Lone Ranger
Lone Ranger
Sortie:
07/08/2013
Pays:
USA
Genre:
Durée:
2h30 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Lone Ranger

Verdict: Moyen

par: Sebastien Keromen

Le nouveau film du réalisateur de Pirates des Caraïbes, avec l’acteur génial de Pirates des Caraïbes, sur vos écrans bientôt, avec un corbeau mort, un cheval bizarre, un indien étrange, un héros mou masqué, un méchant mal grimé, et un far-west ridiculisé. Des volontaires ?

Lone Ranger
Titre original : Lone Ranger
USA, 2013
Réalisateur
 : Gore Verbinski
Acteurs : Johnny Depp, Armie Hammer, Helena Bonham Carter, Tom Wilkinson, William Fitchner
Musique de : Hans Zimmer
Durée : 2h30

L’histoire
John Reid revient dans sa petite ville du far-west. Lui, un juriste, va devoir poursuivre des bandits, et croisera la route de Tonto, un indien bien étrange. Et aussi celle de spectateurs désolés d’être entrés dans la salle
 


La critique

Johnny Depp doit être un génie. Comment expliquer autrement qu’avec des accoutrements improbables, des rôles complètement barrés, et des personnages outrés, il arrive à être à chaque fois crédible et passionnant ? Que ça soit en Jack Sparrow, en Chapelier fou, en Sweeney Todd, en Willy Wonka, on marche à chaque fois. Et encore cette fois, en indien complètement décalé passant son temps à nourrir le corbeau mort qui lui tient lieu de coiffure, ça fonctionne sans problème malgré l’outrance de son accoutrement et de son comportement. Et chacune de ses apparitions vaut le détour.



Johnny Depp ne doit pas être tant un génie que ça. Comment expliquer autrement qu’il accepte parfois, comme ici, des films avec des scénarios complètement idiots et sans intérêt ? Car Lone Ranger, malheureusement, ne se résume pas à Johnny Depp, qu’on voit tout de même pas mal à l’écran, mais pas assez. À côté, il y a aussi une histoire sans intérêt, des personnages fades et/ou inutiles, de l’action molle et de l’humour pas drôle. Quand même. Le problème principal du film, c’est de ne pas avoir choisi entre comédie et action. D’accord, il existe de très bonnes comédies d’action, mais ici la partie comique n’est pas réussie, et l’action est souvent affadie ou décrédibilisée par l’humour (pas drôle). Ce qui fait qu’on reste sur notre faim sur les deux tableaux. Et surtout, on est consterné par l’histoire qui aligne des péripéties sans impact sur la suite (par exemple, il nous fait tout un cake autour du masque à mettre ou non… et finalement tout le monde le reconnaît du premier coup, même avec son masque), des personnages secondaires dont l’impact sur l’histoire est limité aux scènes où ils apparaissent (le rôle d’Helena Bonham Carter), des méchants dont les acteurs ont cru qu’un maquillage exagéré et d’en faire des tonnes suffirait à les rendre effrayants (perdu : ridicules), et d’un méchant secret qu’on a deviné dès la première fois qu’il apparaît à l’image. Non content d’être idiot, le scénario nous prend pour des idiots en supposant qu’on n’a pas compris une ellipse évidente (les héros posent des charges explosives sur un pont, puis on est dans le village et on entend un grand bruit… qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Heureusement qu’ils nous l’expliquent après). On a aussi des événements totalement improbables qui tomberont comme par hasard à pic deux scènes plus loin, comme cette balle donnée au petit garçon par Tonto pour aucune raison, mais qui finalement sera très utile au Lone Ranger après, non, promis, on n’a rien vu, tout est logique.



Au-delà de l’indigence de l’histoire, revenons sur le ton du film. D’abord, si une partie des gags semble destinés aux plus jeunes ou aux plus bêtes d’entre nous (si vous cherchez un film ou le cheval fait caca puis traîne un gars, la tête la première, dans son crottin, d’abord je ne vous parlerai plus jamais, mais en tout cas vous avez trouvé le bon film), le film est tout de même assez dur et violent, avec pas mal de morts, un méchant qui mange le cœur de ses victimes, et des menaces sur un enfant, et ne me semble pas tout à fait adapté aux plus jeunes. Et si on revient sur l’humour et l’action, finissons le constat d’échec. À part quelques gags drôles (vus comme toujours pour la plupart dans la bande annonce), le reste ne vole pas très haut et n’est pas très drôle. Et côté action, si quelques fusillades ou poursuites valent le détour, elles sont souvent désamorcées par une touche humoristique qui fait retomber la pression, comme par exemple l’idée incroyablement crétine de mettre comme musique l’ouverture de Guillaume Tell sur la grande scène finale de poursuite sur un train, la ridiculisant d’un bout à l’autre (allô, non mais allô quoi !).



Une accumulation de mauvaises idées donc pour ce film, comme encore celle de raconter tout ça en flash-back (sérieux, les gens du cinéma, les flash-back, si vous continuez va falloir que ça cesse), ce qui permet encore de casser le rythme et de ridiculiser un peu plus l’histoire. Ou bien, quand y en a plus y en a encore, de donner un background psychologique à Tonto pour expliquer son caractère étrange, avec un trauma à deux balles dans son enfance, voilà bien une idée typiquement américaine. Ou encore d’introduire une espèce d’élément mystique avec la résurrection du Lone Ranger, ou le corbeau de Tonto, pour n’en tirer absolument rien de tout le film. Alors au final, si le rythme est tout de même assez soutenu pour qu’on ne s’ennuie pas, on passe son temps (et ici, son temps c’est 2 heures et demie) à se désoler de la bêtise du film plutôt qu’à s’amuser, et à espérer que la prochaine scène avec Johnny Depp arrive rapidement, ce qui est parfois le cas, mais pas toujours. Si tant est que le film avait l’air a priori sympathique, Lone Ranger est finalement une très grosse déception et un aussi gros ratage.



À voir : pour Johnny Depp, malgré le reste
Le score presque objectif : 4,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -2, ne les encouragez pas dans cette indigence (indigence, pas diligence, OK ?)

Sébastien Keromen