La
qualité des films de Soderbergh n’est pas constante, mais sa variété reste
incomparable. Voilà qu’il nous emmène dans les coulisses de la vie du pianiste
Liberace, pour un voyage rempli de paillettes
Ma vie avec Liberace
Titre original : Behind the candelabra
USA, 2013
Réalisateur : Steven Soderbergh
Acteurs : Michael Douglas, Matt Damon, Dan Aykroyd, Scott Bakula,
Rob Lowe, Paul Reiser, Debbie Reynolds
Adapté du roman de Scott Thorson
et Alex Thorleifson
Durée : 2h
L’histoire
Scott Thorson fait la connaissance de Liberace, pianiste talentueux,
excentrique et gay qui joue à Las Vegas. Il va partager sa vie et son art
pendant 5 ans
La critique
J’ai toujours trouvé que Soderbergh
était un réalisateur surestimé. Pour un
Sexe, mensonges et vidéo
prometteur, et un
Erin Brockovich réussi, combien de films mineurs, dont les
timides
Ocean’s eleven qui méritaient plus d’ambition. Mais je dois avouer que
cette fois, Soderbergh a fait du bon boulot. Le sujet était délicat à aborder sans
faux-pas, et le réalisateur arrive à y aller franco sans erreur. Ce qui nous donne
d’emblée un film flamboyant, too much, décomplexé, excentrique et exagéré, tout
comme le personnage de Liberace. Les décors et costumes sont énormissimes, et
participent fortement au plaisir du spectateur. Grâce à la performance superbe
de Michael Douglas, Liberace explose à l’écran, surtout pendant ses shows, et
fascine les spectateurs autant que le vrai Liberace devait le faire à Vegas. Les
autres acteurs, maquillés et habillés à une mode improbable et intemporelle,
sont également au diapason, et tout le film brille de mille feux et mille
talents. La musique gaie et entraînante contribue aussi à cette jubilation.
C’est du côté de l’histoire que réside
le bémol. Car si, au début, on est ébloui par l’ambiance et dépaysé par une
histoire de couple gay, on s’aperçoit vite que cette histoire de couple
ressemble à tant d’histoires de couples déjà vues à l’écran, et déjà les autres
fois on était lassé. Jalousie, tromperies, réconciliations, le milieu du film
ne tourne qu’autour de cela, et l’intérêt retombe. Il aurait sans doute suffit
de remettre un peu de spectacle de Liberace pour éviter de tourner en rond dans
ce couple, mais ce n’est pas le cas, et on regarde sans grand intérêt l’évolution
inévitable de leur relation. La fin se concentrant plus sur le personnage de
Matt Damon (qui n’a que peu d’intérêt sauf dans sa relation avec Liberace), on
continue à s’ennuyer un peu, jusqu’à un final plus flamboyant et réussi.
Au total, le film vaut largement pour le
strass et les paillettes dont il déborde, que ça soit au niveau des décors,
des costumes, et de l’interprétation. Mais cela masque mal un scénario galvaudé
et moyennement intéressant. Le raccourcir un peu aurait sans doute permis de
maintenir l’intérêt. En l’état, il y a tout de même amplement de quoi voir et apprécier,
mais on regrette que le film ne soit pas encore meilleur.
À voir : pour briller de mille
feux
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) :
+2, si vous n’avez pas peur d’être ébloui
Sébastien Keromen