Le Majordome
The Butler
Sortie:
11/09/2013
Pays:
USA
Genre:
Durée:
130 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Le Majordome

Verdict: Chef D’oeuvre

par: Emmanuel Galais



Le jeune Cecil Gaines, en quête d'un avenir meilleur, fuit, en 1926, le Sud des États-Unis, en proie à la tyrannie ségrégationniste. Tout en devenant un homme, il acquiert les compétences inestimables qui lui permettent d’atteindre une fonction très convoitée : majordome de la Maison-Blanche. C'est là que Cecil devient, durant sept présidences, un témoin privilégié de son temps et des tractations qui ont lieu au sein du Bureau Ovale. À la maison, sa femme, Gloria, élève leurs deux fils, et la famille jouit d'une existence confortable grâce au poste de Cecil. Pourtant, son engagement suscite des tensions dans son couple : Gloria s'éloigne de lui et les disputes avec l'un de ses fils, particulièrement anticonformiste, sont incessantes. À travers le regard de Cecil Gaines, le film retrace l'évolution de la vie politique américaine et des relations entre communautés. De l'assassinat du président Kennedy et de Martin Luther King au mouvement des "Black Panthers", de la guerre du Vietnam au scandale du Watergate, Cecil vit ces événements de l'intérieur, mais aussi en père de famille…

 Après le choc "Precious", le réalisateur Lee Daniels reprend le flambeau, un peu laissé à l'abandon par Spike Lee, de la lutte contre la ségrégation raciale qui, malgré les apparences, reste toujours d'actualité. Mais cette fois-ci, par le regard d'un majordome de la maison blanche. Le choc est autant visuel que narratif, à l'image de la scène d'ouverture, où l'on voit deux personnes noires pendues à l'entrée d'une ville. Si le film n'est pas révolutionnaire dans sa construction, il a le mérite de nous mettre à nouveau face à un miroir fort peu reluisant de l'histoire de notre humanité, et particulièrement celle des grands blancs donneurs de leçons.

Le scénario d’ailleurs ne s’arrête pas à une simple récitation historique, ou à une idéalisation du personnage, bien au contraire, et c’est d’ailleurs toute son intelligence ! Il nous montre un personnage, heureux d’être invisible, parfois inconscient de ce qui se passe à l’extérieur, y compris lorsque son fils se lance dans le combat auprès de Martin Luther King. Cecil Gain, qui a vu son père mourir par la balle d’un blanc, sa mère perdre la raison des suites de cette tragédie, souffre de la peur de perdre un autre membre de sa famille. L’homme n’est pas Mandela, il n’est pas non plus Gandhi, mais sa détermination pour faire son métier au mieux en feront un acteur indirect des événements qui bouleverseront la vie des gens de couleurs aux Etats-Unis.

A l'instar de "La couleur des sentiments" de Tate Taylor, "Le majordome"  nous montre la dignité, la combativité et l'intelligence (inspirée de Gandhi) dont on fait preuve tout ceux qui se sont battu pour que les noirs aient les mêmes droits que les blancs. Une leçon de courage et de noblesse d'esprit à méditer de notre côté de l'atlantique, alors que Mandela semble au crépuscule de son existence et que les vieux démons de notre vieille société sont en train de renaître. Ce film nous montre à quel point nos choix ont pu ternir notre histoire et à quel point il est nécessaire de se souvenir du sacrifice de nos aïeux pour une vie meilleure afin de ne pas la gâcher.