Jackie
Jackie
Sortie:
01/02/2017
Pays:
USA France
Genre:
Durée:
100 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Jackie

Verdict: Excellent

par: Emmanuel Galais

22 Novembre 1963 : John F. Kennedy, 35ème président des États-Unis, vient d’être assassiné à Dallas. Confrontée à la violence de son deuil, sa veuve, Jacqueline Bouvier Kennedy, First Lady admirée pour son élégance et sa culture, tente d’en surmonter le traumatisme, décidée à mettre en lumière l’héritage politique du président et à célébrer l’homme qu’il fut.

À la Maison-Blanche de 1961 à 1963, il y a eu John Fitzgerald Kennedy jeune président qui marqua l'histoire notamment pour avoir géré la catastrophique opération de la baie des cochons et également les prémices de la guerre du Vietnam avant d’être assassiné le 22 novembre 1963. Un président adulé autant que détesté, qui fascinait la population américaine de l'époque mais irritait également l’intelligentsia de l'époque, comme les services secrets, par exemple ou le parti républicain qui voyait en lui un danger pour les acquis de l'Amérique et quelqu'un de beaucoup trop réformateurs pour rester en place. Il y avait également à côté de lui : Jacqueline Bouvier que l'on connaît plus sous le nom de Jackie Kennedy, une femme que l'on pourrait très aisément appeler la potiche de la Maison-Blanche du moins à ses débuts, une femme que l'on montra du doigt pour des dépenses  que beaucoup jugeaient dispendieuses jusqu'à un reportage diffusé sur les chaînes américaines et suivi par des millions d'Américains qui la montra forte, déterminée et qui lui permit surtout de justifier toutes ses dépenses en rénovant et en mettant en valeur cette fameuse maison blanche si chère au peuple américain. À ce moment-là Jackie Kennedy est devenu une femme de goût une femme d’Etat, une première dame reconnue et appréciée.  Au lendemain du 22 novembre 1963 Jackie Kennedy devint une Icone de l’Amérique, le symbole d’une blessure.

Il était donc juste qu'un jour les cinémas américain et français s'intéressent également à ce personnage hors norme, qui se releva d’un drame dont elle ne fut pas épargnée que ce soit dans l'horreur de l'assassinat de son mari que dans le cynisme de la gestion de la crise faite par les hommes de la Maison-Blanche. Pablo Larrain (No) signe film tout en nuance, qui parvient avec beaucoup d'intelligence à mettre en lumière toute cette ambiguïté qui fit le personnage de Jackie. On y découvre tour à tour une femme fascinante, à la fois par ce côté un peu potiche, un peu maladroite face à la télévision américaine devant laquelle elle doit justifier des dépenses, montrer à quel point elle a su donner une autre image de la Maison-Blanche, et puis il y a en même temps cette femme forte, déterminée qui sait imposer ses choix, qui sait s'imposer en tant que femme, qui sait accepter les dérives de son mari et surtout qui sait à un moment donné, s’opposer au cynisme des hommes pour pouvoir donner à son mari les funérailles auxquelles il a le droit. Noah Oppenheim À qui l’on doit notamment les scénarios du « Labyrinthe » ou de « Divergente 2 »,  signe un scénario qui a l'intelligence de ne pas aller dans l'exceptionnel ni dans le people, mais d’aller, au contraire, chercher la nature même du personnage de cette femme qui doit, dans le même temps, faire le deuil de son mari et accepter sa position aussi particulière au sein d'une société patriarcale. Ce scénario d'ailleurs faisait partie de la fameuse Blacklist qui regroupe tous les scénarios qui n'ont pas encore trouvé de réalisateur mais qui sont absolument à mettre en images à Hollywood, Darren Aronofski (Requiem for e Dream) s'était d'ailleurs intéressé à ce scénario, mais avait trouvé plus judicieux de le confier au réalisateur Chilien après avoir vu ses précédents films. Grand bien lui en a pris puisque le réalisateur en livre une œuvre magnifique, certes un peu sombre, mais qui a le mérite de pouvoir mettre en lumière toute cette partie dont on ne parle que très peu le deuil de Jackie Kennedy et l'arrivée au pouvoir de Lyndon Johnson dont la femme, de manière assez peu courtoise, impose très vite  marque, et fit comprendre qu'elle était devenue la première dame.

Si le reste de la distribution manque peut-être de crédibilité physique, il est évident que le film repose intégralement à la fois sur le mimétisme mais également sur le talent de comédienne de Nathalie Portman (Léon). En effet, l'actrice incarne Jackie Kennedy avec une telle ferveur qu'il est difficile de faire la différence entre la véritable et celle incarnée par la comédienne. Rarement dans une biographie on a vu une actrice comprendre à ce point son personnage mais surtout l'instant présent dans lequel elle évolue. Car nous n'oublions pas que le film s'intéressent particulièrement à ce dur travail de deuil et tout le cynisme de de la situation auxquelles Jackie Kennedy dû faire face. Ce que l'on dit rarement c'est que la première dame qui accepta tous les errements de son mari, en était follement amoureuse et lorsque ce dernier fut assassiné elle dut affronter l'horreur de l'instant lorsque son mari la tête à moitié arrachée gisait sur ses genoux, puis la pression des hommes de la Maison-Blanche qui l'empêche involontairement ou non, de faire son deuil d'une certaine manière et son besoin même de contrôler ses funérailles tout en poussant la jeune femme a quitter rapidement la maison blanche sans lui laisser le temps de comprendre et d'accepter ce qui venait d'arriver. Nathalie Portmann parvient avec beaucoup de finesse à composer son personnage tout en le comprenant et en lui donnant toutes les nuances qui la rendait si fascinantes.

En conclusion, dans la course aux Oscars il est évident que « Jackie » devrais trouver sa place si ce n'est pour le meilleur film dans tous les cas pour la meilleure actrice.  Nathalie Portman porte son personnage avec une aisance, une intelligence et une maîtrise que l'on voit rarement que l'on voit rarement chez une actrice. La mise en scène est brillante et le scénario d'une rare intelligence, il a su capter toute l'ambiguïté, toute la nuance où le sombre de ce drame qui marqua L'Amérique des années 60.