Résumé
Au
cœur de la dernière contrée sauvage d’Australie, une communauté aborigène, les
Goolarabooloo, doit faire face au projet d’implantation de la plus grande usine
à gaz au monde soutenu par le gouvernement.
Aborigènes et citoyens solidaires décident alors de s'unir pour défendre ce
qui n’a pas de prix : une terre, une vision du monde, et plus que tout, un
héritage culturel.
Commence alors un combat à l’issue inattendue…
Critique
Drôle de sensation qu'en voyant ce documentaire. Déjà, on
pense immédiatement aux combats locaux comme le conflit pour l'aéroport de Notre
Dame des Landes et l'on se dit qu'en Australie ou en France, l'opposition aux
projets gouvernementaux et aux grands groupes est à peu près la même. Du coup,
au-delà du conflit, on s'intéresse plus particulièrement aux
personnages.
Ainsi, j'ai trouvé un intérêt sur la culture, l'attache entre ce
peuple et sa terre et "My Law" une sorte de pacte qui lie les vivants et leur
environnement. Malheureusement, on fait vite le tour des différents personnages
et le documentaire ramène inévitablement au conflit sur le terminal gazier qui
présente moins d'intérêt. Justement, à propos de ce conflit, on est un petit peu
perdu dans la chronologie des différents éléments à l'écran.
Quand je
regarde "Heritage Fight", je regrette le choix du point de vue. Les
documentaires engagés (c'en est un !) utilisent généralement deux méthodes. La
première c'est celle de Michael Moore (Bowling for Columbine) ou Morgan Spurlock
(super size Me) qui mise à fond sur la mise en valeur de son investigateur. Mise
en scène crescendo pour finir en beauté. C'est scénarisé, mais diablement
efficace. La seconde c'est le documentaire neutre à base de voix off sur image
type film animalier ou qui suit une personne investie par la cause. Avec
"Heritage Fight", Eugénie Dumont propose un nouveau type de réalisation type
"first person documentary" au point que l'on est prêt à sortir le chéquier quand
Eugénie Dumont, derrière la caméra, se fait verbaliser par un policier.
Cette
verbalisation, au même titre que les opposants justement filmés, montre bien que
Eugénie Dumont est considérée comme partie prenante par les autorités. Et malgré
ce parti pris finalement assumé, elle ne laisse pas vraiment la parole aux élus
ou aux industriels alors que les opposants ont un temps de parole quasiment
illimité pour un discours qui tourne rapidement en rond (discours une fois face
caméra puis face aux policiers).
D'un point de vue réalisation technique,
l'usage constant d'objectifs à grande ouverture offre une profondeur de champ
volontairement faible. Revers de ce choix, le focus a parfois du mal à suivre
l'action (c'est flou...). Pour les interviews et les paysages (plans fixes,
travellings ou à bord de véhicules), les images sont posées et, cette fois,
superbes avec quelques timelapses réussis. La réalisatrice a également fait le
choix de ne mettre aucune narration, les explications arrivent via des
incrustations textuelles tandis que la musique, autochtone, souligne l'image ou
les sentiments des protagonistes. Bref, la réalisation souligne des choix osés,
mais qui donne une véritable personnalité au
doc.
Verdict
Documentaire engagé et à la première personne où l'on
se retrouve embarqué dans un conflit entre une population, un gouvernement et un
groupe industriel. Première réalisation aux choix parfois maladroits dans la
prise de position, mais pas inintéressante et qui laisse un message sous-jacent
sympathique : on peut réussir par des convictions fortes et la non-violence.