Heritage Fight Duel en terre Arborigène
Sortie:
08/10/2014
Pays:
France
Genre:
Durée:
90 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Heritage Fight Duel en terre Arborigène

Verdict: Moyen

par: Simon Volant



Résumé

Au cœur de la dernière contrée sauvage d’Australie, une communauté aborigène, les Goolarabooloo, doit faire face au projet d’implantation de la plus grande usine à gaz au monde soutenu par le gouvernement.

Aborigènes et citoyens solidaires décident alors de s'unir pour défendre ce qui n’a pas de prix : une terre, une vision du monde, et plus que tout, un héritage culturel.

Commence alors un combat à l’issue inattendue…

Critique

Drôle de sensation qu'en voyant ce documentaire. Déjà, on pense immédiatement aux combats locaux comme le conflit pour l'aéroport de Notre Dame des Landes et l'on se dit qu'en Australie ou en France, l'opposition aux projets gouvernementaux et aux grands groupes est à peu près la même. Du coup, au-delà du conflit, on s'intéresse plus particulièrement aux personnages.
Ainsi, j'ai trouvé un intérêt sur la culture, l'attache entre ce peuple et sa terre et "My Law" une sorte de pacte qui lie les vivants et leur environnement. Malheureusement, on fait vite le tour des différents personnages et le documentaire ramène inévitablement au conflit sur le terminal gazier qui présente moins d'intérêt. Justement, à propos de ce conflit, on est un petit peu perdu dans la chronologie des différents éléments à l'écran.

Quand je regarde "Heritage Fight",  je regrette le choix du point de vue. Les documentaires engagés (c'en est un !) utilisent généralement deux méthodes. La première c'est celle de Michael Moore (Bowling for Columbine) ou Morgan Spurlock (super size Me) qui mise à fond sur la mise en valeur de son investigateur. Mise en scène crescendo pour finir en beauté. C'est scénarisé, mais diablement efficace. La seconde c'est le documentaire neutre à base de voix off sur image type film animalier ou qui suit une personne investie par la cause. Avec "Heritage Fight", Eugénie Dumont propose un nouveau type de réalisation type "first person documentary" au point que l'on est prêt à sortir le chéquier quand Eugénie Dumont, derrière la caméra, se fait verbaliser par un policier.
Cette verbalisation, au même titre que les opposants justement filmés, montre bien que Eugénie Dumont est considérée comme partie prenante par les autorités. Et malgré ce parti pris finalement assumé, elle ne laisse pas vraiment la parole aux élus ou aux industriels alors que les opposants ont un temps de parole quasiment illimité pour un discours qui tourne rapidement en rond (discours une fois face caméra puis face aux policiers).

D'un point de vue réalisation technique, l'usage constant d'objectifs à grande ouverture offre une profondeur de champ volontairement faible. Revers de ce choix, le focus a parfois du mal à suivre l'action (c'est flou...). Pour les interviews et les paysages (plans fixes, travellings ou à bord de véhicules), les images sont posées et, cette fois, superbes avec quelques timelapses réussis. La réalisatrice a également fait le choix de ne mettre aucune narration, les explications arrivent via des incrustations textuelles tandis que la musique, autochtone, souligne  l'image ou les sentiments des protagonistes. Bref, la réalisation souligne des choix osés, mais qui donne une véritable personnalité au doc.

Verdict

Documentaire engagé et à la première personne où l'on se retrouve embarqué dans un conflit entre une population, un gouvernement et un groupe industriel. Première réalisation aux choix parfois maladroits dans la prise de position, mais pas inintéressante et qui laisse un message sous-jacent sympathique : on peut réussir par des convictions fortes et la non-violence.