007 Spectre
Spectre
Sortie:
11/11/2015
Pays:
UK, USA
Genre:
Durée:
2h30 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

007 Spectre

Verdict: Très Bon

par: Sebastien Keromen

Bond reste toujours Bond, et un film de Bond reste toujours un événement. Surtout après le succès de Skyfall. Alors, avec enfin l’arrivée du Spectre, que vaut le film ?

007 Spectre
Titre original : Spectre
UK, USA, 2015
Réalisateur
 : Sam Mendes
Acteurs : Daniel Craig, Christoph Waltz, Léa Seydoux, Ben Wishaw, Ralph Fiennes, Monica Bellucci
Musique de : Thomas Newman
Durée : 2h30

L’histoire
Une enquête conduit Bond sur la piste d’une mystérieuse et dangereuse organisation, avec laquelle il a plus de lien qu’il ne le croit…



La critique

(oui, le titre c’est « 007 Spectre », avec tous les chiffres, alors qu’en anglais c’est juste « Spectre ». Encore un mystère vertigineux des traductions VF)
Le nouveau Bond de l’ère moderne est arrivé. Après un Casino Royale bien accueilli mais qui ne m’avait pas du tout convaincu, après un Quantum of Solace mal accueilli mais qui ne m’avait pas trop convaincu, après un Skyfall acclamé et qui m’avait plutôt convaincu, voici un Spectre (je vous laisse le « 007 ») dont on ne sait pas encore quel souvenir il laissera, mais qui m’a plutôt convaincu également. C’est sûr, Spectre n’est pas tout à fait au niveau de Skyfall, mais se défend plutôt bien. Ou plutôt, est tout à fait appréciable dans les détails, mais devient beaucoup moins intéressant si on prend du recul. On va donc faire une critique avec un grand zoom arrière au milieu…



Dans son déroulement, le nouveau Bond se laisse bien regarder. L’univers Bond est à peu près revenu en place (musique d’ouverture, la mire avec Bond qui nous tire dessus, le Martini, Moneypenny…), et d’ailleurs Spectre est le film avec Daniel Craig qui a le score de jamesbonditude le plus haut à mon échelle personnelle (66% contre seulement 57% pour Skyfall). Ça reste assez sérieux, comme dans la lignée des précédents, avec peu d’humour, des gadgets plutôt sobres, mais le ton y est de plus en plus. Les acteurs vont plutôt pas mal, d’un Daniel Craig bien dans son rôle et auquel on est habitué, à Ralph Fiennes en M et Ben Wishaw en Q qui prennent de l’épaisseur. J’avais des craintes sur Léa Seydoux, mais finalement, à part un léger surjeu, elle incarne une James Bond girl pas potiche et séduisante, avec un personnage assez fort. Je ne parlerai pas de Monica Bellucci dont je ne sais comment elle a accepté ce rôle de 3 minutes aussi accessoire que peu valorisant. Et je reparlerai plus loin de Christoph Waltz, a priori excellent choix pour Blofeld, mais qui est, je pense, plombé par l’écriture du personnage. Côté musique, c’est un peu envahissant mais pas trop mal. Côté générique, c’est un peu bizarre (le logo de Spectre, comme ça s’appelle Spectre, vous pensez pas que c’est un fantôme plutôt qu’une pieuvre ?) mais travaillé dans la lignée des génériques de James Bond. Côté détail du film, ce sont surtout les scènes d’action qui coincent (pas de bol), surtout les scènes de bagarres, car filmées de beaucoup trop près pour qu’on arrive à suivre correctement l’action. Mais comme on va le voir après, il n’y en a pas tant que ça, donc ça gêne moins.
Grand zoom arrière. Whhhhoooosshhhhh.



Le problème de ce Bond, finalement, ce sont les enjeux. Ça manque d’une machination, ça manque d’un plan diabolique. Il y a bien une espèce de plan de vague domination de on-ne-sait-trop-qui, mais c’est très plat. Il y a bien des trahisons, mais on les voit venir plus d’une heure à l’avance. Et le problème, c’est aussi la motivation de Blofeld. Car cette motivation va finalement être juste personnelle, et si on y réfléchit ça ne permet pas de justifier tout ce qu’il fait, l’organisation, tout le toutim. Ça rend juste anecdotique une menace qui aurait dû être plus effrayante. Le film essaie de plus de boucler la boucle en référençant sans cesse les films précédents, les femmes de la vie de Bond, les méchants qu’il a tués, mais tout cela fait artificiel, on n’a pas du tout l’impression que c’était prévu dès le début. Et avec cette machination si limitée qu’elle ne devient menaçante que dans la dernière demi-heure, avec ce méchant si invisible qu’on le voit à peine avant la dernière demi-heure ou heure (d’ailleurs, faut qu’on m’explique : Bond le croise, se sauve, et passe ensuite le reste du film à le retrouver. C’était pas plus simple de pas se sauver ?), tout le début du film n’est qu’une sorte de jeu de piste pour retrouver on ne sait pas quoi, quelques tunnels de dialogues avec peu d’action, et donc on s’en fout un peu.
Bon, je noircis sans doute un peu le trait. Le film est loin d’être ennuyeux, il est même assez distrayant, assez dépaysant du fait de ses voyages, les poursuites sont mieux faites que les bagarres, on passe quand même un plutôt bon moment. Mais aussi on ne se passionne pas une seconde pour l’affrontement entre Bond et Blofeld, ça manque de rebondissement ou de surprise, ça manque d’un grain de folie (à part une machine de torture assez flippante et originale), ça manque de personnalité. Et pour un Bond, c’est péché.

À voir : pour un Bond honnête mais un peu terne
Le score presque objectif : 7/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, quand même, c’est Bond

Sébastien Keromen