Après
La Traversée du temps et
Summer wars, deux films d’animation remarqués, Mamoru Hosoda nous conte toute l’enfance de deux enfants mi-humains mi-loups, élevés par leur mère dans une maison isolée. Si le film est inclassable, il mérite toute votre attention !
Les Enfants loups, Ame & YukiTitre original : Ookami kodomo no Ame to Yuki
Japon, 2012
Réalisateur : Mamoru Hosoda
Durée : 1h55
L’histoireHana rencontre un homme mystérieux, en tombe amoureuse, et a avec lui deux enfants. Mais cet homme était en fait un homme-loup, ce qui fait de ses enfants également des enfants loups. Avec peu de ressources et voulant éviter le regard des autres, la vie ne sera pas facile pour cette famille partie s’installer à la campagne…
La critiqueLes Enfants loups est un film beau et un peu déroutant. Voilà. C’est le titre de ma critique. On finira par le côté beau, qui sera facile à défendre, mais commençons tout de suite par le côté déroutant. Déjà, c’est un film dépaysant, car situé au Japon, avec ses us et coutumes, et en japonais. Et comme tant de films japonais, s’en dégagent des sentiments contradictoires.
Le film semble passer lentement mais passe rapidement. À cause d’un rythme très tranquille, on a un peu l’impression que le film n’en finit pas. Mais d’un autre côté, on se laisse happer dans le rythme quotidien de la famille, le rythme des saisons, et cette impression de durée augmente le sentiment de temps qui passe à leurs côtés.
Le film est poétique et réaliste. Son sujet et ses images ne peuvent que faire penser à de la poésie, à de l’art, à une légende. Mais il met en scène également la dureté de la vie et de la survie avec peu de ressources, un thème finalement aussi actuel et social que réaliste et terre-à-terre. Et ces deux approches se complètent plutôt que de s’opposer.
L’histoire est réduite et profonde. D’un sens, on se dit que finalement il n’y avait pas vraiment d’histoire, seulement la vie quotidienne. Pas de méchant, pas vraiment de situation à résoudre pour un happy-end, pas facile de résumer l’histoire. Mais d’un autre côté, il s’agit à la fois du destin d’une famille hors du commun, à la force de ses bras, et des interrogations profondes de deux enfants tiraillés entre leurs deux natures, on peut difficilement faire plus solide comme trame narrative, même en sauvant la Terre d’une météorite.
Les personnages sont attachants et désincarnés. À force de partager leur quotidien et leurs doutes, on est vite touché par les personnages et leurs interrogations. Mais par ailleurs, chaque personnage semble pouvoir être réduit en quelques traits un peu simplistes, être défini par son destin plutôt que par sa personnalité. Et finalement ça renforce un peu le côté conte et poétique.
Le film est naïf et dur. D’un côté, une bonne partie se passe comme dans un conte, où tout le monde est gentil et compréhensif, où il suffit de travailler pour réussir. Mais le film dépeint aussi la dureté de la vie, ses drames, ses inquiétudes, sans esquiver ces sujets.
Le film est beau et superbe. Là, au moins, c’est clair : le film est d’une beauté de tous les instants, la nature n’a jamais été aussi belle, sous la neige, le soleil ou la pluie, les personnages et l’animation sont parfaits, tout est d’un goût parfait et sans fausse note.
Ce film est à voir et à ne pas manquer. Parce que même si certains (comme moi) peuvent le trouver déroutant, son potentiel d’émerveillement est tel que vous ne devez pas risquer de passer à côté. Ça restera, dans tous les cas, un voyage mémorable.
A voir : pour la beauté, la poésie, et la richesse du film
Le score presque objectif : 8/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, à tenter absolument
Sébastien Keromen