Gravity
Gravity
Sortie:
23/10/2013
Pays:
USA
Genre:
Durée:
1h30 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Gravity

Verdict: Chef D’oeuvre

par: Sebastien Keromen

On a rarement vu une telle unanimité sur les échos d’un film à sortir. À force de le porter aux nues, ne risque-t-on pas la déception obligatoire ? À mon grand étonnement, et à mon encore plus grand plaisir, pas de déception ici.

Gravity
Titre original : Gravity
USA, 2013
Réalisateur
 : Alfonso Cuarón
Acteurs : Sandra Bullock, George Clooney, Ed Harris (voix)
Durée : 1h30

L’histoire
Le docteur Ryan Stone effectue une sortie dans l’espace autour d’une navette spatiale, accompagnée par le reste de l’équipage. Une pluie de débris va endommager la navette, et laisser l’équipage seul dans l’espace



La critique

Gravity s’amenait avec ses gros sabots. Nanti d’une réputation louangeuse et affichant crânement toutes les éloges critiques sur son affiche, j’avoue que j’avais un peu envie d’avance de descendre le film pour une telle prétention. Mais c’était avant de le voir.
Putain. La claque. Pour vous donner une idée, je n’ai pas été hébété comme ça à la sortie d’un film depuis… ben Terminator 2. Et T2, en 1991, c’était quelque chose qu’on n’avait jamais vu. Et là, c’est pareil. Vous croyez avoir vu des films qui se passent dans l’espace ? Maintenant ils ont tous l’air d’avoir été tournés dans ma salle de séjour. Ici, l’espace est grand, froid, silencieux, hostile, sans haut et sans bas. Et on y est également. La puissance d’immersion de ce film est prodigieuse. Comme on le verra plus tard, c’est loin d’être sa seule qualité, mais ses effets spéciaux marquent une nouvelle étape dans un film qui en est très généreux et ne joue d’aucun artifice pour en économiser. Résultat : l’espace est là, les acteurs sont dedans, et nous aussi. Et en plus, l’effet d’apesanteur est incroyable, naturel, vrai. Obligé, ils ont dû le tourner dans l’espace, aucune autre explication n’est crédible.



Mais malgré cela, ce ne sont pas les effets spéciaux qui sont le meilleur du film. Ils se contentent de le supporter et de le rendre possible, avec talent. Ce n’est pas non plus la 3D, plutôt réussie mais finalement un peu discrète, par exemple avec des jaillissements vers le spectateur qui impressionnent peu, et notamment sur l’effet de distance entre la navette et la Terre. C’est peut-être voulu, car vu le nombre de plans avec cette profondeur, on aurait peut-être fini par être trop indisposé. Mais en tout cas la 3D n’est pas indispensable pour ressentir ce film. Car c’est là l’incroyable point d’orgue du film : ça faisait un bail qu’un film ne m’avait pas mis une claque émotionnelle comme cela. Ce n’est pas à proprement parler de la peur, ou de la tristesse, ou de la joie, mais une implication émotive de tout le corps, qui se met à frissonner dès que le propos devient critique. Impression sublimée en cela par une bande-son qui mêle l’ambiance sonore pure à la musique, on se retrouve happé dans l’espace, à y réagir nous-même, à nous recroqueviller quand la pluie de débris frappe la navette, à retenir son souffle quand l’héroïne arrive à court d’air.



Comment le film a-t-il réussi à nous faire autant nous attacher aux personnages en cinq minutes d’introduction ? La performance des dits acteurs aide sans doute beaucoup, car elle est impeccable, mais d’arriver nous les rendre familiers et sympathiques en si peu de temps, mystère, c’est une leçon que tant d’autres films devraient tenter d’apprendre. Le début du film est d’ailleurs un énorme moment de bravoure, qui semble être un plan séquence de plus d’un quart d’heure, de la découverte des astronautes jusqu’après la séquence de destruction de la navette. Le montage est plus classique par la suite, mais continue à réserver de très longs plans qui permettent d’autant mieux l’immersion. Et on peut aussi être agréablement surpris que le scénario ne cherche pas à tricher avec son thème imposé et son espace réduit (bon, pas au sens propre, au sens scénaristique). En un mot comme en cent : pas de flashback ! ce qui fait instantanément de Cuarón mon nouveau meilleur ami.



C’est rare qu’un film dont on dit monts et merveilles arrive à être une bonne surprise. Mais quand c’est le cas, quel pied ! Et Gravity nous emporte sans réserve dans un espace noir, où les catastrophes font encore plus peur quand elles sont silencieuses, où rien n’est simple, où l’absence de gravité rend tout irréel, où le vide décuple les émotions, où on perd ses repères, et d’où vous sortirez complètement lessivé, balbutiant, flageolant, en vous disant que finalement, même toutes ces critiques dithyrambiques ne vous avaient pas préparé à cela.

À voir : absolument, totalement
Le score presque objectif : 9,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3+3+3+3+3+3+3+3+3+3 = + plein

Sébastien Keromen