Timbuktu
Timbuktu
Sortie:
10/12/2014
Pays:
France - M
Genre:
Durée:
1h37 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Timbuktu

Verdict: Excellent

par: Arnaud Weil-Lancry



Film brûlant et actualité brûlante.

L’histoire
Tombouctou est une petite ville tombée aux mains des extrémistes religieux. Kidane vit à en dehors de la ville avec sa femme et sa fille. Chacun à sa manière tente de continuer à vivre sous le régime de terreur des djihadistes…

La critique

Régime de terreur…
Timbuktu est un film particulier. A la fois conventionnel (dépeindre une réalité évidente) et risqué (dépeindre des clichés et évoquer les extrémistes religieux), il lance le pari de sensibiliser le monde sur un fléau plus que jamais à l’ordre du jour : le djihad. On en parle beaucoup du djihad… Toujours plus actuel depuis les évènements du 11 septembre 2001, ce radicalisme religieux se répand de plus en plus. Jusqu’à devenir une image presque banale du quotidien, évidente, jour après jour. Malgré ces évidences imparables, Abderrahmane Sissako décide pourtant de se saisir du sujet, pour tenter de démontrer que justement ces exactions n’ont rien de banal, que justement, elles sont le quotidien de toute une population du monde et que justement, à l’image des photographies que l’on peut voir régulièrement à la fin des journaux télévisés, on ne doit pas les oublier.



Tragédies de la vie quotidienne…
Kidane vit à proximité de Tombouctou avec sa femme et sa fille et un petit berger qui les aide. Conscient de l’occupation qui sévit tout près de lui, il continue à vivre. Malgré les venues régulières de certains djihadistes, il fait en sorte que la vie continue. Comme les habitants de Tombouctou, qui continuent aussi à vivre, malgré les humiliations permanentes envers les femmes, malgré l’interdiction d’écouter de la musique, malgré l’interdiction de jouer au football. Les djihadistes, maîtres du sophisme, maintiennent une occupation ahurie, stérile et illégitime, avec une relative convenance, voire cordialité.
Malheureusement, lorsque certaines limites sont franchies, les masques tombent, l’horreur surgit : les coups de fouet pleuvent, les lapidations apparaissent, les mariages forcés surviennent, les jugements deviennent arbitraires et sans pitié. A l’image de leur occupation, ces djihadistes mettent alors en scène une forme de ballet terrible abominable dont Abderrahmane Sissako capte la moindre minute, la moindre seconde, le moindre répit. Dans sa mise en scène implacable qui finalement ne dépeint que des scènes complètement prévisibles de la vie de ces pauvres gens vivant dans la terreur, Abderrahmane Sissako ne laisse rien passer même si les poncifs s’accumulent sans coup férir.

Malgré ces tragédies quotidiennes, on est capté par quelques scènes complètement en dehors du temps, décalées, lunaires, planantes, qui donnent à Timbuktu toute son essence. Une essence qui se teinte d’espoir et de rêve, comme si la lumière de Tombouctou pouvait peut-être revenir grâce à quelques miracles liés au courage des Hommes. Ces minutes d’espoir se voient finalement complètement anéanties dans les minutes finales, d’une horreur et d’une absurdité sans nom. Tout cela pour… quoi ?

Verdict : 8/10
Timbuktu est un excellent film qui, s’il enfonce des forces ouvertes, a le mérite de dépeindre avec justesse et en quelques photos, le quotidien infernal d’une multitude d’individus de par le monde.