12 Years of Slave
Sortie:
22/01/2014
Pays:
USA
Genre:
Durée:
133 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

12 Years of Slave

Verdict: Chef D’oeuvre

par: Emmanuel Galais

Les États-Unis, quelques années avant la guerre de Sécession. Solomon Northup, jeune homme noir originaire de l’État de New York, est enlevé et vendu comme esclave. Face à la cruauté d’un propriétaire de plantation de coton, Solomon se bat pour rester en vie et garder sa dignité. Douze ans plus tard, il va croiser un abolitionniste canadien et cette rencontre va changer sa vie…

Un film magnifique sur un sujet qui semble toujours encore sensible. La mise en scène de Steve Mc Queen est sans concession, mais garde avant tout une certaine dose d'humanité qui rende le film particulièrement captivant. Il serait, bien évidemment d'une grande stupidité, loin des violons habituels, la musique se fait violente presque autant que les images insoutenable de cette cruauté que des hommes blancs ont pu avoir envers des hommes noirs qu'ils considéraient comme des animaux. Au-delà des images c'est ce qui n'est pas dit qui arrache le plus le cœur : L'impossibilité pour Solomon Northup de faire valoir ses droits face à l'injustice dont il fut victime, y compris dans le nord des Etats-Unis, le regard de ces américains qui ne voyaient en eux qu'une propriété.

L'interprétation est impeccable et même si le nom de l’acteur principal Chiwetel Ejiofor (Savannah) est imprononçable, la grandeur de sa composition le rende exceptionnel à nos yeux et justifie à elle seule la nomination aux Oscars. Et d’ailleurs, même la présence de Brad Pitt est effacée par la force qui se dégage de ces comédiens qui parlent avec leur chair, avec leur âme de la douleur de leurs ancêtres. Alors même si certains, assez naïvement d’ailleurs, reprochent au film une dose de romantisme, c’est exactement ce qu’il fallait à l’histoire pour nous apprendre à quel point la nature humaine, à l’image de la nature parvient à trouver une couleur dans l’obscurité de ses drames. Comme dans la scène où Solomon est pendu  avec les pieds dans la boue pendant des heures et le reste des esclaves qui finissent, par instinct de survie, par vivre autour de lui comme si de rien n’était.

Le scénario de John Ridley (Les Brasiers de la colère) s’intéresse particulièrement à la vision de Solomon, celle d’un homme libre et fier de l’être, trahit par des blancs et qui va se retrouver dans l’enfer de l’esclavage sans possibilité de prouver sa condition. Et même si l’on aurait voulu que le scénariste aille peut-être plus loin dans la narration, notamment sur ce qui s’est passé dans sa famille durant son absence, on en peut que saluer la grandeur d’une œuvre honnête, fidèle au livre de l’auteur et à la mémoire de celui dont l’existence s’efface petit à petit dans une société honteusement dominée par des blancs aussi pervers que vénales.

En conclusion, le film de Steve Mc Queen est une Œuvre magnifique où l’intelligence du scénario et la qualité de la mise en scène s’associent à, l’impressionnante composition de sa distribution. Une œuvre majeure sur une partie de l’histoire américaine, qui ne fait ni de concession, ni de surenchère.