Avec
Gone Girl, son dernier film, David
Fincher signe le meilleur film de l’année 2014. Place à un chef d’œuvre d’une
finesse rare…
L’histoire
Le mariage de Nick et Amy bat de l’aile. Lorsque la jeune femme
disparaît, tous les soupçons se tournent vers Nick, dont la nonchalance étonne…
La critique
Tout est de fil blanc…
Quoi de plus banal qu’un couple qui bat de l’aile ? Un couple dont les
liens se distendent, se desserrent et au sein duquel chacun ne voit plus que le
fantôme de l’autre… ? Une trame bien banale me direz vous. Et
effectivement, c’est le cas pour une histoire d’une grande platitude sur le
papier mais dont David Fincher se saisit pourtant. Sous de faux airs d’
Apparences (Robert Zemeckis),
Gone Girl est une adaptation du
roman
Les Apparences de Gillian
Flynn, par le réalisateur de
Fight Club.
Une adaptation complètement barrée, incroyable, délirante, dans laquelle le
spectateur est maltraité, baladé, martyrisé, fracassé. Tel un affolant
Puppetmaster, David Fincher nous atomise pendant 2h29 pour nous laisser
complètement agonisant sur le trottoir. Oui, maltraité, le spectateur l’est,
tout en lui sera rudoyé… Tout, sauf son intelligence.
Et pourtant…
… pourtant rien n’était gagné. Je suis entré dans mon cinéma habituel de la
place de Clichy en grand vainqueur, en terrain conquis, engoncé dans mes
certitudes du vieux de la vieille à qui on ne la fait pas. Un pitch pareil ?
Un réalisateur qui a du mal à se renouveler depuis
Fight Club ? J’en mange tous les jours. Que d’arrogance… !
C’est pourtant bien dans ces certitudes que je m’installe confortablement
pendant plus d’une heure pendant laquelle tout est cousu de fil blanc. So what ?
Après, c’est le grand ménage, le remue-méninges plutôt, un pied de nez aux
meilleurs retournements et autres twists de ces dernières années mais dans une
telle frénésie, une telle enfilade qu’on ne peut jamais reprendre son souffle.
Gone Girl, c’est comme un infini mille-feuille,
chaque couche regorge de surprises, chaque couche est une nouvelle carte,
une nouvelle étape vers une nouvelle découverte, vers des sensations qui vous
font un instant vous dresser les cheveux sur la tête, la seconde d’après
pleurer, ensuite rire, puis hurler. Du grand, du vrai, du Cinema quoi ! La
présence du directeur Jeff Cronenweth à la photographie à qui on doit
Fight
Club notamment n’est surement pas étrangère à l’atmosphère mystérieuse (et
parfois morbide) qui plane dans le film.
… pourtant je ne supporte pas Rosamund Pike que j’ai découverte avec
Jack Reacher. Transparente au possible,
cette belle blonde transcende pourtant complètement son personnage, qu’elle
habite à merveille. C’est pareillement le cas pour Ben Affleck, à qui on peut
reprocher parfois un léger manque de charisme.
On ne peut finalement et objectivement rien reprocher à
Gone Girl, qui est un grand film comme on aimerait en voir plus
souvent. Dirigé d’une main de fer et de maître par un David Fincher au sommet
de son art, qui joue avec le spectateur encore mieux que ne l’avait fait un
Bryan Singer avec
Usual Suspects.
Dérangeant, démoniaque, séduisant et dément,
Gone Girl est une splendide leçon de cinéma à ne rater sous aucun prétexte.
Verdict : 9/10
Rien à rajouter, la note parle d’elle-même !