Gatsby le magnifique
The Great Gatsby
Sortie:
15/05/2013
Pays:
USA, Austr
Genre:
Durée:
2h20 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Gatsby le magnifique

par: Sebastien Keromen

Cinq films en vingt ans. Baz Luhrmann prend son temps (parfois contre son gré), et chacun de ses films s’annonce comme un événement. Faisant l’ouverture du Festival de Cannes, son Gatsby le magnifique est un immense spectacle visuel qui va vous transporter dans les années folles.

Gatsby le magnifique
Titre original : The Great Gatsby
USA, Australie, 2013
Réalisateur
 : Baz Luhrmann
Acteurs : Leonardo DiCaprio, Tobey Maguire, Carey Mulligan, Isla Fisher, Joel Edgerton
Musique de : Craig Armstrong
Adapté du roman de F. Scott Fitzgerald
Durée : 2h20

L’histoire
Nick Carraway s’installe à côté de New York pour faire fortune. Mais c’est lorsqu’il rencontre son richissime et extravagant voisin, Jay Gatsby, que sa vie va prendre un nouveau tour.



La critique

Baz Luhrmann nous invite à une fête somptueuse ! Et comme le gars s’y connaît, en somptueux, comment refuser l’invitation ? Plus encore que jamais, sa maestria pour la mise en scène et le montage fait des merveilles, pour un film plein de surprises et d’inventions. Bien sûr, c’est un peu tape-à-l’œil et ostentatoire, et certains pourront ne pas accrocher. Mais si vous vous laissez entraîner dans ce maelström coloré et musical, le voyage sera inoubliable. Surtout que la 3D, enfin utile, magnifie tout cela, accentue les distances (ce qui est important dans l’histoire pour ce lac séparant les maisons des amants), renforce la démesure, tout ça pour une ambiance plus prenante et immersion complète. Les décors et costumes sont absolument parfaits en détails et en goût, d’une richesse qui remplit tout l’écran. La musique, entre jazz et hip-hop, toutefois nettement plus discrète que dans Moulin Rouge!, est à l’unisson, et les scènes de fêtes sont plus que jubilatoires.



Et dans ce décor, vivent des personnages passionnants. À part une légère réserve sur Gatsby, personnage un peu flou, et sans doute joué un peu trop en retenue par DiCaprio, les protagonistes sont attachants et exaltants. Malgré une narration un peu décousue en flash-back, on accroche tout de suite à leurs vies, leurs caractères, leurs espoirs et leurs rêves. Tobey Maguire excelle dans un rôle pourtant aussi ingrat que casse-gueule, celui de l’observateur qui n’intervient finalement que peu dans l’histoire. Et malgré cela on s’intéresse tout de suite à lui (les autres protagonistes, notamment Gatsby, mettent pas mal de temps à apparaître). Carey Mulligan, absolument magnétique, semble appartenir à cette époque, et arrive à faire coexister les deux faces de son personnage tout en restant crédible. Les seconds rôles sont une galerie haute en couleurs de personnages pittoresques et tous parfaitement interprétés. Visiter les décors, l’ambiance et l’époque du film à leurs côtés est un voyage surprenant à ne pas manquer.



Le film comporte deux actes. Et c’est bien le problème. Car ces deux parties de l’histoire sont finalement assez différentes dans leur énergie, leur ton, leur dynamique. Et pour une grosse première partie qui frise la perfection et nous fait décoller de nos fauteuils, la seconde partie nous y rassoit frustrés et insatisfaits. Car plus de grandes fêtes, plus d’ampleur, plus de démesure, plus rien de tout ce qui nous rendait heureux dans la première moitié. On passe à des discussions à n’en plus finir, qui deviennent un peu gavantes, et de plus déprimantes. On comprend bien que l’histoire est comme ça, mais ça laisse le film assez déséquilibré. Ça ne veut pas dire que cette partie est ratée, mais elle est juste honnête quand la première partie était flamboyante. Les personnages deviennent un peu plus caricaturaux, l’histoire un peu trop droite et inéluctable, et même un peu énervante dans une facilité scénaristique. Et c’est toujours dommage quand c’est la fin d’un film qui est moins réussie, car on reste toujours sur l’impression de fin, tempérant l’enthousiasme qu’on pouvait avoir au début.



Au final, Gatsby le magnifique est un film lui aussi magnifique
, dont la grande première moitié justifie sans réserve d’aller le voir. Mais avec le regret de ce déséquilibre qui nous déçoit dans la deuxième partie. L’histoire générale reste prenante et poignante, on continue à s’attacher aux personnages, mais profitez bien de la première partie car le plaisir de spectateur qui tutoie d’abord les sommets retombera à un niveau normal pour la fin. Ce qui ne change rien à la qualité du film. Mais on ne peut s’empêcher de penser qu’il aurait été parfait s’il avait été tout du long pareil.

A voir : pour un tourbillon qui vous entraînera
Le score presque objectif : 8,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, du grand cinéma, surtout dans la première moitié

Sébastien Keromen