White Bird
White Bird in the Blizzard
Sortie:
15/10/2014
Pays:
USA
Genre:
Durée:
91 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

White Bird

Verdict: Excellent

par: Emmanuel Galais

Kat Connors a 17 ans lorsque sa mère disparaît sans laisser de trace. Alors qu’elle découvre au même moment sa sexualité,  Kat semble  à peine troublée par cette absence et ne paraît pas en vouloir à son père, un homme effacé. Mais peu à peu, ses nuits peuplées de rêves vont l’affecter profondément et l’amener à s’interroger sur elle-même et sur les raisons véritables de la disparition de sa mère…

Longtemps catalogué de réalisateur «Underground » avec des œuvres telles que « Totally F***ed up » ou « The Doom Génération », dont le style subversif ne laisse pas indifférent, Gregg Araki s’est tourné depuis quelques années vers un cinéma plus classique, basé sur des sujets plus profonds tel que la pédophilie dans « Mysterious Skin » qui lui ouvrit les portes du Festival de Cannes. Avec « White Bird », le réalisateur persévère dans sa peinture d’une adolescence brisée en utilisant toujours les mêmes choix narratifs qui font sa signature : Des adolescents en perte de repère, des rêves obsédants et un rapport à la sexualité très présent. A noter que le film est inspiré d'un roman de Laura Kasischke qui a déjà pu voir deux de ses romans transposés au cinéma : La Vie devant ses yeux (2007) et Suspicious river (2001).

Pourtant, dans « White Bird », ce n’est pas ce qui marque le plus le spectateur. En effet, dans un style assumé plus classique, le réalisateur signe une œuvre sombre et faussement légère, où l’héroïne laisse les failles relationnelles qui mettaient à mal les rapports qu’elle entretenait avec sa mère, et une vérité qui, petit à petit remonte à la surface, celle d’une déchirure obsédante toujours plus pesante. Par une réalisation fine, faite de coupures sèches et de plans alternant, flash-backs, réalités et fantasmes, le réalisateur nous plonge dans l’esprit de l’adolescence fait d’un redoutable combat identitaire entre déchirure maternelle et besoin d’assumer sa propre sexualité.

Sans pour autant, renoncer à ses mythes fondateur, le réalisateur semble s’être assagi et nous livre ici une œuvre douce, finalement d’un romantisme fou quand il s’approche au plus près des dualités physique de l’adolescente ou de la souffrance psychologique de sa mère. Par le biais de l’adaptation, le réalisateur se laisse porter par l’imaginaire de l’auteur et livre une œuvre fidèle et intelligemment mise en scène, loin et proche en même temps de son imaginaire déjanté que l’on pouvait voir dans « Doom Generation » ou « Kaboom ».  Les quadra apprécierons que Gregg Araki a choisi une bande son fin des années 1980 en piochiant dans la discographie de Joy Division, New Order, Cocteau, Twins ou encore The Cure.


Le film brille d’autant plus par l’interprétation tout en profondeur de ses interprètes, notamment Shailene Woodley (Divergente) et Eva Green (Sin City). Les deux actrices sont absolument magnifiques, dans la douceur et la tendresse pour l’une, dans l’amertume et la colère pour l’autre. Une composition magnifiquement ambigüe qui donne tout son sens au film.