Depuis
Trainspotting, et malgré des films de qualité inégale, on est toujours attentif à la sortie d’un nouveau film de Danny Boyle. Et si
Trance porte indéniablement la marque de son réalisateur, il porte aussi les traces d’un laxisme scénaristique condamnable. Elle est chouette cette phrase, tiens. En tout cas, un film pas top. Tiens, elle est moins bien, celle-là.
TranceTitre original : Trance
Royaume-Uni, 2013
Réalisateur : Danny Boyle
Acteurs : James McAvoy, Vincent Cassel, Rosario Dawson
Durée : 1h35
L’histoireFranck est commissaire-priseur dans une galerie d’art. Le jour où des gangsters interviennent pour voler un tableau, il arrive à le cacher, avant d’être frappé. Revenu à lui, il n’a plus aucun souvenir de l’endroit où il a caché le tableau. Seule l’hypnose pourra l’aider, et également révéler toute une partie sombre de cette histoire.
La critiqueLa virtuosité d’un Danny Boyle et la complexité d’un scénario à tiroirs, voilà une jolie promesse. Dans l’ensemble, on n’est pas volé sur ces deux attentes. Mais cela ne suffit pas à faire un film réussi. Côté réalisation, c’est du Danny Boyle pur sucre. Des plans léchés et stylés, un montage dynamique et imaginatif, qui parfois s’excite un peu trop alors qu’il ne se passe rien. Et de la musique qui claque, parfois un peu trop fort. Les amateurs du réalisateur ne seront pas déçus, et les autres, s’ils arrivent à ne pas se fatiguer des excès de mise en scène, ne pourront qu’apprécier la qualité du film. Mais bon, le film a décidé de jouer au petit malin et de lancer ses trois personnages dans une histoire haletante où rien n’est jamais ce qu’on croit, maintenant faut assumer.
Et là, c’est le drame. Pourtant tout partait sur de bonnes bases, avec une problématique accrocheuse, des rebondissements surprenants, une dualité entre les visions sous hypnose et la réalité, le doute de savoir si ce qui se passe est vrai ou dans la tête du héros, presque du David Lynch. Sauf que rapidement, les ficelles sont trop grosses, et on ne croit pas à ce qu’on vient de découvrir, on parle d’hypnose ici, pas de magie, no way que ça arrive à faire ça. Et comme les révélations tordues et peu crédibles s’empilent, que les personnages, à part peut-être celui de Rosario Dawson, sont unidimensionnels et pas passionnants, et que les scènes tirent en longueur sans qu’on sache si l’histoire avance ou si on est partis dans une très longue digression, on décroche, on se dit que finalement on se fout un peu de notre gueule, est-ce qu’on nous croit assez crédules pour avaler tout ça ? Et la réponse, en tout cas en ce qui me concerne, est non. On ne peut pas faire n’importe quoi dans un scénario, même en essayant de le faire rebondir suffisamment souvent pour ne plus savoir où on en est. Même le final, une fois qu’on a tout compris, est démesuré par rapport au film, confinant presque au n’importe quoi. Et je suis convaincu que si je revoyais le film en sachant tous les tenants et aboutissants de l’histoire, je m’apercevrais que le scénario fuit de partout. Si on ajoute les quelques fautes de goût de la réalisation, une interprétation sans surprise et avec peu d’épaisseur, il ne reste que de la déception au sortir de la salle.
A voir : pour une histoire tordue, si ça ne vous gêne pas qu’elle ne tienne absolument pas debout
Le score presque objectif : 5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -1, y a plein d’autres films avec un scénario malin mais qui se tient
Sébastien Keromen