenant, avec des tas de gens dont on sait jamais qui est qui, tellement ils se ressemblent tous (puisqu’ils ressemblent tous à rien). À côté des humains, on a un peuple de créatures en images de synthèse totalement crédibles (ça, pas de problème, quand même, on sait faire maintenant, et c’est un sans-faute), mais au design franchement ni très imaginatif, ni très engageant. Et je ne parle même pas du chien martien, dont l’aspect aurait aussi mérité d’être travaillé beaucoup plus (surtout que le personnage est attachant). Et je ne parle pas (ah tien, si) des costumes qui sont à la fois classe et complètement ridicules. Les bâtiments et vaisseaux sont mieux réussis, et les décors aussi, mais sans être totalement soufflants.




Mais le deuxième gros problème, c’est le scénario. Le film est adapté d’un vieux livre d’Edgar Rice Burroughs, livre ayant d’ailleurs posé les bases pour la science-fiction telle que nous la connaissons. C’est un premier aspect un peu gênant, car, de fait, on a déjà un peu tout vu dans d’autres films. Mais bon, ça on s’y attendait. Par contre, on espérait un scénario qui arrive à condenser ou raccourcir l’histoire du livre, qui semble bien à l’étroit dans ce film. À chaque fois que ça parle, on nous balance des tas de concepts ou infos venues de nulle part et qui repartent dans le néant, et, il faut bien le dire, souvent on ne comprend rien à ce qu’ils racontent. Peut-être les adeptes du livre suivent-ils sans problème, mais pour les néophytes, la moitié de l’histoire est juste complètement hermétique. Et le tout en dialogues à pleurer de platitude déclamés par des acteurs pas crédibles, on a vu mieux (et souvent). Bien sûr, on comprend tout de même l’histoire générale, mais pas mal de trucs restent incompris même à la fin, comme par exemple la nature de la neuvième lumière, ou qui sont les déesses, ou ce que fait exactement cette ville ambulante… On sent que ça doit être décrit en détails dans le bouquin, mais là il manque sans doute d’avoir coupé ce qu’on n’avait pas le temps d’expliquer. D’autant plus qu’il y a tout de même de bonnes idées de scénario (dont la fin) qui sont un peu noyées par cette abondance d’informations. Et puis c’est une bonne idée d’avoir évité que les martiens ne parlent anglais, mais résoudre le problème en faisant boire un Red Bull linguistique au gars Carter pour d’un seul coup parler le martien, c’est un peu court, jeune homme ! Sans oublier que le film commence par 20 minutes de western qui dépareille un peu et n’apporte que des platitudes au background du héros.




Côté spectacle, c’est déjà un peu mieux. Du moment que vous n’y alliez pas pour la 3D, ajoutée en post-production, et, à part pendant environ les 10 premières minutes, quasiment indécelable. Et du moment que vous n’êtes pas trop difficile sur la cohérence. J’explique. Le gars John, terrien arrivant sur une planète à densité beaucoup plus faible, a donc des muscles disproportionnés par rapports aux autres. Au début il arrive pas à marcher correctement (normal), mais il lui suffit de quatre minutes pour s’y faire et après, jamais plus on n’aura l’impression qu’il marche en apesanteur réduite (oui, on a arrêté l’effet spécial, mais quand même). Par contre, quand il saute, là c’est la folie, des sauts de 200m de haut et de long sans même bouger les oreilles. J’avoue avoir totalement la flemme de faire des calculs, mais même avec les muscles terriens et la gravité martienne, ça m’étonnerait beaucoup qu’il puisse faire ça. Sans compter le ridicule de cette action (vous vous souvenez du premier Hulk ? pareil). Et pour finir, grâce à ses super muscles, il peut tuer un gars d’un seul coup de poing. Mais seulement des fois. Parce que souvent il se fait dérouiller, pourquoi il tape pas ? Je dirais bien qu’il a peur de faire mal, mais justement le personnage, par ailleurs presque timide et ne demandant rien à personne, ne semble pas reculer devant le massacre de dizaines d’ennemis à grands coups de sabre. Dans un blockbuster, pourquoi pas, mais ça ajoute au peu de crédibilité qu’a son personnage. Mais bon, tout ça ça n’empêche pas des scènes d’action plutôt dynamiques, lisibles et assez jubilatoires, avec plein de combattants, des batailles de vaisseaux spatiaux.




Et pourtant, malgré cette multitude de défauts, le film a tout de même quelque chose. Difficile de dire exactement quoi. Peut-être que l’ampleur du bouquin, même si décrite partiellement, lui donne un background, une ambiance et une profondeur. Peut-être que la partie compréhensible du scénario nous accroche. Peut-être que la face de Vache-qui-rit de Carter finit par nous toucher quand même un peu (avec ses flash-back à 3 eurocents). Peut-être qu’on se laisse enthousiasmer par l’action et les grandes batailles, et l’aspect un peu mystique de l’histoire. Pourtant, le fait est que, malgré tout ces problèmes qui devraient être rédhibitoires, on passe plutôt un bon moment et on ne s’ennuie pas. Alors, si je ne peux décemment pas vous recommander un film aussi moisi de partout, je ne peux pas non plus vous le déconseiller car peut-être passerez-vous outre les défauts pour profiter de cette étincelle… Ou peut-être, le mieux, est-il de lire le livre ?

A voir : non, mais oui, mais non, mais oui, mais non. Enfin bon, peut-être. Pour vous aider : c’est tout pourri mais c’est pas mal quand même. Bon, ça vous aide pas.
Le score presque objectif : 6,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +/-0, je ne sais même pas si je me le conseillerais moi-même

Sébastien Keromen