Si vous regardez votre montre, vous verrez que cela fait déjà 9 ans que le premier Sin city est sorti. Déjà 9 ans, et pas sûr qu’on se soit remis de la claque qu’il nous avait mis à l’époque. Et que sa suite ne vous mettra en aucun cas.
Sin City : j’ai tué pour elle Titre original : Sin City: a dame to kill for
USA, 2014
Réalisateur : Roberto Rodriguez, Frank Miller
Acteurs : Eva Green, Josh Brolin, Mickey Rourke, Jessica Alba, Bruce Willis, Joseph Gordon-Levitt, Rosario Dawson, Ray Liotta, Dennis Haysbert, Powers Boothe, Christopher Meloni, Christopher Lloyd,
Musique de : Roberto Rodriguez
Adapté du roman graphique de Frank Miller
Durée : 1h40
L’histoire À Sin City, mieux vaut savoir se battre et tirer pour s’en sortir. C’est donc une histoire pleine de violence et de morts qui attend nos héros de l’ombre.
La critique Le premier Sin City avait été une claque visuelle et une ambiance jamais vue à l’époque, même si on pouvait lui reprocher un côté un peu trop artificiel. D’accord, c’était il y a 9 ans, mais le retour de l’équipe d’origine ne pouvait que rassurer pour cette suite attendue de longue date. Manque de bol, ils ont dû perdre la recette de la potion magique, car ça ne prend plus. Et ce n’est pas que ça a vieilli depuis le temps, car je reste toujours fan du premier film. C’est juste que ce nouvel opus a juste oublié d’avoir quelque chose d’intéressant à raconter. Pourtant, côté graphique, ils n’ont pas perdu la main. Même si finalement il y a peu de nouvelles trouvailles depuis le premier film, ça fonctionne toujours bien. À peut-être quelques détails près, comme le maquillage de Marv, qui me semble moins crédible que dans le premier, ou les yeux toujours verts d’une Eva Green en noir et blanc, qui font un peu zarbi à la longue. Mais en tout cas, le dépaysement visuel est toujours là, la 3D efficace, l’emballage est toujours beau.
Sauf que les personnages et l’histoire, non. On commence par une scène d’action sur une motivation assez anecdotique, mais bon, c’est juste le début. Sauf que vont s’enchaîner des scènes dont on ne sort pas plus avancés qu’au début, l’histoire patauge, et au sortir de la salle, on sera bien en peine d’expliquer exactement ce qui s’est passé, ni même d’être sûr qu’il s’est passé quelque chose. Bien sûr, y a plein de gars qui ont dérouillé, mais pourquoi, au fait, et est-ce que le gars qui les a dérouillé a vraiment réussi à faire quelque chose ? Tout est un peu flou, y compris la trame temporelle du film par rapport au premier film (qui lui-même n’était pas clair), parce qu’il y a des choses qui se passent après le premier film, et d’autres avant, mais c’est pas net dans quel ordre ça se passe dans ce film. Enfin bref, tout ça concourt à rendre l’histoire peu lisible et peu passionnante, et en fait on s’en fout un peu de ces histoires qui font du sur-place, qui n’apporte aucune idée, aucune surprise, aucun rebondissement. Et c’est bien ennuyeux, parce que voir des personnages se faire tabasser sans cesse sans savoir pourquoi et sans s’émouvoir, eh ben c’est nettement moins classe que dans le premier film, ça peut même en devenir un peu stérile et malsain, comme si le film avait perdu de vue que la souffrance devait s’inscrire dans les épreuves ou la rédemption des personnages. Ici, par exemple pour le personnage de Joseph Gordon-Levitt, c’est finalement totalement inutile, et donc pas fun ou poignant du tout.
Et en plus, on va en fait moins s’attacher aux personnages. Pourtant, pour la plupart, on retrouve les acteurs du premier film. Mais à part Powers Boothe, qui est excellent dans un rôle bien plus développé, les autres ont un rôle vraiment trop réduit, que ça soit Jessica Alba, Rosario Dawson, ou encore Bruce Willis (3 scènes, 3 répliques, et puis s’en va). Y a que Mickey Rourke qui garde un bon temps d’écran, mais on a un peu l’impression d’avoir fait le tour de son personnage, qui ici se retrouve réduit au rôle du muscle pour aider d’autres. Côté acteurs qui changent, on y perd. Pas pour Dennis Haysbert qui remplace sans problème Michael Duncan Clarke dans le rôle du grand black invincible. Mais déjà pas mal pour un Josh Brolin un peu fade qui remplace l’irremplaçable Clive Owen dans le rôle de Dwight. Et encore plus pour une Jamie Chung qui n’atteint pas le début du charisme qu’avait Devon Aoki dans le rôle de Miho. Pareil pour les nouveaux venus, soit inconnus et pas franchement marquants, même Christopher Lloyd, qu’on retrouve avec plaisir, n’a droit qu’à un rôle de 3 minutes totalement anecdotique. Reste Eva Green, toujours aussi vénéneuse et sensuelle, mais dont le rôle vraiment trop cliché limite l’impact et le personnage.
Au final, à regarder ne rien se passer (mais à coups de poing ou de feu) avec des personnages qui ne nous intéressent pas, on s’ennuie assez vite et assez fort, et le film semble bien une demi-heure de plus que sa durée réelle. Et donc, que dire quand la suite d’un film réussi est plutôt ratée ? Oui, comme d’habitude : revoyez plutôt le premier !
À voir : pour le style visuel, et c’est malheureusement tout
Le score presque objectif : 6/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -1, et pourtant je revois le premier avec plaisir quand vous voulez
Sébastien Keromen