Fury
Sortie:
28/10/2014
Pays:
USA
Genre:
Durée:
134 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Fury

Verdict: Chef D’oeuvre

par: Emmanuel Galais

Avril 1945. Les Alliés mènent leur ultime offensive en Europe. À bord d’un tank Sherman, le sergent Wardaddy et ses quatre hommes s’engagent dans une mission à très haut risque bien au-delà des lignes ennemies. Face à un adversaire dont le nombre et la puissance de feu les dépassent, Wardaddy et son équipage vont devoir tout tenter pour frapper l’Allemagne nazie en plein cœur…

Réalisateur de film d’action tels que « Sabotage » ou encore « End of Watch », dont il avait également signé les scénarios, David Ayer s’attaque maintenant à la deuxième guerre mondiale, mais sous un angle différent. Au lieu de nous exposer pour une énième fois le courage et la valeur des hommes venus des Etats-Unis et d’Angleterre durant le débarquement, le réalisateur s’est intéressé à une face moins souvent exposée au cinéma : le dernier sursaut de l’armée Nazis face aux soldats alliés exténués par des années de combats acharnés pour libérer l’Europe de la menace Allemande.

Sous ce plan, l’auteur trouve matière à mettre en lumière toute l’absurdité d’un conflit, le ravage qu’elle a pu faire sur ces hommes épuisés, loin de leur pays, sur une terre dont ils ne comprennent pas forcément les enjeux. Gonflés d’idéologies et portés par une véritable volonté de porter les couleurs de leurs pays, ces jeunes gens se sont retrouvés prisonniers d’un enfer qui les transforma à jamais. Et c’est à travers le regard de ce jeune homme idéaliste, vierge de toute noirceur psychologique, catholique convaincu et pratiquant, que le scénario va pouvoir dépeindre cette lente, et pourtant brutale, descente aux enfers.
Et même si l’on peut regretter de la part du réalisateur une inévitable scène post-finale de bravoure, avec les violons distordants, force est de constater qu’il utilise avec brio tous les effets et mouvements de caméra pour donner de la puissance à son propos, comme dans la scène de bataille aérienne, magnifiquement orchestrée, et certainement inspirée des mises de John Woo avec les « 3 royaumes ». On y voit des avions s’affronter au loin dans le ciel dans une sorte de ballet titanesque annonçant une empirique bataille. Sur terre, le réalisateur plonge littéralement ses acteurs dans une symphonie de fureur et de feu avec une incroyable virtuosité.

Mais c’est également du côté des acteurs que la surprise est de taille. Car si Brad Pitt (Inglourious Basterds) excelle comme à son habitude, le jeune Logan Lerman est la véritable révélation du film. Le jeune comédien, qui avait déjà montré des signes de nuances dans le « Noé » de Darren Aronofsky, mais là, il impressionne du début à la fin, avec un jeu proche de la perfection, tout en nuance, en blessures, en naïveté d’un idéologue porté par sa jeunesse. Le comédien s’est enfin libéré des mièvreries de jeux de « Percy Jackson » et se révèle comme un grand comédien, capable de faire de grandes choses. Un seul regret tout de même : Shia Labeouf (Transformers), car si le comédien est encore une fois grandiose dans son interprétation, on regrettera simplement que ses frasques personnelles durant le tournage et pendant la promotion du film, aient fait ombrage à son talent.

En conclusion, « Fury » est un film magnifique qui a le bon goût de ne pas parler de la seconde guerre mondiale, comme avait pu le faire d’autres réalisateurs auparavant. Ici on y voit une armée « jusqu’au boutiste » essuyant les défaites face à des soldats jeunes et épuisés par des mois sinon des années de combats. Une fin de conflit qui continue malgré tout à détruire tout ces jeunes broyés par la survie. « Fury » vaut surtout pour l’inventivité de la mise en scène et les qualités de ses acteurs, particulièrement Logan Lerman, véritable révélation du film.