La Famille Bélier
Sortie:
17/12/2014
Pays:
France
Genre:
Durée:
105 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

La Famille Bélier

Verdict: Excellent

par: Emmanuel Galais

Dans la famille Bélier, tout le monde est sourd sauf Paula, 16 ans. Elle est une interprète indispensable à ses parents au quotidien, notamment pour l’exploitation de la ferme familiale. Un jour, poussée par son professeur de musique qui lui a découvert un don pour le chant, elle décide de préparer le concours de Radio France. Un choix de vie qui signifierait pour elle l’éloignement de sa famille et un passage inévitable à l’âge adulte.

On parle souvent de « Feel Good Movie » lorsqu'un film vous fait sortir le sourire aux lèvres et un sentiment incroyable d'avoir passé un moment unique qui pourrait éventuellement vous pousser à un faire un câlin au premier inconnu qui passe. « La Famille Bélier », ce n'est pas tout à fait ça ! C'est un long métrage qui donne surtout envie serrer sa fille ou son fils dans les bras, surtout si elle (ou il) approche les 18 ans et commence déjà à montrer des signes d'indépendance manifeste.

Car au-delà d’un nouveau film sur le handicap (les membres de la famille de la jeune héroïne sont sourds), c’est avant tout un scénario efficace et intelligemment écrit qui nous parle de ce moment que tous les parents un protecteurs redoutent : Celui où l’enfant va quitter le nid, où le père et la mère vont se retrouver seuls à table, avec l’absence pesante de cet être qui est parti vivre sa vie. Alors certain y voit une nouvelle vie qui commence, d’autres un avenir inconnu qui ne porte pas son nom, mais qui laisse supposer l’arrivée de la vieillesse.

Alors évidemment, la famille Bélier, ce n’est pas seulement, c’est aussi des parents handicapés par une surdité qui voient dans le départ de leur fille, un désastre, celui du handicap qui reprend son horrible place et revient pour les isoler à nouveau, puisque leur fille (seule entendante de la famille) leur permettait de vivre une vie tout à fait normale. Mais seulement, à force de se reposer sur elle, ils ont fini par en oublier l’essentielle : Un enfant c’est aussi un adulte en devenir.

Et avec des succès tels que « Prête-moi ta main », « L’homme qui voulait vivre sa vie » ou encore « Les Infidèles », Eric Lartigau n’en n’est pas à son coup d’essai, mais là il place la barre très haut du film simple ! La mise en scène est certes d’une simplicité exemplaire, mettant en valeur la qualité des environnements, avec un petit côté « franchouillard » qui amène une touche de vintage (plutôt bienvenu, dans un monde contrôlé par la technologie), mais elle a le mérite de se mettre au service de l’histoire, pour mieux faire parler ses personnages, leur donner du volume et ne pas les noyer dans des effets de caméra qui alourdiraient le propos, plus qu’ils le serviraient.

Et bien sûr la réussite tient dans la qualité d’interprétation de Karin Viard (Vénus Beauté) et François Damiens (L’anarcoeur) qui forme un couple à la fois tendre et décalé, qui pousse le spectateur à ne pas assister à une prestation, mais à pénétrer le cercle intime d’une famille peu ordinaire qui refuse de se laisser enfermer dans son handicap. Les deux comédiens se sont donné à 200 % dans leur rôle et cela se voit à l’écran. N’oublions pas bien sûr Eric Elmosnino (Gainsbourg : La vie Héroïque) impeccable comme toujours et surtout les deux jeunes comédiens : Louane Emera dans son premier rôle qui rayonne à l’écran et dont la fraicheur vient compenser les quelques faussetés dues au manque d’expérience, et Ilian Bergala, dans un rôle plus en retrait, mais dont on commence à sentir un talent qui ne demande qu’à rayonner.