J.K. Rowling en a sans doute fini avec Harry Potter, mais pas avec le monde des sorciers. Après avoir été romancière, puis posé les bases de la pièce de théâtre, la voilà maintenant scénariste pour nous emmener côté américain de ce monde magique…
Les Animaux fantastiques Titre original : Fantastic beasts and where to find them
USA, Royaume Uni, 2016
Réalisateur : David Yates
Acteurs : Eddie Redmayne, Katherine Waterston, Dan Fogler, Alison Sudol, Colin Farrell, Ezra Miller, Samantha Norton, Jon Voight, Ron Perlman
Musique de : James Newton Howard
Durée : 2h15
L’histoire Norbert Dragonneau arrive à New York, avec une mystérieuse valise pleine de créatures magiques. Mais c’est n’est qu’un élément des aventures qui vont l’emporter
La critique Quand y en n’a plus, y en a encore ! Même si on est 70 ans avant Harry Potter et donc qu’on ne retrouve pas les mêmes personnages, son univers s’étend encore au cinéma. Et même, on trouve des références à des éléments déjà connus dans les livres, et on évoque même des personnages des livres, Dumbledore et Grindelwald. Ces derniers devraient d’ailleurs être présents dans la suite du film, et Grindelwald être incarné par Johnny Depp. De belles promesses donc, mais tenons-nous en pour le moment à ce premier film de cette nouvelle quintulogie.
Les Animaux fantastiques surprend. Il y a dans ce film quelque chose de très paradoxal sur lequel j’ai du mal à mettre le doigt. Je me laisserais bien aller à le qualifier de « blockbuster humble », de « film d’action tranquille », « de grand ‘film mineur’ »… Il contient tous les moyens d’un gros film d’action, des effets spéciaux en pagaille, le lien avec une des plus grandes sagas littéraires et cinématographiques, une reconstitution historique soignée, de la magie et des grosses scènes d’action. Mais il contient également des éléments plus généralement rencontrés dans des petits films indépendants : pas de superstar, des thèmes assez sérieux et adultes, un ton très calme et un peu nonchalant la plupart du temps, beaucoup de personnages et d’histoires qui s’entremêlent, et une fin pas tout à fait comme on l’imaginait. Mais calme ne veut pas dire mou, et tant le scénario que les effets spéciaux sont très fluides et virtuoses. À l’image de son héros, le film parle peu, pense et intériorise beaucoup, et sait quand profiter de ce qui lui est offert, et quand agir. Le personnage de Dragonneau est sans doute pour beaucoup dans la personnalité de ce film.
Mais surprenant ne veut pas dire décevant, loin de là. Une fois familiarisé avec cet univers, ce rythme et ce ton, on peut profiter de tout ce que le film offre. À commencer par des acteurs très bien choisis et qui font un excellent boulot. Eddie Redmayne, notamment, apporte ce côté un peu enfantin, fasciné et timide à son personnage, et le rend instantanément attachant. On suit finalement l’aventure à travers ses yeux, et cet éclairage donne au film ce rythme calme et posé, ce qui n’exclut pas d’agir quand c’est nécessaire. Les autres acteurs principaux, peu connus, sont également parfaits dans leurs rôles. La réalisation est de toute beauté, un peu sombre, mais avec des éclairs de lumière et de merveilleux, surtout pour certains animaux (si le griffon ne vous donne pas des frissons, je ne sais plus quoi faire pour vous). L’histoire est très réussie, riche et complexe, reprenant l’univers déjà connu mais sans oublier qu’on a changé de continent et d’époque. Pour son premier scénario, J.K. Rowling a fait du bon boulot. Et si on ajoute une musique très envoûtante, on obtient un film bien foutu de partout, à la fois poétique et d’action, assez loin des blockbusters habituels, et ça n’est pas plus mal. Quand on met les moyens pour nous présenter des histoires inhabituelles et magiques, il faut en profiter !
À voir : pour l’ambiance et le rythme qui rendent ce film assez unique et réjouissant
Le score presque objectif : 8/10
Mon conseil perso : une bonne tranche onirique et dépaysante, profitez-en !
Sébastien Keromen
