Le secret de Kanwar
Qissa the tale of a lonely ghost
Sortie:
03/09/2014
Pays:
France, Al
Genre:
Durée:
1h49 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Le secret de Kanwar

Verdict: Excellent

par: Mélodie Landes



Synopsis : Umber Singh est un sikh qui se voit contraint de quitter son village natal avec sa famille face à la partition de l’Inde et du Pakistan en 1947. Umber a eu lors de la naissance de sa quatrième fille, il va tout faire pour cacher le sexe de l’enfant et l’élèvera comme un garçon. Umber va marier son « fils » Kanwar à la jeune Nelli, les complications du secret vont entraîner de nombreuses réflexions, de doutes et de révélations sur le trio…

 
Autour du film : Le secret de Kanwar est un film touchant et poignant retraçant un épisode important de l’histoire de l’Inde et du Pakistan. On traite dans le film la question du pouvoir patriarche dans la famille, la femme est importante pour l’homme mais ce dernier reste celui qui détient le dernier mot : comme par exemple sur le problème du dernier enfant. L’avidité de pouvoir des hommes est omniprésente mais la femme garde une capacité d’empathie. La relation père/fils est étrange, Umber fait tout ce qu’il peut pour cacher la nature de son « fils », on voit lors d’une dispute qu’un garçon dans ces familles est quelque chose de précieux qui passe avant tout. Dans la tradition indienne, un garçon permet de gagner de l’argent en se mariant alors qu’une fille en fera perdre. Pour Umber avoir une quatrième fille est un échec dans sa vie qui se rajoute à la fuite de son village qui pourrait devenir une menace pour l’honneur de sa propre famille. Cet échec va provoquer une folie destructive dans cette famille. Le fait de vivre son déracinement, Umber subit une première blessure intime qui fera naître une rage contre lui-même. L’identité de soi est quelque chose de très important dans le film.
On peut se questionner sur Kanwar : on se doute qu’il/elle aime son père même-ci la peur de cet homme est omniprésente, mais croit-elle réellement qu’elle est un homme ? La question sur ce qu’elle sait et imagine est assez vague.

Le problème de l’enfance féminine indienne est traité. On se rend compte que la différence entre un jeune homme et une jeune femme se voit surtout à la manière de s’habiller, ils ont une coutume à part. Les hommes ont les cheveux longs car ils n’ont pas le droit de les couper et du coup différencier une jeune femme d’un jeune homme n’est pas tâche facile. Ainsi par le fait de marier deux femmes ensemble, le réalisateur aborde le sujet de l’homosexualité qui est une chose tabou à cette époque, ici on a une femme qui croit aimer un homme, elle finira par rire de cet amour qu’elle porte sur la femme qu’elle aime réellement mais d’un autre coté la peur de l’avenir sera présente. Lors de la prise de conscience sur la vérité, l’image d’une enfance perdue fera surface.
Le film est beaucoup marqué par la souffrance qui se traduit par une sorte de folie. Mais c’est à ce moment là que la façon dont les choses sont amenées a du mal à être interpréter. C’est un gros défaut du film, cela mériterait un petit peu plus d’explication, on se perd entre la réalité et la folie… La partie fantastique est mal gérée, elle laisse planer un doute sur le coté : les fantômes qui hantent alors qu’il y en a pas... En fait le fantôme dont il serait question est tout simplement notre subconscient, on vit avec nos erreurs et nos décisions. Le passé ne disparaît jamais, il est toujours présent et parfois il nous empêche d’aller de l’avant, on est plus maître de soi, la vie est maîtresse de nous. Dans le film Umber a une obsession qui l’empêche de se pardonner à lui-même et de se retrouver, c’est un homme déchu et perdu au plus profond de son être.

Distributions : Après l’Odyssée de Pi, Irfan Khan, incarnant un père de famille indienne, surprend à nouveau par son jeu d’acteur. Il nous transmet des émotions sans forcément parler, la silhouette suffit pour imposer son autorité, il faut avouer que c’est l’un des atouts de l’acteur depuis le début de la carrière.
Tillotama Shome qui interprète la jeune Kanwar est incroyable dans son jeu d’acteur et arrive à convaincre totalement dans le rôle de la jeune fille dans le corps d’un jeune homme complètement perdu. Actrice plutôt connu du cinéma bollywoodien, on ne devrait pas l’oublier après cette interprétation.



Autour du film : Comme dans chaque film indien, les musiques sont magnifiques et porteuses d’un message. La première qu’on entend dans le générique d’introduction annonce le film comme il se doit avec des images impressionnantes qui nous font réfléchir sur ce qu’on va découvrir. On retrouve beaucoup de plans larges avec des décors qui laissent planer un vide, un vide qui est finalement omniprésent dans le cœur du père.

Conclusion : Un film qui surprend mais dont il manque des précisions rendant l’ensemble flou en nous laissant sur notre fin. Ses défauts n’empêchent pas pour autant de comprendre les différents messages que le réalisateur veut passer notamment avec les différentes interprétations des acteurs.