Biopic par-ci, biopic par-là, on n’en sort plus des biopics. Alors comment sortir de la masse pour un nouveau biopic ? Et si c’était en ne racontant qu’une petite partie de la vie d’une personne, en prenant son temps, et en la racontant bien ?
My week with MarilynTitre original : My week with Marilyn
USA, UK, 2011
Réalisateur : Simon Curtis
Acteurs : Michelle Williams, Kenneth Branagh, Eddie Redmayne, Julia Ormond, Judi Dench, Dominic Cooper, Emma Watson, Toby Jones
Musique de : Alexandre Desplats
Adapté du roman de Colin Clark
Durée : 1h40
L’histoire1956. Marilyn Monroe vient pour la première fois en Angleterre tourner dans le nouveau film de Laurence Olivier. Mais avec deux telles stars, rien n’est simple…
La critiquePOUrquoi encore un biopic ? Parce que ce n’en est pas tout à fait un… Car loin de ces biographies pesantes et interminables démarrant à la naissance et finissant à une mort libératrice tant pour le héros que le spectateur, nous avons affaire ici à une tranche de vie qui ne dure que le temps du tournage d’un film. Ce qui permet pour une fois de raconter une vraie histoire, et non d’enchaîner chronologiquement (ou pas) les grands événements de la vie de la star. Nous avons donc enfin droit à des enjeux, des personnages, un ton et une ambiance, sans être écrasés par une histoire de plusieurs dizaines d’années. Mais pour autant, il s’agit bien d’une histoire vraie, avec de vrais personnages que nous connaissons tous.
POUrra-t-on parler d’une performance troublante de mimétisme ? Eh bien pas tout à fait. Car pour une fois, on ne joue pas au caméléon avec prothèses à l’appui. Pendant tout le film, Michelle Williams ressemble à Michelle Williams avec la coiffure de Marilyn, et Kenneth Branagh ressemble à Kenneth Branagh. Ce qui est un peu normal pour Marilyn, puisque le film passe son temps à rappeler qu’elle avait quelque chose d’unique à l’écran. Unique = Marilyn = pas Michelle Williams = cette dernière ne l’a pas = on ne peut pas la prendre pour Marylin, CQFD. Ce qui ne veut pas dire qu’on n’y croit pas en Marilyn et Laurence Olivier, au contraire, mais plus comme des acteurs qui jouent leurs rôles qu’à une réincarnation. Et cela ne gêne pas, et ajoute même à l’impression de voir un film et non une reconstitution censée être semblable aux vrais faits. De plus, les deux sont extrêmement convaincants dans leurs rôles qui sont Marilyn et Laurence Olivier mais qui ne leur ressemblent pas tout à fait. Et tous les acteurs, d’ailleurs, s’en donnent à cœur joie et donnent un vrai plaisir de spectateur. Comme le film en profite pour s’enthousiasmer, mettre de la chouette musique de jazz, et emballer tout ça avec un bon rythme, nous voilà bien loin des biopics longuets pour un vrai film sur des personnages crédibles et attachants. Et aussi l’impression de toucher du doigt l’intimité de ces stars puisque tout reste crédible et cohérent avec ce qu’on sait d’eux.
PIétinant allégrement les règles habituelles du biopic,
My week with Marylin nous sert un film pétillant, drôle, enlevé, mais qui n’oublie pas non plus des moments plus graves ou sensibles, autour des personnalités et craintes des deux stars. Un joli moment qui les humanise et les rend touchants, et ajoute au film sa deuxième couche, celle d’humains qu’on comprend, sur la première couche de stars intouchables.
DOUcement, on se laisse entraîner par le film, son charme, sa légèreté et sa sensibilité, son humour, le charme des acteurs, le charme de cette bluette, la sagesse et la folie qui s’en dégagent, l’aura de Marilyn, sa joie et sa tristesse, le talent et la frustration de Laurence Olivier, et on passe un excellent moment. Comme quoi, il faut d’urgence arrêter de raconter l’histoire d’une personne, pour seulement en conter des histoires, les spectateurs en sortiront gagnants. Et charmés.
A voir : pour une histoire jolie et enlevée, entre mythe et humain
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, charmant et joyeux
Sébastien Keromen
