Prisoners
Prisoners
Sortie:
09/10/2013
Pays:
USA
Genre:
Durée:
2h35 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Prisoners

Verdict: Moyen

par: Sebastien Keromen

Suite au succès critique de Incendies, le canadien Denis Villeneuve se frotte au cinéma US avec un polar noir et désespéré. Et pendant qu’il y était, il a fait un film désespérant. Mais ça c’était peut-être pas voulu…

Prisoners
Titre original : Prisoners
USA, 2013
Réalisateur
 : Denis Villeneuve
Acteurs : Hugh Jackman, Jake Gyllenhaal, Viola Davis, Maria Bello, Terrence Howard, Melissa Leo, Paul Dano
Durée : 2h35

L’histoire
Deux fillettes disparaissent sans laisser de traces. L’enquête conduit la police vers un simple d’esprit, mais qui est relâché, faute de preuves. C’est à ce moment que le père d’une des fillettes disparues décide de mener son enquête, quels que soient les moyens à employer



La critique

Ah, un bon polar noir et désespéré, ça fait du bien de temps en temps. Du moins pour ceux qui aiment ça, ce qui n’est pas vraiment mon cas. Mais bon, s’il est réussi, pourquoi pas. Et d’ailleurs, l’ambiance de Prisoners est très réussie. La musique instille un climat, la pluie, la neige, de la violence (même si pas assumée jusqu’au bout), quelques plans longs, le film a vraiment la classe. Si vous recherchez une ambiance, vous allez être servis.



Mais si vous recherchez une histoire, ça va être autre chose. Car dans ce film, ce n’est pas le kidnappeur qu’il faudrait mettre en prison, c’est le scénariste. J’ai rarement un film policier où l’enquête avance aussi peu, aussi lentement. La plupart des pistes s’arrêtent tout de suite, et au bout d’une heure d’enquête on n’est pas plus avancés. Je ne dis pas que les vraies enquêtes ne ressemblent pas à ça, mais quand on nous fait venir pour un film, on peut resserrer un peu son déroulement pour enlever les temps morts. Et même quand ça avance, c’est un peu n’importe quoi, comme ce cadavre découvert en enquêtant chez quelqu’un sans rapport avec l’affaire, et qui s’avère avoir un lien avec l’enlèvement. Ou alors parfois le policier est nul, justement pour faire le lien entre un dessin et le pendentif du cadavre. Alors que toute la salle avait déjà remarqué que c’était le même motif, lui va devoir s’en apercevoir par hasard, en tombant sur une photo du cadavre. Et encore, pas juste s’en apercevoir, la scène est une véritable torture pour ceux qui s’énervent qu’il n’ait pas encore trouvé : les photos sont sur la table, tout le monde voit le pendentif, sauf lui. Il s’énerve sur l’enquête, envoie balader ce qu’il y a sur son bureau, dont certaines photos. Maintenant il y en a par terre et sur le bureau, il va s’en apercevoir, on se dit. Mais non. Il faut qu’il joue avec un petit camion et le fasse tomber par terre, sur la photo du cadavre, pour qu’il s’aperçoive enfin que le pendentif a le même motif que ce qu’il cherche. Sérieux, j’ai vraiment dû me retenir de crier à l’écran « Le pendentif !!! ».



Et le reste de l’enquête va être aussi laborieuse, des pistes évidentes vont être négligées (comme à la fin, quand un personnage a disparu et qu’ils le recherchent, ils veulent pas essayer de localiser son portable ?). La résolution va être également longue, étirée, lente, un peu comme un épisode de Derrick si vous gardez le doigt sur le bouton Pause. Le film paraît interminable, et d’ailleurs l’est presque avec 2h30 au compteur. Et là vous vous dites que vous pourrez vous rattraper sur les personnages. Sauf que pas tout à fait. Car si les acteurs font un job tout à fait correct, le scénariste a oublié d’écrire des personnages complets et crédibles. Faute de les avoir fait exister avant le kidnapping, et de nous avoir fait nous attacher à eux, on se cogne assez largement de savoir s’ils reverront leurs filles vivantes, et de ce qu’ils font. Surtout que, histoire de kidnapping aidant, on va avoir droit à un grand défilé de pleurs et d’hystérie, ce qui aurait pu être poignant si on s’était attaché aux personnages, mais n’est là que fatiguant et pénible. Et on ajoutera le détective amorphe, agaçant à cause d’un tic de clignement d’yeux sans aucun intérêt pour l’histoire ou son personnage, rien à sauver je vous dis. Et encore moins le jeune déficient mental joué en roue libre par Paul Dano.



Les indices sur le film m’amènent donc à un verdict de film raté, à cause d’un scénario sans intérêt et dépeignant une enquête poussive et pas inspirée, avec des personnages caricaturaux. Et l’ambiance ne suffit pas à sauver le film. D’où un ennui qui s’installe vite et reste longtemps, aussi longtemps que la durée du film. Et quelques rires sur des trucs drôles dont on ne sait pas si c’était fait pour (comme la dernière scène, la salle était morte de rire), encore un truc qui colle pas dans ce film.

À voir : si vous êtes fan de polar, et encore
Le score presque objectif : 4/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -2, je sais que je n’aime pas trop les polars, mais un scénario décent semble un minimum dans un film

Sébastien Keromen