Au Coeur de l'Océan
In the Heart of the Sea
Sortie:
09/12/2015
Pays:
USA
Genre:
Durée:
123 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Au Coeur de l'Océan

Verdict: Moyen

par: Emmanuel Galais

Hiver 1820. Le baleinier Essex quitte la Nouvelle-Angleterre et met le cap sur le Pacifique. Il est alors attaqué par une baleine gigantesque qui provoque le naufrage de l'embarcation. À bord, le capitaine George Pollard, inexpérimenté, et son second plus aguerri, Owen Chase, tentent de maîtriser la situation. Mais face aux éléments déchaînés et à la faim, les hommes se laissent gagner par la panique et le désespoir…

Inspiré de faits réels, notamment ceux qui ont inspiré Hermann Melville pour rédiger son roman « Moby Dick », « Au cœur de l’océan » le nouveau film de Ron Howard (Un homme d’exception) laisse un goût un peu amer en bouche. La faute, peut-être, à un studio qui a préféré vendre le film comme un grand film d’action revisitant le mythe de « Moby Dick », ou alors celle d’un réalisateur qui n’ose plus prendre de risque et s’enfonce petit à petit dans une sorte de conformisme qui rend son œuvre un peu fade. 

De la même manière que Ridley Scott le fit avec son adaptation de « Robin des Bois », dans lequel il tentait d’expliquer comment le personnage est devenu le mythe, il y a dans «Au cœur de l’océan» un sentiment de frustration difficile à admettre. Car si la mise en scène de Ron Howard se révèle ingénieuse et inventive pour finir redoutablement efficace dans certains cas durant la première partie du film, notamment lors des attaques du cachalot, la deuxième partie se révèle rapidement ennuyeuse par manque de rythme et d’audace. Et c’est bien là que le spectateur se sent dépité, car toute la première partie du film, même si elle peut paraître un peu classique dans sa mise en place, laisse passer de grands moments de mise en scène et de bravoure, par exemple, lorsque le capitaine Chase grimpe au mat pour y trancher une corde qui empêche une voile de se déployer, ou encore les attaques saisissantes du cachalot, dont la mise en scène est absolument renversante, même si la 3D se révèle un trop discrète pour être réellement convaincante.

La deuxième partie se concentre sur l’errance des marins sur un océan immense, à lutter pour leur survie et obligés de faire des choix contre nature pour aller en ce sens. Mais là, le réalisateur semble se laisser hypnotiser par le mouvement des vagues et en oublie la notion de rythme qui rend ce type de film passionnant comme « Seul au monde » de Zemeckis ou encore «Seul sur Mars » de Ridley Scott (encore lui !). Dans « Au cœur de l’océan » la deuxième partie souffre de longueurs parfois pesantes et d’une ultime confrontation avec le cachalot qui semble sortie d’un tiroir aux bonnes intentions complètement hors sujet et très éloigné du propos tenu par les personnages durant tout le film.

Pourtant, la distribution n’a pas ménagé ses efforts et le réalisateur ayant exigé d’eux qu’ils perdent 15 à 20 Kg pour mieux être en accord avec l’action du film, ils se révèlent tous particulièrement convaincants, à commencer par Chris Hemsworth (Thor) évidemment, la star du film, compose un personnage tout en nuance entre arrogance, avidité et charisme évident. L’acteur passe ensuite dans la seconde partie à la souffrance de son personnage et invente un personnage émouvant, presque déchirant. En face de lui Tom Holland (Captain america : Civil War), malgré son jeune âge et un rôle un peu ingrat du jeune mousse un peu fragile, sort d’un classicisme tentant, pour donner dans la tendresse et l’émotion notamment dans les regards qu’ils échangent avec le capitaine, que son personnage semble prendre pour un père de substitution.

Pour conclure, « Au cœur de l’Océan » de Ron Howard est un film qui laissait espérer de grandes choses, mais le réalisateur semble n’avoir pas réussit à trancher sur la direction qu’il souhaitait donner à son film. Du coup, la première partie du film se révèle très réussit et nous plonge dans des scènes d’une inventivité rare qui montre tout le potentiel du réalisateur, mais la seconde partie s’éffondre soudainement dans une mise en scène lente, presque léthargique, à l’image de ce que vivent les personnages. Les longueurs s’accumulent et les mauvais choix aussi, comme celui de l’ultime rencontre entre le cachalot et son chasseur.