Man of steel

Verdict: Très Bon

par: Sebastien Keromen

Superman revient ! Bon, bien sûr, on serait plus impatient si le film n’avait pas été si mauvais la dernière fois qu’il était revenu. Mais là, c’est une toute nouvelle équipe, avec le réalisateur de 300 et Watchmen, et le créateur des Dark Knight à la production. Et si on était à nouveau impatients ?

Man of steel
Titre original : Man of steel
USA, 2013
Réalisateur
 : Zack Snyder
Acteurs : Henry Cavill, Amy Adams, Michael Shannon, Russell Crowe, Diane Lane, Kevin Costner, Laurence Fishburne, Christopher Meloni, Richard Schiff
Musique de : Hans Zimmer
Adapté du comics de Joe Shuster
Durée : 2h20

L’histoire
La planète Krypton va exploser. Seul survivant : le petit Kal-El qui atterrit sur Terre. Et qui va jouer à Superman. Pour de vrai. Et ça tombe bien car quelques méchants de Krypton trouvent aussi le chemin de la Terre.
 


 La critique

Bonne ou mauvaise idée ? Superman est toujours délicat à adapter au cinéma. Dans les années 80, plutôt bonne idée pour Richard Donner. En 2006, très mauvaise idée pour Bryan Singer avec Superman returns, qui portait la nullité et l’inutilité à des sommets jamais explorés. Et aujourd’hui, c’est à Zack Snyder de s’y coller avec un Man of steel qui se veut plus mature et sérieux. Le résultat ? Une collection de mauvaises et de bonnes idées. Faisons le tri.
Ne vous découragez pas, car ça commence par plusieurs mauvaises idées. Tout le début sur Krypton, franchement, je l’aurais pas vu comme ça. Vous vous rappelez de la planète Mars de John Carter ? Ben ça ressemble à ça, en aussi peu enthousiasmant comme univers extra-terrestre, à part juste peut-être les espèces d’appareils de communication qui affichent une représentation en métal de l’interlocuteur. Plus tard on apprendra que certains principes plus intéressants président à la société kryptonienne, mais au début ça fait juste un peu autre monde Fisher Price… Et en plus ça dure, et d’ailleurs prenez votre mal en patience car le film est très long à démarrer. Comme tous les films expliquant la genèse d’un héros, mais en encore plus long. Bon, enfin, le bébé Kal-El est expédié dans l’espace, et là… euh ? Pourquoi Superman est déjà adulte et travaille sur un bateau de pêche ? Ils ont oublié une bobine ? Ben non, c’est juste qu’après avoir commencé l’histoire dans l’ordre ils ont choisi de faire un grand saut dans le temps et de nous raconter son enfance en flash-back qui n’apportent rien dans la structure de l’histoire, et sont un peu mous du genou et bêtas. Mais quelle idée !



 D’ailleurs, côté scénario, il y a quand même quelques idées pas terribles, voire absence d’idées qui conduisent à des raccourcis un peu violents. Superman entend parler d’un lieu gardé par le FBI, et coup de bol c’est un vaisseau kryptonien vieux de 200 000 ans mais qui accepte quand même son espèce de clé USB que son pôpa avait mis dans son vaisseau-berceau. Finalement, le coup du cristal vert qui construit tout un bâtiment quand on le jette sur la banquise, dans le film de 1978, c’était pas si ridicule. Et c’est tellement surpuissant cette technologie que sur la clé USB il y a la conscience de Jor-El qui lui explique son histoire, puis il appuie sur un bouton pour ouvrir une penderie, et paf, devinez ce qu’il y a dedans, le costume de Superman avec la cape. Mais comment il connaissait sa taille ? Côté scénario, on a un peu de mal à saisir le message du film et le dilemme du héros. « La Terre est-elle prête à accepter un extra-terrestre ? ». C’est pas un thème très actuel, ça. Peut-être qu’il y a le droit à la différence en sous-thème, mais c’est pas très net. Le tout est servi avec très peu d’humour, tout en pesanteur et sérieux, en détachant bien les mots pour être sûr qu’on comprenne bien que c’est important. C’est la mode maintenant après les Dark Knight, mais faut être indulgent avec ce premier degré un peu ridicule.



