Le Voyage d’Arlo
The Good dinosaur
Sortie:
25/11/2015
Pays:
USA
Genre:
Durée:
1h35 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Le Voyage d’Arlo

Verdict: Moyen

par: Sebastien Keromen



Pixar n’est plus le studio qui alignait les films réussis sans faillir. Même si Vice-versa est venu redorer leur blason, voici un film qui a été initié avant Vice-versa, et qui touche le fond de la mare.

Le Voyage d’Arlo
Titre original : The Good dinosaur
USA, 2015
Réalisateur
 : Peter Sohn
Voix : Frances McDormand, Jeffrey Wright, Steve Zahn, Sam Elliott, Anna Paquin (en VO), Olivia Bonamy, Éric Cantona (en VF)
Durée : 1h35

L’histoire
Arlo est un jeune dinosaure qui, contrairement à ses frères et sœurs, a peur de tout. Pour pouvoir apposer son empreinte sur la maison familiale, il va devoir vaincre sa peur.


La critique

Le voilà donc, ce Pixar maudit, qui a été repoussé d’un an et demi du fait de problèmes de qualité, d’histoire, et autres. Et qui s’est ramassé au box-office comme jamais un Pixar ne s’était ramassé. Tout ça pour quoi ? Déjà, tout ça pour un film avec le titre Français le moins attirant de la galaxie. D’un autre côté, le titre anglais (The Good dinosaur), moins moche, ne semble pas tout à fait adapté au film, on voit pas trop ce que ce dino a de particulièrement bon. Peut-être c’était plus adapté avec les premières versions du scénario. Parlons tout de suite de ce qui est réussi dans le film : les décors. La vache, on n’a jamais vu des forêts et rivières et montagnes aussi photo-réalistes (bien au-delà des décors déjà très réussis de Rebelle). On passe la moitié du film à se demander si ce sont vraiment des images de synthèse. C’est tout simplement époustouflant. Mais c’est aussi la seule chose réussie du film. Passons rapidement sur les personnages, dont le design est plutôt dessin animé, pas super réussi à mon goût mais ça n’engage que moi, et dont l’animation est bonne sans plus. Rien de particulier là-dessus. Et passons au bât qui blesse jusqu’au sang.



Un développement allongé pour des problèmes de scénario donne rarement une histoire réussie. Mais, par la Grande Galaxie, comment peut-on foirer à ce point-là une histoire (et surtout chez Pixar) ? Déjà, c’est simple, toute l’histoire est repompée sur d’autres films, une bonne louche de Roi lion, un peu de Némo, et puis un film de cow-boys. Oui, dit comme ça, ça fait bizarre. Mais ce n’est pas seulement parce que c’est dit comme ça. Le film est complètement bancal d’un bout à l’autre. Commençons par le pitch de départ, qu’on voit dans la bande-annonce (et au début du film) : la météorite rate la Terre et les dinosaures survivent. Eh bien cela ne sert à RIEN. D’un côté, une famille de sauropodes (apatosaures ou brachiosaures ? c’est pas très net) qui a appris à cultiver la terre, pourquoi pas, et à utiliser des outils, pourquoi pas. Sauf que comment ces outils ont-ils été fabriqués ? Notamment un filet ! De l’autre côté, cela permet au héros de rencontrer un humain primitif, qui va se comporter comme un chien de compagnie. Sauf que le fait que ça soit un humain ne joue absolument pas sur l’histoire. Ça aurait pu être un lémurien, un lézard ou un koala bleu, ça n’aurait rien changé.



À partir de ce fiasco de pitch, le film va donc piller sans vergogne d’autres films. D’abord, du Roi lion. Arlo est sauvé d’être emporté par une crue de la rivière par son père qui ne s’en sortira pas. Vous mettez des gnous à la place de l’eau, et les images sont exactement les mêmes. Le fiston se retrouve loin de chez lui et finira par y retourner, et croisera des raptors qui font terriblement penser aux hyènes. Il croisera aussi des gentils tyrannosaures qui m’ont horriblement fait penser aux requins du Monde de Némo, et d’ailleurs on retrouve un peu cette ambiance de Némo avec le petit sans défense qui va croiser des tas de personnages loufoques. Sans oublier qu’on a bien 1/4h du film qui devient un pur film de cow-boys où Arlo aide les T-Rex à retrouver leur troupeau volé par des raptors, avant de discuter le soir autour d’un feu de camp. Mais qu’est-ce que les scénaristes avaient pu fumer avant d’écrire ça ?



Et encore, la partie western n’est pas la plus barrée du film, on a droit à un passage de même pas 10 minutes où on s’inquiète vraiment pour la santé mentale de ceux qui ont écrit cela, avec un styracosaure qui plane complètement, puis une scène où Arlo et Spot (son humain) mangent des baies hallucinogènes et font des rêves complètement surréalistes et tordus. Tout ça autour du personnage d’Arlo qui est absolument inintéressant, et qui va juste apprendre qu’il peut être brave, ouf, ça va lui permettre de tamponner sa papatte sur sa maison avec celles de ses frères et sœurs qui ont fait des trucs aussi braves que de creuser un sillon dans la terre avec leur museau. Oui, rien qu’à lire ça paraît con, mais à voir c’est encore pire. Même si le film n’est pas vraiment ennuyeux, et qu’il pourra amuser ceux que ça fait rire de voir un dinosaure se casser la gueule, on reste halluciné par l’indigence majuscule du scénario, l’inconsistance de l’histoire et des personnages, et le n’importe quoi global qui baigne le film. Et il y a quand même un truc qui fait peur : si après 1 an et demi de travail supplémentaire sur le scénario, on obtient ça, à quoi ça ressemblait dans la première version ??

À voir : pour 10 minutes délirantes, et contre un scénario à jeter par la fenêtre
Le score presque objectif : 5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -2, vraiment, qui aurait envie qu’on lui raconte cette histoire ?

Sébastien Keromen