Film brûlant et
actualité brûlante.
L’histoire
Tombouctou est une petite ville tombée aux mains des extrémistes
religieux. Kidane vit à en dehors de la ville avec sa femme et sa fille. Chacun
à sa manière tente de continuer à vivre sous le régime de terreur des
djihadistes…
La critique
Régime de terreur…
Timbuktu est un film particulier.
A la fois conventionnel (dépeindre une réalité évidente) et risqué (dépeindre
des clichés et évoquer les extrémistes religieux), il lance le pari de sensibiliser
le monde sur un fléau plus que jamais à l’ordre du jour : le djihad. On en
parle beaucoup du djihad… Toujours plus actuel depuis les évènements du 11
septembre 2001, ce radicalisme religieux se répand de plus en plus. Jusqu’à
devenir une image presque banale du quotidien, évidente, jour après jour.
Malgré ces évidences imparables, Abderrahmane Sissako décide pourtant de se
saisir du sujet, pour tenter de démontrer que justement ces exactions n’ont rien
de banal, que justement, elles sont le quotidien de toute une population du
monde et que justement, à l’image des photographies que l’on peut voir
régulièrement à la fin des journaux télévisés, on ne doit pas les oublier.
Tragédies de la vie quotidienne…
Kidane vit à proximité de Tombouctou avec sa femme et sa fille et un petit
berger qui les aide. Conscient de l’occupation qui sévit tout près de lui, il
continue à vivre. Malgré les venues régulières de certains djihadistes, il fait
en sorte que la vie continue. Comme les habitants de Tombouctou, qui continuent
aussi à vivre, malgré les humiliations permanentes envers les femmes, malgré
l’interdiction d’écouter de la musique, malgré l’interdiction de jouer au
football. Les djihadistes, maîtres du sophisme, maintiennent une occupation
ahurie, stérile et illégitime, avec une relative convenance, voire cordialité.
Malheureusement, lorsque certaines limites sont franchies, les masques tombent,
l’horreur surgit : les coups de fouet pleuvent, les lapidations apparaissent,
les mariages forcés surviennent, les jugements deviennent arbitraires et sans
pitié. A l’image de leur occupation, ces djihadistes mettent alors en scène une
forme de ballet terrible abominable dont Abderrahmane Sissako capte la moindre
minute, la moindre seconde, le moindre répit. Dans sa mise en scène implacable
qui finalement ne dépeint que des scènes complètement prévisibles de la vie de
ces pauvres gens vivant dans la terreur, Abderrahmane Sissako ne laisse rien
passer même si les poncifs s’accumulent sans coup férir.
Malgré ces tragédies quotidiennes, on est capté par quelques scènes
complètement en dehors du temps, décalées, lunaires, planantes, qui donnent à
Timbuktu toute son essence. Une essence qui se teinte
d’espoir et de rêve, comme si la lumière de Tombouctou pouvait peut-être
revenir grâce à quelques miracles liés au courage des Hommes. Ces minutes
d’espoir se voient finalement complètement anéanties dans les minutes finales,
d’une horreur et d’une absurdité sans nom. Tout cela pour… quoi ?
Verdict : 8/10
Timbuktu est un excellent film qui, s’il enfonce des forces
ouvertes, a le mérite de dépeindre avec justesse et en quelques photos, le
quotidien infernal d’une multitude d’individus de par le monde.