L’histoire d’un fils
qui perd sa mère, a-t-on envie d’en voir un film… ?
L’histoire
Nassim, jeune lycéen d’un quartier chic de Paris, perd sa mère et se
retrouve en foyer social. Ne souhaitant pas divulguer sa nouvelle vie à ses
camarades de classe, il fait tout pour que ces deux mondes ne se croisent
jamais.
La critique
Un Film Français…
En étant d’une infinie mauvaise foi, on pourrait d’office se dire qu’on est
en terrain connu : un film français typique, un scénario qui verse dans le
drame psychosocial avec une certaine facilité, des acteurs francs, honnêtes,
bons et engagés. On obtient donc… Un film franco français, c’est certain, mais
surtout un film uppercut qui aborde avec une très belle pudeur un deuil qu’aucun
enfant ne devrait jamais vivre : la mort de la mère.
Un rôle inversé…
Ce qui frappe très vite dans ce film et dès les premières images, c’est la
maturité du personnage de Nassim, incroyable Khaled Alouach. Il ne faut que
quelques instants pour être immergé dans l’enfer quotidien de ce lycéen qui
doit subvenir aux besoins de sa mère et veiller sur elle. Quel est donc ce
quotidien que vivent déjà un certain nombre d’enfants : celui d’un rôle inversé
parents enfant, ce vécu injuste où très jeune, l’enfant devient parent et doit
être ainsi le tuteur de son propre père ou mère ... ?
Ce vécu traumatisant, bien des français et même d’autres enfants de par le
monde le vivent déjà… Et c’est bien là où le film de Chad Chenouga surprend :
le mélange des thématiques, incroyablement nombreuses sans que jamais une seule
d’entre elles ne soit négligée ou bafouée : de l’enfant-parent à la perte
de la mère jusqu’aux premiers émois de la vie sexuelle en passant par les
premiers vécus de l’adolescence et la tentation de passer du mauvais côté… Ce dernier côté incarné par un foyer détesté
mais qui concentre autant de personnalités que de combats. Car oui, les thèmes sont
nombreux et on demeure en permanence surpris par la capacité du réalisateur
français à tout faire tenir en à peine une heure quarante.
La frontière et l’acceptation…
Si le scénario de
De toutes mes
forces s’octroie le luxe d’arpenter moults sujets, on ne peut pas oublier
que la mort de la mère demeure le moteur de ce bouleversant long métrage.
Nassim, après un second abandon (celui de son oncle et de sa tante) fera de son
mieux pour éviter que le monde honni du foyer (où survit vraiment toute la misère
du monde) ne croise jamais celui de son école, mais on se doute bien que cela
sera impossible à maintenir indéfiniment. Ce moment constitue donc un élément
clé du film car il ne fait pas que faire croiser ses univers, il met Nassim
face à son deuil, face à la perte de l’être le plus important de sa vie. Et à
ce moment précis, il ne pourra plus reculer, il devra vivre son deuil et
affronter la mort/l’abandon de celle qui était supposée rester à ses côtés
jusqu’à la fin. Une autre fin. Et ce moment arrivera-t-il… ? Et que se passera-t-il ?
Ce moment ne doit pas être abordé ici car ce film mérite que vous alliez le
voir. Pourquoi ? Au-delà de sa richesse et ses incroyables performances d’acteurs,
peut-être pour prouver à Nassim que sa mère… malgré tout ce qu’elle lui a fait
et en particulier en le quittant… valait la peine d’être aimée.
Verdict : 8/10
Un magnifique drame français porté par un Khaled Alouach et une Yolande
Moreau effrayants d’authenticité.