Lucy
Lucy
Sortie:
10/08/2014
Pays:
France
Genre:
Durée:
1h30 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Lucy

Verdict: Médiocre

par: Sebastien Keromen

Chaque film de Luc Besson reste encore aujourd’hui un événement. Ça finit souvent en déception, mais ça reste un événement. Et Lucy est un événement. Qui finit en déception totale et en perte de l’espérance de vie et dans la race humaine.

Lucy
Titre original : Lucy
France, 2014
Réalisateur
 : Luc Besson
Acteurs : Scarlett Johansson, Morgan Freeman, Min-sik Choi
Musique de : Eric Serra
Durée : 1h30

L’histoire
Lucy est recrutée de force par un trafiquant pour transporter une nouvelle drogue. Mais quand cette drogue se retrouve libérée dans son corps, elle commence à acquérir de nouveaux pouvoirs. Et après c’est n’importe quoi.



La critique

Parfois, souvent, un film est raté. L’équipe qui l’a créé ne s’est pas donné les moyens de réussir sa vision, ou n’en a pas eu le talent. Parfois, un film est nul. L’équipe n’a pas réussi à mettre de quoi intéresser ou plaire au spectateur. Mais il faut se donner du mal pour qu’un film soit réellement mauvais. Ici, le pire est que je pense que Luc Besson a réussi à faire ce qu’il voulait faire. Ce que je ne comprends pas, c’est ce qu’il voulait exactement faire, et pourquoi il voulait le faire, et surtout pourquoi il voulait l’infliger à des spectateurs. Il paraît qu’il est venu avant le film voir les spectateurs à certaines séances. Je pense que s’il était venu après le film, certains lui auraient donné une claque.



Pourtant, le principe de départ était alléchant : Scarlett Johansson avec des capacités mentales jamais atteintes, qui lui permettront au pire d’être plus intelligente que ses adversaires, et au mieux d’avoir des pouvoirs spéciaux comme de la télépathie, et pourquoi pas de la télékinésie, on n’ira pas vérifier les fondements scientifiques. Ça promettait des scènes assez jubilatoires, et on sait que Besson peut y être très fort. Sauf que pas du tout. La seule scène jubilatoire dure 3 secondes, quand elle fait s’endormir tous ses adversaires sauf un en un clin d’œil, vous pouvez la voir dans la bande-annonce, n’en attendez pas plus. Et c’est quoi le reste du film ? Pour être gentil, je pourrais le décrire comme un indigeste pudding psycho-scientifico-trouduco-new-age-n’importe quoi boursouflé. Heureusement que je suis gentil. Car quel accueil réserver à ce film qui est en fait à peine un film d’action, ne développe aucun scénario au-delà de son point de départ, pour se concentrer sur une théorie complètement foireuse et fumeuse sur le pouvoir du cerveau ? Tout en l’entrecoupant d’extraits de documentaires animaliers ou de voyage ? Et en nous gratifiant des effets spéciaux les plus moches qu’on ait vus depuis 10 ans (au moins) ?



Et je ne vous parle pas des dialogues. Ils rendent enfin ses lettres de noblesse au mot « abscons », la moitié de ce qui est prononcé dans le film n’a absolument aucun sens, bientôt on comprendrait mieux tout ce qui est dit en coréen que ce qui est dit en anglais. Tout ça pour décrire le voyage intérieur moisi que va faire Scarlett Johansson et son cerveau dont on suit la progression (avec pourcentages annoncés à chaque péripétie). Vraiment, de savoir qu’elle se rappelle le bruit de ses os qui grandissent quand elle était bébé, c’est pas le film qu’on était venu voir (et pourtant c’est bien une des répliques qui a le plus de sens). Qu’est-ce que Besson a voulu faire dans ce fatras ? À mon avis, il a essayé de se faire son film philosophico-existentiel, son 2001 odyssée de l’espace à lui. Ne croyez pas que je cite ce film au hasard, mais je ne crois pas que ça soit une coïncidence que Lucy commence sur un homme préhistorique, pour finir par une espèce de compréhension globale de l’univers, du temps, et de l’espace. Reste à savoir si grâce à cela, ça permet de comprendre le film lui-même.



Donc, à moins que vous ne soyez sous acide (parce que là ça pourrait peut-être décupler son effet), il n’y a aucune raison valable d’aller voir ce film. Les scènes d’action sont très réduites et sans intérêt. Scarlett Johannson n’a pas grand-chose à jouer (sans doute c’était déjà beaucoup de concentration de débiter les dialogues sans rire) et passe d’ailleurs toute la scène d’action finale assise immobile dans un fauteuil. Morgan Freeman n’a rien à jouer du tout. le film est quasiment vide des petits clins d’œil rigolos que Besson savait bien faire avant. L’histoire est vide. Les hypothèses de ce qu’un cerveau à 100% peut faire sont grotesques. Et on a souvent envie de frapper le film pendant la projection. À part pour redéfinir son échelle d’appréciation d’un film en fixant une nouvelle limite basse, voilà un film à éviter sans regret, à part le regret qu’il ne soit pas un tout autre film, celui qui nous aurait plu.

À voir : non. Non, merci. Non, pas du tout. Non, pourquoi ? Non, sans façon. Non, quoi.
Le score presque objectif : 2,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -100%, comme le cerveau de Lucy dans le film, et ce qui fait donc 0% d’intérêt

Sébastien Keromen