Doctor Strange suit l'histoire du Docteur Stephen Strange, talentueux neurochirurgien qui, après un tragique accident de voiture, doit mettre son égo de côté et apprendre les secrets d'un monde caché de mysticisme et de dimensions alternatives. Basé à New York, dans le quartier de Greenwich Village, Doctor Strange doit jouer les intermédiaires entre le monde réel et ce qui se trouve au-delà, en utilisant un vaste éventail d'aptitudes métaphysiques et d'artefacts pour protéger le Marvel Cinematic Universe.
On aimerait bien dire que chaque Marvel qui se succède ne se ressemble pas, mais en fait si ! La structure est la même : Il y a un homme plus ou moins ordinaire, qui par le bien d’un accident va se retrouver en possession d’un pouvoir hors du commun et se retrouver à lutter pour sauver l’humanité. Le squelette répond aux mêmes exigences de mise en scène : Du super héros, de vrais vilains et des combats à destruction massive. Pourtant si l’hydromel est semblable aux autres, sa recette diffère légèrement et cela fait parfois toute la différence.
Et avec Docteur Strange, nous sommes typiquement dans ce cas précis ! Un Marvel de facture assez classique, qui suit un cahier des charges des plus communs avec les autres, mais qui s’offre le luxe de bonnes surprises qui le rendent immédiatement captivant. A commencer par une mise en scène spectaculaire qui en met plan les mirettes dès la scène d’ouverture. Le réalisateur s’amuse des perspectives, inverse les codes de vision, utilise la 3D pour mieux désorienter le spectateur et pose ainsi les pierres d’une aventure dont l’esthétique se différencie radicalement de ce que nous avait proposé Marvel auparavant. Ou du moins ces derniers temps ! Car si certaines idées rappellent les combats de « Thor : Le Monde des Ténèbres », d’autres vont plutôt flirter ailleurs, dans les dernières acquisitions Disney.
Impossible de ne pas remarquer dans les déplacements des vilains et dans les combats les influences de « Star Wars», dernière période Lucas (pas la meilleure donc, si ce n’est dans la chorégraphie des combats). Pour le reste on réinvente les styles, en empruntant par exemple à Christopher Nolan et ses mondes qui se font face et se mélangent dans « Inception ». Plus habitué aux films d’horreur, le réalisateur Scott Derickson (Sinister 2) signe une mise en scène inspirée de toutes ses influences et en tire le meilleur profit, pour donner à son film une texture bien singulière. Tout cela est utilisé avec brio et nous entraine dans une aventure aussi folle que son héros est antipathique.
Car c’est aussi cela l’univers Marvel : transformer des personnages a priori peu enclins à être des monstres de vertus ou de dévouement pour en faire des héros. Et Docteur Strange n’échappe pas à la règle, il est même certainement après Starck, l’un des plus prétentieux et imbu de lui-même. Pour l’incarner, la production a choisi Benedict Cumberbatch (Imitation Game), et grand bien lui en a pris, car le comédien donne à son personnage toute la distance, la froideur et l’ambiguïté qui lui était nécessaire. Face à lui Mads Mikkelsen (Casino Royale) est toujours aussi réjouissant en méchant de service. Sans oublier bien sûr Tilda Swindon (Le Monde de Narnia) toujours sur le fil du rasoir même dans une telle production.
En conclusion, « Docteur Strange » est un Marvel qui répond au cahier des charges de la firme productrice de super héros, mais parvient toutefois à surprendre et à toucher son but par une mise en scène particulièrement spectaculaire et inventive. Plus mystique et psychédélique que les autres héros, on regrettera peut-être une fin un peu trop facile.