 Bonne ou mauvaise idée pour le casting du rôle de Superman ? Je dirais bien mauvaise idée, mais de toute façon pas facile de trouver quelqu’un de pas trop fade pour incarner ce héros trop lisse. En tout cas, Henry Cavill ne s’en sort pas terrible, cumulant manque de charisme et de personnalité. OK, il a les muscles, mais ça ne suffit pas. Avec sa tête de premier de la classe qui alterne entre le sourire « je suis gentil » et les lèvres crispées de quelqu’un qui se demande si les huîtres qu’il vient de manger n’avaient pas tourné vinaigre, on ne s’intéresse pas une minute à son état d’esprit et à ses interrogations sur sa mission sur Terre. Heureusement, le reste du casting fait preuve de meilleures idées. Pas pour Kevin Costner et Diane Lane, qui font ce qu’ils peuvent avec des personnages plats à pleurer. Un peu mieux pour Russel Crowe assez convaincant en Jor-El. Mais ce sont surtout les deux seconds rôles qui valent le déplacement. Amy Adams est toujours aussi craquante, mais a droit en plus à un rôle de Lois Lane carrément modernisé et loin d’être potiche ou damoiselle en détresse, ce qui ajoute une bonne dynamique à l’histoire. Quant à Michael Shannon en général Zod, il continue à confirmer tout le bien qu’on pense de lui avec une interprétation tour à tour en retenue et en violence, donnant une épaisseur à un méchant qui aurait pu rester caricatural.



 Zack Snyder à la réalisation, c’est l’assurance d’une mise en scène qui a la classe. Ça se vérifie pas mal, sauf quelques séquences en caméra à l’épaule qui bougent un peu trop. Surtout que la 3D accentue le mal de mer que vous pouvez éprouver à ce moment-là. Laquelle 3D est d’ailleurs plutôt réussie pour une conversion 3D (par opposition à un tournage 3D), sans être inoubliable non plus. La musique manque de retenue et de subtilité, je ne sais pas ce qui a pris à Hans Zimmer, on avait dû lui dire qu’on devait entendre sa musique même si une fusée décollait à côté de la salle de ciné. Et pas de thème reconnaissable pour le film, non plus, dommage. Mais venons-en à l’action.



 Car si le film cumule pas mal de mauvaises idées dans sa première moitié, il a l’excellente idée de réussir complètement sa deuxième moitié. On n’a presque plus de flash-back plombant, Zod vient de débarquer et on comprend enfin où l’histoire veut nous emmener, et Superman va arrêter de se demander s’il doit intervenir pour entrer dans l’action. Et là, c’est le bonheur. Le rythme est soutenu, les effets spéciaux parfaits, et l’action c’est du lourd. Si vous pensiez avoir vue une ville fortement détruite dans Avengers, vous n’avez encore rien vu. Et quand vous vous dites que la séquence d’action était énorme, vous vous apercevez qu’en fait elle n’est pas finie et qu’elle va être encore plus énorme. On n’est plus vraiment dans le registre « gentil » des autres Superman avec juste un gars ou deux en face, on entre dans un véritable film de guerre futuriste avec armée d’extra-terrestres contre Superman et l’armée américaine, du lourd des deux côtés, ça n’arrête pas.



 Alors que dire au final de ce nouveau Superman ? Qu’il faut se farcir une première moitié qui a un petit goût de faisandé avant d’arriver enfin à un énorme film de science-fiction (plutôt que film fantastique) qui n’est avare en rien pour nous offrir des scènes énormes. Et que quand il se bat, on n’a pas le temps de voir que Superman a une tête à claques, alors ça passe. Et que Russell Crowe a quand même bien la classe. Et que les costumes sont réussis. Et que les scènes de destructions déchirent, bruitages à l’appui. Et que Amy Adams est encore plus irrésistible en femme d’action. Et qu’un méchant réussi, ça fait toujours plaisir. Et que cette fois l’histoire est une nouvelle histoire, et pas une décalque sans saveur comme celle de Bryan Singer. Et que si Superman est quand même toujours assez niais et ennuyeux en tant que gars, quand les effets spéciaux suivent comme ici, il fait carrément mal quand il cogne. Enfin bref, prenez votre mal en patience sur la première moitié pour profiter d’une deuxième moitié énorme et jubilatoire, à consommer sans modération.

À voir : pour des scènes d’actions dignes des pouvoirs de Superman
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, une fois dans la deuxième moitié on passe l’éponge sur le début

Sébastien Keromen