Des hommes sans loi
Lawless
Sortie:
12/09/2012
Pays:
USA
Genre:
Durée:
115 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Des hommes sans loi

par: Bruno Orru



Des hommes sans loi nous plonge dans l’Amérique des années 30, en pleine prohibition et propose un tableau réaliste de ce qui pouvait être le quotidien en Virginie de certains hommes… sans loi. Le film de John Hillcoat (le réalisateur de La route) arrive sur le grand écran empreint d’une certaine malédiction suite à ses 8 nominations au dernier Festival de Cannes, y compris pour la Palme d’or… mais avec une récolte nulle au final. Pourtant cette fresque des trois frères Bondurant (basée sur l’histoire vraie de ces trois frangins) séduit.

L’histoire en quelques mots

1931. Au cœur de l’Amérique en pleine Prohibition, dans le comté de Franklin en Virginie, état célèbre pour sa production d’alcool de contrebande, les trois frères Bondurant sont des trafiquants notoires : Jack, le plus jeune, ambitieux et impulsif, veut transformer la petite affaire familiale en trafic d’envergure. Il rêve de beaux costumes, d’armes, et espère impressionner la sublime Bertha… Howard, le cadet, est le bagarreur de la famille. Loyal, son bon sens se dissout régulièrement dans l’alcool qu’il ne sait pas refuser… Forrest, l’aîné, fait figure de chef et reste déterminé à protéger sa famille des nouvelles règles qu’impose un nouveau monde économique. Lorsque Maggie débarque fuyant Chicago, il la prend aussi sous sa protection. Seuls contre une police corrompue, une justice arbitraire et des gangsters rivaux, les trois frères écrivent leur légende : une lutte pour rester sur leur propre chemin, au cours de la première grande ruée vers l’or du crime.

La critique

Des hommes sans loi est l'adaptation cinématographique du roman de Matt Bondurant, intitulé "The Wettest County in the World" traduit en « Pour quelques gouttes d'alcool » et disponible en France aux éditions Archipel. L’auteur est Jack, le plus jeune des frères ; il décrit l’histoire de sa famille durant l’époque de la Prohibition… avec de son propre aveu, une certaine liberté historique ! De fait, le récit  roman est basé sur un patchwork d’anecdotes familiales et de coupures de journaux de l’époque. Au final, comme on le constate dans le film, la famille Bondurant se révèle contestataire, hors la loi et sans remord à conclure des marchés avec la pègre de l’époque.

John Hillcoat propose un relais cinématographique de type Western, mais en pleine période de Prohibition aux Etats-Unis. Tout comme l’époque glorieuse du Western, la situation décrite met en scène des personnages typique, plus ou moins respectueux de la loi, parsemée d’escrocs sur toutes les couches sociales et baignant dans une certaine violence physique que le réalisateur retransmet à l’écran de manière très réaliste. Jeunes et émotifs, passez votre chemin.

Le film s’étire doucement tout au long des deux heures, on se croirait bien en pleine torpeur de Virginie, en plein milieu de ce  petit comté proche de Chicago ou nous sommes transportés ; un lieu où la plupart des fermiers fabriquent de l’alcool de contrebande avec leurs cultures, pour le distribuer en ville.

De fait, outre une reconstitution soignée de la Virginie des années 30, le film trouve principalement son intérêt dans le jeu des acteurs sélectionnés et l’on est rapidement séduit par ces trois frères au caractère bien différent. Tom Hardy (Forrest Bondurant), Shia LaBeouf sont les hommes sans loi vedettes mais le film propose d’excellents second rôles qui participent pleinement à la force du film, à commencer avec Guy Pearce absolument ignoble dans le rôle de l'agent spécial Rakes et Gary Oldman, excellent comme d'habitude dans le rôle d'un simili Al Capone local. N'oublions pas non plus Jason Clarke qui interprète également avec conviction le frère du milieu Howard.

On pourra certainement regretter que le jeu des acteurs est à la limite de l’exagération mais c’est bien cet aspect qui sort le film de cette torpeur dangereuse dans lequel il nous plonge. N’attendez donc pas un film aux multiples rebondissements mais, comme je vous le disais en préambule, il présente un pan de vie dans un monde peu décrit au cinéma. Le personnage de Forrest Bondurant est le pilier central du film, même si c’est le jeune frère que l’on entend en voix off, décrivant la vie menée par cette famille contestataire. Un léger trait comique se dégage du film du fait de cette légende amorcée dès le départ du film et présentant Forrest comme un homme ayant ésisté à tout (la maladie, la mort...) et qui se croit invincible. De cette invincibilité supposée née une intention ferme de défendre les intérêts de sa famille avec une force tranquille impressionnante ; je parle ici du jeu de l’acteur mais c’est également ce qui transparaît dans le récit, expliquant le respect quasiment sans limite de ses congénères locaux.

La performance de Tom Hardy est donc à signaler, d’autant plus que le personnage n’est pas vraiment adepte de la parole et que ce sont plutôt des grognements qui accompagnent généralement les décisions de l’homme.

Shia LaBeouf  est ici bien loin de ses performances oubliables des Transformers et livre une performance très intéressante car particulièrement crédible en fermier se transformant au fil des mois en redoutable homme d’affaire. On peut croire ici que le jeune homme ira loin…

Des hommes sans loi est un film d’hommes, les deux rôles dévolus à Jessica Chastain et Mia Wasikowska sont donc secondaires, mais pas inutile pour comprendre les agissements des deux frères Forrest et Jack.

En conclusion
Des Hommes sans loi est un film hautement recommandable pour vous changer les idées et plonger dans un monde de la Prohibition, un brin caricatural, mais emmené par de très bonnes performances d’acteur.

Ce film a été vu en avant-première dans le cadre des projections privées du club Allociné 300.

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