Samba, sénégalais en France depuis 10 ans, collectionne les petits boulots. Alice est une cadre supérieure épuisée par un burn out. Lui essaye par tous les moyens d'obtenir ses papiers, alors qu'elle tente de se reconstruire par le bénévolat dans une association. Chacun cherche à sortir de son impasse jusqu'au jour où leurs destins se croisent... Entre humour et émotion, leur histoire se fraye un autre chemin vers le bonheur. Et si la vie avait plus d'imagination qu'eux ?
Le couple Toledano/Nakache revient avec une nouvelle comédie, plus sentimentaliste peut-être mais avec toujours le même goût pour les rencontres improbables. "Samba", c'est la rencontre entre un homme d'origine Sénégalaise, menacé d'expulsion et une femme névrosée et introvertie qui oeuvre pour une association leur venant en aide. Deux êtres que tout devrait opposer, mais qui finalement se sentent attiré l'un vers l'autre par leurs fêlures et leurs détresses.
Comme pour "Intouchables", les réalisateurs en font un film simple, qui ne sombre jamais dans le pathos, mais dont les personnages sont immédiatement très attachants. Ils décrivent avec une précision remarquable le quotidien déroutant de ces travailleurs silencieux, venus chercher une nouvelle existence, le moyen de faire vivre leur famille au prix d’un sacrifice insoutenable que celui de ne plus voir leur faille restée, là-bas dans un pays qui ne leur pas suffisamment. Un sacrifice vécu comme une fierté, même si le prix à payer est celui de la clandestinité et de l’humiliation, elle ne semble jamais aussi grande que le déshonneur de rentrer au pays, sans avoir pu trouver un travail en France. Les réalisateurs ne font pas dans le voyeurisme malsain, ni dans la facilité, mais gratte un peu plus derrière les dorures des palaces, montrent avec beaucoup de pudeur, ces hommes fumant aux portes des cuisines, se cachant en haut des échafaudages, acceptant des boulots au jour le jour pour pouvoir simplement envoyer de l’argent à la famille restée au loin là-bas. Comme dans « I »touchables", le scénario est précis, sans caricature, sans surplus et surtout sans facilité.
Pour cela ils peuvent compter sur un casting toujours impeccable, à commencer par Omar Sy, tout en retenu cette fois-çi, qui donne un véritable relief à son personnage et s'amuse à jouer en permanence l'ambiguïté. Charlotte Gainsbourg enfin libérée des fantasmes malsains de Lars Von Trier, revient à une composition tout en subtilité pour un personnage qu'elle maîtrise à la perfection et qui n'est pas sans rappeler ses débuts. Mais n'oublions Izia Higelin qui se révèle encore une fois comme une actrice sensorielle et instinctive et Tahar Rahim, dont le talent même dans un rôle improbable finit toujours par sortir le meilleur de lui-même.
En conclusion, arrêtons de faire des comparaisons pesantes avec le précédent film du duo :"Intouchables", une oeuvre vit par sa singularité. Samba à l'intelligence de mettre en lumière un quotidien d'expulsable, sans en faire trop, en toute simplicité, mais avec beaucoup de subtilité, pour nous rappeler qu'avant d'être en situation irrégulière, ces "gens-là", sont avant tout des hommes, dont l'unique fierté est de Travailler.