Rebelle
Brave
Sortie:
01/08/2012
Pays:
USA
Genre:
Durée:
95 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Rebelle

par: Emmanuel Galais

Depuis la nuit des temps, au cœur des terres sauvages et mystérieuses des Highlands d’Ecosse, récits de batailles épiques et légendes mythiques se transmettent de génération en génération. Merida, l’impétueuse fille du roi Fergus et de la reine Elinor a un problème…Elle est la seule fille au monde à ne pas vouloir devenir princesse ! Maniant l’arc comme personne, Merida refuse de se plier aux règles de la cour et défie une tradition millénaire sacrée aux yeux de tous et particulièrement de sa mère.

Hollywood traverse une période de doute sans précédent, remettant en cause tout ses acquis, se mettant même à trembler devant un public, qui lui, n’a eu de cesse d’évoluer, et parfois à contre-courant de ce qu’imaginait les grands faiseurs de rêves américains. A commencer par Disney, qui essuya le plus gros échec de sa carrière (John Carter) et dans le même temps put rebondir avec la vague « Avengers ». Mais qu’en était-il de son corps de métier après le premier échec critique et public de Pixar que fut « Cars 2 » ?

Et bien, comme à chaque fois, le studio sait rebondir et sait se regarder dans le blanc des yeux pour pouvoir trouver cette étincelle qui fit à chaque fois sa réussite. Et de la même manière que lors de l’ère Kartzenberg (la petite sirène, Le roi lion), le studio fait une approche en douceur avec une première révolution : une princesse noire (La princesse et la grenouille), puis une autre plus combattive (Raiponce) pour finir avec une jeune fille qui,  réfute de façon catégorique le fait de devenir princesse et préfère se battre comme un garçon et se lancer des défis en toute indépendance : « Rebelle ».

Et toute la qualité de ce dessin animé, réside prioritairement là : Le studio arrive sur un terrain qu’il avait volontairement délaissé : le conflit intergénérationnel. Le changement de l’adolescent, ce passage difficile de l’âge de l’insouciance à celui des responsabilités, du protocole, de la bien pensée. Un sujet souvent survolé par les précédentes productions du studio, à commencer par Jasmine, qui refuse qu’on lui impose un mari. Dans « Rebelle » la réflexion est bilatérale, avec une remise en question de l’héroïne, bien sur, mais aussi des parents et particulièrement de la mère, gardienne des traditions, enfermée dans son rôle de reine et aveugle dans celui de mère. Les scénaristes vont plus loin qu’un simple alibi pour une trame plus conventionnelle, au contraire ils en font le sujet même de l’histoire. Et de ce côté-là, la réussite est totale, puisqu’ils profitent de l’occasion pour transgresser certaines règles chères au studio, inviolables  jusque là.

Et les réalisateurs Mark Andrews et Brenda Chapman l’ont bien compris, puisqu’ils décident de surfer sur la vague du changement, avec des situations drôles, mais aussi en faisant tomber des barrières: Plus de personnages asexués, on a même le droit à une coutume Ecossaise réputée : le soulevage de Kilt, la nudité est ainsi présente (toute mesure gardée bien sûr), mais aussi le rapport charnel des parents qui s’assume un peu plus que lors des précédentes productions. Tout cela n’est pas capital bien sur, mais est suffisamment significatif du changement radical qu’opère le studio dans le traitement de ses histoires. En collant un peu plus aux évolutions de notre société.

Bien sûr, le changement a ses limites, et « Rebelle » s’inscrit une fois de plus dans la grande tradition Disney, avec des influences (involontaires peut-être ?) aux grands succès précédents (La belle et la bête, Aladin, Frères des Ours, etc.…). On y trouve ainsi de la magie, des bons sentiments, de l’humour et des environnements particulièrement soignés. Les forêts, les Highlands et les textures sont toujours aussi bien traités. On a parfois du mal à définir le faux du vrai. Un seul bémol, peut-être dû (Certainement) au matériel de la salle de projection qui nous a accueillis, mais certains mouvements de caméra, notamment les travellings et certains détails sont un peu floutés, lors d’une projection 3D. Le film « Rebelle » est tellement minutieux dans ses détails qu’il semble ne pas apprécier un matériel mal réglé ou pas suffisamment performant.

En conclusion, « Rebelle » signe un nouveau virage dans l’univers des animations Disney, avec une héroïne qui affirme enfin ses choix, qui s’oppose au destin que l’on souhaite lui imposer, et qui n’hésite pas à prendre les armes pour être traité comme elle l’entend. L’animation est toujours aussi méticuleuse, le scénario nous cueille, là où on ne l’attend pas et la réalisation n’hésite pas à transgresser les codes. Une véritable réussite !