Gone girl
Gone girl
Sortie:
08/10/2014
Pays:
USA
Genre:
Durée:
2h30 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Gone girl

Verdict: Très Bon

par: Sebastien Keromen

Peu de cinéastes sont assez considérés pour que chacun de leurs films soient considérés comme un événement. David Fincher est de ceux-là. Et Gone girl est de ces films-événements.

Gone girl

Titre original : Gone girl
USA, 2014
Réalisateur
 : David Fincher
Acteurs : Ben Affleck, Rosamund Pike, Neil Patrick Harris, Tyler Perry
Musique de : Trent Reznor & Atticus Ross
Adapté du roman de Gillian Flynn
Durée : 2h30

L’histoire
Lorsqu’il rentre chez lui, Nick Dunne constate que sa femme a disparu et qu’il y a des traces de luttes. La police intervient, et le suspecte rapidement d’avoir tué sa femme. Mais est-il coupable ?



La critique

Même s’il s’agit d’un film de David Fincher, rien ne prédestinait Gone girl à devenir le phénomène de la rentrée. Acteurs peu connus ou peu considérés, sujet un peu aride et a priori vu et revu, bien malin qui pouvait prédire ce succès. Et pourtant, le film mérite le détour. Il est, à mon avis, loin d’être parfait, mais nous gratifie de suffisamment de plein de choses pour ne pas être venu pour rien. D’un peu trop de plein de choses, d’ailleurs, il me semble, mais on va y revenir. Pour commencer, Gone girl est un film de David Fincher, David Fincher fait des films qui ont la classe, et donc Gone girl a la classe. Tous les plans sont léchés et en mettent plein les yeux, de façon parfois même un peu trop voyante, ce qui nous distrait. La musique, à nouveau signée par Trent Reznor et Atticus Ross, est assez étrange, et participe bien à l’ambiance inquiétante et parfois crasseuse que le film met en place. Juste, parfois, elle intègre des sons dont on ne sait plus s’ils sont dans la musique ou si ce sont des bruitages du film, pas sûr que ça soit voulu. Le montage est également irréprochable, le rythme ne mollit pas malgré une histoire plutôt lente. Enfin bref, on n’est pas surpris, avec Fincher c’est toujours du beau boulot.



Et en plus d’une jolie enveloppe, il a mis plein de trucs dans son film. Plein plein de trucs. Trop de trucs, d’ailleurs. Car le film se perd un peu dans tout ça, et bâcle un peu quelques aspects. Notamment la partie rebondissements et enquête du scénario. Car le film veut jouer au petit malin avec une histoire qui espère nous réserver des rebondissements incroyables, que malheureusement on a vu venir de loin, si ce n’est même depuis la bande-annonce. Et pour que tout cela fonctionne, l’histoire est délicatement ciselée pour permettre ces fausses pistes… sauf qu’on a vite l’impression que le scénario ne se tient pas vraiment. Si tout ce qui est raconté est cohérent, c’est ce qui manque qui cloche, car on a l’impression que pour un indice dans le sens voulu par le film, il en laisse de côté 5 qui l’auraient contredit. Ainsi, à chaque fois qu’un personnage semble vouloir aller dans une direction qui aurait sans doute montré l’incohérence du scénario, il est interrompu sans finesse par un autre. On finit avec l’impression d’un tour de magie où on n’aurait vu que ce que le prestidigitateur voulait qu’on voie, mais qu’il aurait suffi d’en voir plus pour que le tour soit éventé (comme ce tour où le magicien devine que la carte qu’on tire est l’as de carreau, et où si on regarde le jeu de cartes, on voit qu’il n’y a que des as de carreau !). Voilà, une partie un peu bancale et qui nous distrait du vrai intérêt de ce film : la psychologie.



Car ce qui est vraiment intéressant dans ce film, et plutôt réussi (quoique pas assez creusé du fait du temps passé sur la partie enquête), ce sont les relations entre les personnages. Plus que les héros eux-mêmes, dont le caractère n’est pas très bien défini ni intéressant, ce sont les rouages de leurs réflexions et de leurs interactions qui charpentent le film et nous entraînent dans une vision assez vertigineuse de leurs relations, de leurs tromperies, de leurs tours. À la fois réflexion sur le paraître (appuyé par une satyre – malheureusement peu subtile – de la couverture médiatique de ces événements), sur le but réel de la vie de chacun, sur les aspirations et les sacrifices qu’on peut faire pour les atteindre, le film est vraiment riche et complexe sur ce plan-là. Si seulement il avait limité un peu les extravagances de son histoire (qui tourne parfois au ridicule à force d’accumulation), et s’était recentré sur ses personnages, tous magnifiquement interprétés, surtout pour celui de Rosamund Pike. En l’état, le film est à voir car il propose tant de choses, et est bien fait, mais il manque le statut d’incontournable à n’avoir pas su rester raisonnable dans ses sujets.

À voir : pour sa qualité, sa richesse, et les bonnes choses qu’il a à offrir
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, il passe à moitié à côté de sa cible, mais par excès de générosité

Sébastien Keromen