Avec
Dheepan, Jacques Audiard déchiquète le
modèle français d’intégration.
Autopsie d’une chronique.
L’histoire
Une femme, un homme, et une petite fille, rescapés du Sri Lanka,
trouvent refuge en France. Ils s’installent dans une cité sensible de Paris.
La critique
Vive la France...
Jacques Audiard collectionne les récompenses à Cannes. Après
Un Prophète en 2009 (Grand Prix à
Cannes), le revoici à l’affiche avec
Dheepan,
chronique de vie qui retrace le périple de trois réfugiés Sri Lankais. Ces
derniers s’installent dans une cité sensible de Paris. Une cité à la fois terrible
et solidaire, mais d’un genre de celles qu’on retrouve dans les journaux pour
leurs faits divers sordides. Le scénario, particulièrement juste, est co-écrit
par Noé Debré, qu’on a déjà pu croiser dans
la
Crème de la Crème (scénario). Le jeune scénariste n’en est pas à son coup d’essai
avec Jacques Audiard puisqu’il avait participé à l’écriture du
Phophète (non crédité au générique) il y
a 6 ans. Le ton est juste, tranchant, et la direction des acteurs, sans faille.
Une réussite.
On l’aime ou on la quitte (la France)
?
Dheepan, Yalini et Illayaal sont des
personnages forts, vibrants, et authentiques. Leurs interprètes sont surtout
non professionnels. C’est ce qui fait la très grande force de
Dheepan. Quoi de mieux pour dépeindre un
modèle d’intégration français raté et complètement dépassé depuis plus de
trente ans… ? De l’authentique, du réel, presque du vécu. Un vécu qui se
heurte aux discours politiques, un vécu qui vient vous mettre un uppercut, un
vécu qu’on chercherait à fuir à tout prix. Mais il reste malgré tout l’espoir,
la force de vie et l’amour qui unit ces trois malheureux pèlerins. Ces derniers
vont serrer les dents et s’accrocher pour s’en sortir au milieu d’une société,
qui certes, leur tend les bras, mais pour mieux les balancer dans la fosse aux
lions. Des lions menés par Vincent Rottiers, incroyable de maîtrise et de
froideur, qui incarne sans difficulté ce pourquoi en partir à tout prix. Cette
intégration est menée d’une main de maître par Jacques Audiard qui parvient
sans peine à accoucher d’un très beau film à mi-chemin entre drame social,
documentaire et film d’histoire. Le résultat est attachant, touchant, choquant…
et brutal.
Verdict : 7,5/10
Une critique au vitriol du modèle d’intégration à la
française, servie par un trio d’acteurs épatant.