Benghazi (Libye), 11 septembre 2012. Face à des assaillants sur-armés et bien supérieurs en nombre, six hommes ont eu le courage de tenter l’impossible. Leur combat a duré 13 heures. Ceci est une histoire vraie.
Inspiré de faits réels, qui se sont passés un 11 Septembre, mais 2012 cette fois-ci, (la date reste tout de même symbolique), le nouveau film de Michael Bay : « 13 Hours » affiche ses couleurs dès le départ avec une tonalité très patriotique. Comme il nous l’avait déjà fait dans toute sa longue carrière d’ « Armageddon » à « Transformers » en passant par « Pearl Harbor », il arbore la bannière étoilée avec une certaine consistance, qui lui font même prendre des largesses avec les faits réels, au point d‘en oublier certains détails qui pouvaient avoir leur importance. Notamment cette propension à ne cesser de tenir un discours tout au long du film, qui consisterait à affirmer que les américains étaient seuls en Lybie.
Passons ce petit côté certainement chauvin qui gratte, puisque le scénario limite l’ensemble des belligérants au conflit à les « Alliés » et les Américains, et intéressons-nous plutôt au film en général. Le problème c’est justement que le film, qui s’étire sur une durée de 2h24, ne fait pas dans la finesse, et comme à son habitude le réalisateur nous offre le meilleur de la mise en scène, le pire aussi, comme cette image finale où l’on voit le drapeau américain flottant dans une mare à côté d’un obus. Et si dans l’ensemble le réalisateur fait le show, tout en recyclant de vieilles idées comme celle venue tout droit de « Pearl Harbor » où la caméra suit un obus de mortier avant sa chute, il offre aussi de sublimes instants d’inventivité comme la bataille nocturne dans l’abattoir qui sert de couverture.
Mais c’est tout de même le manque de finesse qui reste sur l’estomac ! Car si le scénario est inspiré de faits réels, Chuck Hogan qui avait pourtant signé le très bon scénario de « The Town » de Ben Affleck, adapte l’histoire aux besoins d’un film balourd qui transpire le patriotisme mal intentionné et n’arrive jamais à rendre réellement hommage à ces hommes qui luttèrent pour leur survie, contre toutes les mauvaises décisions de leur état-major et surtout contre des hommes déterminés à détruire la demeure et tous ceux qui y habitent. Surtout le scénario pose en permanence une question dont la réponse sera mal amenée et mal traitée dans un film qui voudrait expliquer la progression de l’Etat Islamique dans une région que l’occident à aider, à tort ou à raison, à déstabiliser. Et c’est certainement ça le plus grand reproche que l’on peut faire à « 13 Hours » ! Le scénario profite de l’occasion pour glorifier le courage des soldats américains, annihile tous les autres éléments du conflit et utilise les faits (la destitution de Kadhafi, le chaos en Lybie) sans y mettre la moindre subtilité nécessaire à une meilleure compréhension de la situation. Le scénariste et le réalisateur signent un film dans la droite lignée de la filmographie de ce dernier, mais les faits sont encore trop douloureux pour l’occident pour qu’ils soient traités avec autant de légèreté.
Côté distribution, tout y est : un casting de seconde zone qui fait le job et en rajoute à foison dans les caricature, jusqu’à ce moment où les soldats essuient des tirs d’artillerie lourde. On y voit la famille, l’honneur et la patrie, les méchants et les gentils, tout le monde y va d’un jeu assez fade et tout ce qu’il y a de plus conventionnel. Rajoutez à cela une musique particulièrement envahissante, signée Lorne Balfe (En route) qui vient nous dicter toute la grandeur de chaque scène et le tour est joué.
On l’aura très vite compris, « 13 Hours » ne vient pas jouer ans la cour des grands. Le réalisateur et son scénariste profitent de l’histoire, assez proche de nous, pour nous servir une soupe patriotique qui fera certainement plaisir aux partisans de Donald Trump, mais choquera les autres. Même sa mise en scène recycle de vieilles idées déjà utilisées, et sa distribution fait le job mais ne parvient pas à faire mieux.